Gaspard Dugué, baron de Bagnols, à Richelieu, Roanne, 18 juillet 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 268-269. Original publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 335-336.

Monseigneur,

Ayant reçu commandement de Sa Majesté de me rendre près Monseigneur le maréchal de La Force pour y servir en qualité d’intendant des finances, vivres et munitions en son armée, à même instant, après avoir pourvu à la voiture que j’ai envoyée en Italie, suivant l’ordre qui m’en a été donné par Monseigneur le maréchal d’Effiat, je me suis rendu en ce lieu, où, après avoir amplement conféré avec mon dit seigneur le maréchal de La Force de ce qui est nécessaire pour la subsistance de l’armée, nous avons dressé le mémoire qui envoie [sic] à M. de La Vrillière, sur lequel il est très nécessaire, Monseigneur, de faire pourvoir promptement, et faire savoir sur icelui votre volonté.

Cependant, je seconderai les bonnes intentions de mon dit seigneur le maréchal, et en une occasion si importante que celle qui se présente, je n’épargnerai mon bien ni ma vie pour y servir Sa Majesté avec fidélité, en attendant que M. de Machault se rende en ce lieu, où étant, je vous supplierai, Monseigneur, de trouver bon que je me retire à Lyon, où je servirai autant et plus utilement qu’à la suite de l’armée. C’est, Monseigneur, ce que vous m’avez accordé ci-devant, et dont je vous suis obligé. Vous ne me le dénierez, s’il vous plaît, ainsi que je vous en supplie. 

M. d’Angeron [Charles Andrault, vicomte de Langeron] vous informera plus particulièrement de ce qui se passe de par deçà, et de l’état des troupes de cette armée. Et comme, en même temps de son arrivée, j’ai fait voiturer en ce lieu poudres, plomb et mèches, avec tout l’argent que j ’ai pu recouvrer sur la place de Lyon, pour m’être employé aux dépenses les plus pressées, et ne permettre que l’armée demeure en nécessité, attendant la voiture que mon dit seigneur le maréchal d’Effiat a fait espérer à mon dit seigneur le maréchal de La Force, vous assurant, Monseigneur, qu’à cause des troubles et cessation de négoce, j’ai eu grand peine à trouver une partie de soixante mille livres que j’ai fait porter avec moi, ainsi que vous pourra plus particulièrement dire le dit sieur Angeron, qui a vu ce qui s’est passé, et qui sera fidèle témoin de la diligence de laquelle j’ai usé à exécuter les commandements de Sa Majesté. À quoi je ne manquerai jamais, et à vous servir, et obéir comme je suis tenu et obligé, en qualité de, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et fidèle serviteur, 

du Gué

Camp de Roanne, ce XVIII juillet 1632.

---

---