Henri de Séguiran (1594-1669), comte de Bouc (aujourd’hui Bouc-Bel-Air), est le fils d’Antoine de Séguiran, seigneur de Bouc, premier président de la chambre des comptes d’Aix, et de Marie Gaufridy (ou Gaufridi). Docteur en droit et avocat, il est d’abord capitaine de galère, puis major général au combat naval livré contre les Rochelais en 1622.
Il obtient, en 1625, la survivance de la charge de son père, dont il ne se démet qu’en 1644, au profit de son fils, Raynaud, né de son mariage avec la demi-sœur de l’humaniste et historien Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Suzanne Fabri de Callas.
En octobre 1632, Richelieu fait d’Henri de Séguiran son lieutenant général de l’amirauté de Provence (lieutenant général ès mers du Levant), placé sous son autorité immédiate1.
En 1633, face au danger représenté par la proximité de vaisseaux venus de Bizerte, Richelieu charge Henri de Séguiran d’inspecter les côtes de Provence et de dresser un état de leur puissance navale, militaire et commerciale (Voyage et inspection de M. de Séguiran sur les côtes de Provence, publié par Eugène Sue dans la Correspondance d’Henri d’Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux, Paris, Société d’histoire de France, 1839, 3 volumes, tome III, p. 302). Au cours de la mission qui lui est confiée, Henri de Séguiran passe par Porquerolles, où la forteresse, commandée par M. de Bourlequin, ne dispose que de deux canons de fer, cinq arquebuses et deux mousquets, et à Port-Cros, où le sieur de Vian lui fait visiter les fortifications. Il visite également le fort de Brégançon, qu’il estime en bon état de défense. Henri de Séguiran fait surtout état du manque de navires de défense sur les côtes du Levant, d’un guet de mer totalement désorganisé, et de places fortes insuffisamment fournies en hommes et munitions.
Au cours de son inspection des côtes de Provence, Henri de Séguiran est, en outre, accompagné du mathématicien Jean Maretz, qui fait dresser une carte du trait de côte, publiée la même année sous le titre La Coste maritime de Provence2.
Au cours de l’automne 1634, Richelieu sollicite de lui des précisions concernant l’importance stratégique des îles d’Hyères. Henri de Séguiran rédige un important rapport préconisant leur fortification3.
Alors qu’une armada espagnole commandée par le duc de Ferrandina et par le marquis de Santa-Cruz, avec 22 galères et 7 vaisseaux, s’empare des îles de Lérins le 13 septembre 1635, il rédige en outre un Diaire ou journal contenant tout ce qui a esté fait et géré par le président Séguiran en son voyage de la coste, depuis Saint-Tropez jusques au Martigues. Le document est conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1704.
Henri de Séguiran conserve sa charge de lieutenant général de l’amirauté de Provence jusqu’en 1639, date à laquelle elle est confiée, par Richelieu, à son neveu, Armand de Maillé-Brézé, en même temps que le généralat des galères4.
Henri de Séguiran a de nombreux frères et soeurs dont : Guillaume de Séguiran, coseigneur de Bouc, avocat au parlement de Provence, qui épouse Madeleine de Michaelis ; Gaspard de Séguiran, tué en 1637 lors de la reprise des îles de Lérins par la flotte française5.
- Voir le courrier qu’Henri de Séguiran adresse, en remerciement, à Richelieu, le 8 octobre 1632, lien vers le texte 400. [↩]
- La carte est disponible en ligne, sur la plateforme Gallica, consultée le 21/08/2024. Voir aussi Gilbert Buti, « L’enquête de 1665 sur le littoral provençal : un état des lieux pour l’État royal », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, [En ligne], 126-3, 2019, mis en ligne le 01 janvier 2022, consulté le 20 août 2024. [↩]
- Rapport d’Henri de Séguiran sur la fortification des îles d’Hyères, vers le 24 décembre 1634, dans Marie-Catherine VignalSouleyreau (éd.), Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 2, p. 434-438. [↩]
- Inventaire des archives de la guerre des origines au règne de Louis XIII…, Vincennes, Service historique de la Défense, 2010, p. 91, ouvrage disponible en ligne, consulté le 21/08/2024. [↩]
- Voir Louis Moréri, Supplément au grand dictionnaire historique…, tome troisième, Bâle, chez la veuve Jean Christ, 1745, p. 753. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (27 juin 2022). Séguiran (Henri de, comte de Bouc). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpzs