Jean du Caylar de Saint-Bonnet (1585-1636), marquis de Toiras, est le fils d’Aymar Bermond du Caylar de Saint-Bonnet, gouverneur de Clermont et Lodève, et de Françoise de Claret de Saint-Félix. Il est très tôt promis à la carrière des armes et devient page du vicomte de Montpeyroux, lieutenant du Roi en Normandie, à l’âge de 10 ans. En 1599, il passe au service du prince de Condé, en tant que page, puis écuyer, et l’accompagne en Flandre en 1609. La même année, Louis XIII fait de Toiras son « capitaine des lévriers », puis, en 1616, son « capitaine du vol des oiseaux pour les champs »¹.

En 1617, il est gentilhomme de la Maison du Roi et accède aux fonctions de lieutenant de vénerie. Capitaine aux gardes en juillet 1620, à la suite du commandeur de Fromiguières, démissionnaire, il participe au siège de Caen et à la bataille des Ponts-de-Cé. En 1621, il sert le Roi au siège de Saint-Jean-d’Angély et est blessé à Montauban. Il obtient le gouvernement d’Amboise en 1622, et sert au siège de Montpellier.

Mestre de camp au régiment de Champagne (13 septembre 1624), il obtient la même année la charge de gouverneur du Fort-Louis, non loin de La Rochelle, en 1624. Il se démet alors de sa compagnie aux gardes en faveur de ses frères. Maréchal de camp (13 avril 1625), il s’oppose à Soubise puis se distingue sur l’île de Ré, dont il devient le gouverneur en décembre.

« Vice-amiral de la mer »², il est nommé, en 1626, gouverneur-lieutenant-général du pays d’Aunis, de La Rochelle, du fort de la Prée et de l’île d’Oléron à la suite du maréchal Charles de Choiseul-Praslin, décédé. L’année suivante, il défend victorieusement la citadelle de Saint-Martin-de-Ré contre une flotte anglaise conduite par le duc de Buckingham, obligé de lever le siège de l’île en novembre. En 1628, il sert, en qualité de maréchal de camp, au siège de La Rochelle.

Il est envoyé à Casal, dont il devient le gouverneur, en 1629, après avoir contribué de manière décisive à l’attaque du Pas-de-Suze, sous l’autorité du maréchal de Créqui et du maréchal de Bassompierre. Au cours de l’année 1630, il renforce les défenses de la citadelle de Casal, qui résiste au siège mené par une coalition ennemie emmenée par Ambroise Spinola. Les dispositions prises par Toiras permettent la restitution de la place au duc de Mantoue en octobre. En récompense des services rendus, il est promu maréchal de France le 15 ou le 19 décembre 1630. Nommé commandant de l’armée royale en Italie, il contribue cependant à la conclusion d’accords de paix signés à Cherasco avec l’Espagne et le Saint Empire. Il est employé auprès du duc de Savoie à partir de 1632, et passe alors peu à peu à son service.

À cette époque, le maréchal de Toiras fait part de sa désapprobation concernant le soutien qu’apportent deux de ses frères, Claude, évêque de Nîmes, et Jacques, seigneur de Restinclières, à la prise d’armes du duc d’Orléans et du duc de Montmorency contre le Roi. Richelieu le félicite d’ailleurs de sa loyauté le 9 août 1632³. Il obtient aussi, à la suite du décès du maréchal d’Effiat, le gouvernement de l’Auvergne, par lettres de provision données à Toulouse le 30 octobre 1632.

Mais vers la fin du mois de mars 1633 la situation a évolué puisque le cardinal écrit au contraire : « L’amitié que j’ai pour vous [Toiras] m’oblige à vous prier de n’exécuter pas les mauvaises résolutions auxquelles vous semblez vous abandonner […]. Vous estes si sage et si soumis à la volonté du Roy, que ne puis me persuader que vous prétendiez composer avec Sa Majesté. Au nom de Dieu, soyez un peu plus circonspect […] »⁴. Louis XIII prévoyait alors de le distinguer dans l’ordre du Saint-Esprit, il n’est finalement pas reçu. En novembre 1633, malgré sa loyauté, le gouvernement de Casal, celui d’Auvergne et le régiment de Champagne lui sont retirés.

En 1636, à la demande de Victor-Amédée de Savoie, il est nommé lieutenant-général du duc, avec l’accord du Roi. Il trouve la mort au cours du siège de Fontanette, en Milanais, le 14 juin de la même année.

Voir Jean-Baptiste Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français depuis le XI^ème siècle jusqu’en 1820, Paris, chez l’auteur et Arthus Bertrand libraire, 1820-1823, 9 volumes, tome second, p. 147-152.

Textes 26, 374, 425, 508, 581, 688, 748, 936, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français depuis le XI^ème siècle jusqu’en 1820, Paris, chez l’auteur et Arthus Bertrand libraire, 1820-1823, 9 volumes, tome second, p. 147. [↩]
2. Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique et biographique des généraux français depuis le XI^ème siècle jusqu’en 1820, ouvrage cité, tome second, p. 148. [↩]
3. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 341. [↩]
4. Dans P. Henri Griffet, Histoire de Louis XIII, Paris, 1758, t. II, p. 424 ; Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, t. IV, p. 446. [↩]