L’Aubespine (François de, marquis de Hauterive)

François de L’Aubespine (v.1584-1670)1, marquis de Hauterive, comte de Sagonne, est le quatrième fils de Guillaume de L’Aubespine (1547-1629), baron de Châteauneuf, et de Marie de La Châtre (v. 1550-1626). 

Il est aussi le frère puîné  de Claude IV de L’Aubespine (1574-1619), baron de Châteauneuf ; de Gabriel de L’Aubespine (1579-1630), évêque d’Orléans ; de Charles IV de L’Aubespine, marquis de Châteauneuf (1580-1653), garde des sceaux en remplacement de Michel de Marillac en 1630 ; de Madeleine de L’Aubespine, qui épouse Jean Olivier, baron de Leuville ; de Gabrielle de L’Aubespine, abbesse de Royallieu ; de Marie de L’Aubespine, abbesse de Saint-Laurent de Bourges ; d’Élisabeth de L’Aubespine, qui épouse André de Cochefilet, comte de Vaucelas.

Le marquis de Hauterive embrasse très jeune la carrière des armes et, dès 1610, prend part au siège de Juliers en qualité d’officier au régiment de Béthune2.

Colonel d’un régiment d’infanterie, il achemine ses troupes en Hollande au printemps 1617, et apporte son concours à Maurice de Nassau, prince d’Orange, sous l’autorité de Jean-Antoine de Saint-Simon, marquis de Courtomer, lieutenant général de l’infanterie française en Hollande3.

Il représente Louis XIII auprès des états généraux des Provinces-Unies en 1629-1630. Sa mission militaire se double d’une mission diplomatique officieuse : il s’agit pour lui de prêter son concours à Nicolas de Bar, seigneur de Baugy, afin de s’opposer à toute trêve, ou paix, entre les Provinces-Unies et l’Espagne, et inciter Frédéric-Henri de Nassau, prince d’Orange, à prendre les armes contre Philippe IV, moyennant le versement d’un million de livres4. En mars 1631, Louis XIII se déclare satisfait des négociations engagées et de la médiation du marquis de Hauterive5.

À la fin août 1632, le marquis de Hauterive est à nouveau dépêché par Louis XIII en Hollande, mais, en l’absence de prise d’armes espérée par la France, le marquis de Hauterive est chargé d’annoncer aux États généraux des Provinces-Unies et, en passant par Saint-Quentin, à François de Carondelet, que le roi de France renonce à l’aide militaire qu’il envisageait de fournir à son allié flamand6.

Au moment de l’arrestation et de l’emprisonnement de son frère Charles (février 1633), il ne fait d’abord l’objet, en compagnie de son épouse, enceinte, que d’une assignation à résidence, d’abord à Leuville, où la marquise de Hauterive est autorisée à accoucher7, puis à Ruffec, propriété de la marquise de Hauterive. Le marquis de Hauterive prend la fuite et trouve refuge en Hollande, sous la protection du prince d’Orange8. L’enquête diligentée par Richelieu à propos des agissements du marquis de Châteauneuf ne tarde pas à révéler la collusion des deux frères9. Au cours de l’été 1633, Louis XIII somme le marquis de Hauterive de regagner la France10.

Par la suite, il est placé à la tête des régiments d’infanterie déployés en Hollande, prend part à la bataille de Lérida (1642) et devient gouverneur de Bréda.  Il est blessé à plusieurs reprises et sert jusqu’en 1648. Il achève sa carrière avec le grade de lieutenant général des armées du Roi. 

Il a épousé, le 17 novembre 1631, Éléonore de Volvire, marquise de Ruffec. Leur premier enfant à naître en février 1633 ne survit sans doute pas : aucune mention n’est faite de lui dans les publications généalogiques.

Du mariage de la marquise de Ruffec et du marquis de Hauterive naissent encore : Charles de L’Aubespine (1636-1716), marquis de Châteauneuf ; Philippe de L’Aubespine († 30 octobre 1686), comte de Sagonne ; Charlotte de L’Aubespine (1640-1725), qui épouse, le 12 octobre 1670, Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon ; Marie-Anne de L’Aubespine (v. 1642-1729), qui épouse, en mai 1671, Louis de Harlay, marquis de Champvallon.

Il décède le 17 mars 1670.

Voir père Anselme de Sainte-Marie et alii, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, tome neuvième, première partie, Paris, Firmin-Didot, 1834-1835, p. 78 [75-76] ; voir aussi père Anselme de Sainte-Marie et alii, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, troisième édition, tome quatrième, Paris, par la Compagnie des libraires associés, 1728, p. 410-411 ; père Anselme de Sainte-Marie et alii, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, troisième édition, tome sixième, Paris, par la Compagnie des libraires associés, 1730, p. 560-561.

Textes 29, 282, 365, 496, 522, 699, 988, 999

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Guy Patin mentionne, à la date du 6 novembre 1669, que le marquis de Hauterive a quatre-vingt-cinq ans. Voir la lettre que le médecin adresse à son confrère lyonnais André Falconnet, dans Loïc Capron (éd.), Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, Paris, Bibliothèque interuniversitaire de Santé, 2018, publication en ligne, consultée le 22 mars 2025. []
  2. Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome I, p. 892. []
  3. Louis XIII à Odet de La Noue, 22 mars 1617, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VII, p. 924. []
  4. « Mémoire sur lequel il faut dresser l’instruction de Monsieur d’Hauterive, Paris, 27 décembre 1630, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, tome VII, p. 655; Albert Waddington, La République des Provinces-Unies, la France et les Pays-Bas espagnols [1630-1642], Paris, G. Masson, 1895, p. 126-127. []
  5. Voir l’analyse de la lettre que Louis XIII adresse à Frédéric-Henri de Nassau, prince d’Orange, le 19 mars 1631, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VII, p. 990. []
  6. Voir l’analyse de la dépêche de Richelieu au marquis de Sourdis, de Nogent, le 20 août 1632, et le « Mémoire touchant la révolte projetée en Flandres », septembre 1632, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, respectivement tome IV, p. 771 et tome VII, p. 682-683. []
  7. Voir l’ordre d’arrestation du marquis de Châteauneuf, 25 février 1633, translation publiée en ligne, texte 988. []
  8. Richelieu écrit à Léon Bouthillier, fin février ou début mars 1633 : « le sieur d’Hauterive s’est enfui ; s’il allait en Hollande, demander [au baron de Charnacé, au prince d’Orange et aux État généraux des Provinces-Unies] qu’il n’y soit pas reçu… », dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VIII, p. 248. []
  9. « On a su que Monsieur de Hauterive a eu des intelligences avec Châteauneuf », Richelieu au baron de Charnacé, 1er avril 1633, dans Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), ouvrage cité, tome VIII, p. 250. []
  10. Louis XIII au marquis de Hauterive, 7 juillet 1633, ouvrage cité, tome VII, p. 1002 et tome VIII, p. 255. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (18 mars 2022). L’Aubespine (François de, marquis de Hauterive). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 22 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpie


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