Le premier président au parlement de Paris, Nicolas Lejay, à Richelieu, 10 janvier 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 813, f° 27-28. Original autographe. 

Monseigneur,

Je vous fais souvenir dans vos grandes affaires de la chambre de l’Arsenal. Pour la suppression, je vous ai dit les raisons dans lesquelles vous pouvez prendre votre résolution certaine. Si je trouvais du doute, je ne vous aurais donné la parole de garantie. Je suis obligé de vous continuer mes prières sur ce sujet pour éviter un reproche que m’est fait à la Grand-Chambre [sic].

Reconnaissant tous par mes actions comme je vous suis, ils m’accusent dans leurs cœurs et dans leurs visages d’un mauvais soin et peu d’affection pour ce qui touche à l’honneur de la chambre du Parlement. Cela qui est dans Paris leur pesa au cœur et crains qu’aux occasions, cela ne fasse une mauvaise conséquence et un préjudice caché aux affaires, du moins que l’on ne trouvera des facilités dans leurs esprits comme l’on a fait avec quelque conduite depuis le voyage de Metz. Aucuns m’ont dit [sic] que l’intérêt de Monsieur Fouquet, que vous affectionnez, arrêtait en quelque chose cette affaire. Je ne l’ai vu que deux ou trois fois, je le tiens homme d’honneur et méritant un meilleur emploi et plus honorable.

Je suis aussi obligé de vous faire entendre une petite cabale de Monsieur Tudert, à présent conseiller de la Grand-Chambre, se ressouvenant du voyage de Metz avec Monsieur le garde des sceaux [Pierre Séguier] pour le chapitre de Notre-Dame avec les <gouverneurs> de l’Hôtel-Dieu, duquel je suis le chef et le premier à cause de ma charge, et cela pour entreprendre sur la juridiction de la Grand-Chambre et outre pour autoriser leur dessein se servent du nom de Monsieur le cardinal de Lyon [Alphonse du Plessis de Richelieu], à cause de sa charge de Grand Aumônier, sous le nom duquel son grand vicaire [Michel Le Masle, prieur des Roches] a fait représenté [sic] requête au Grand Conseil par l’avis, ainsi que l’on dit de Monsieur Desroches qui se dit son intendant, et au préjudice de la parole qu’il m’avait donnée. Tout cela par chicanerie et faire un conflit entre le Parlement et le Grand Conseil et pour en rendre Monsieur le garde des sceaux juge, qui est oncle d’un sieur Tudert, doyen du chapitre, et Monsieur Desroches, bon ami de Monsieur le garde des sceaux¹.

Vous savez, Monseigneur, comme j’ai difficulté et vous ai parlé des plaintes que faisait le Parlement contre les entreprises du Conseil, que Monsieur le garde des sceaux souffrait, et auxquelles mêmes il consentait, par la trop grande facilité qu’il donne en sa maison à tous ceux qui l’approchent. Considérez aussi que le Parlement ayant abaissé et renfermé la juridiction et le pouvoir entier qu’il avait sur les plus hautes affaires à la juridiction contentieuse suivant la volonté du Roi et ce que vous lui avez ordonné, il est raisonnable de lui conserver. Le respect que je dois rendre à Monsieur votre frère, encore que l’on emprunte son nom sans apparence et pour travailler en procédures l’Hôtel-Dieu de Paris, me fait vous supplier d’avoir agréable notre juste défense les pauvres contre la cabale des gens mentionnés dans ma lettre et s’il y a quelque chose de trop prompt dans mes discours, excusez ma juste colère, ne pouvant souffrir des tricheries en toutes choses, vous assurant que je suis, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Lejay

<Ce> X janvier 1635.

1. La formulation de Nicolas Lejay crée ici une certaine confusion puisque Nicolas Tudert, conseiller en la Grand-Chambre du parlement de Paris, est l’oncle de Pierre Séguier. Par ailleurs, exercent également des charges de conseillers au parlement de Paris, aux Enquêtes, le frère aîné de Nicolas Tudert, Claude III Tudert, et son neveu, fils de Claude III, Claude IV Tudert. [↩]

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