Mathieu de Morgues (1582-1670), abbé de Saint-Germain, est né au château de Saint-Germain¹. Après quelque temps chez les jésuites d’Avignon, il devient aumônier de Marguerite de Valois (1613-1615). À partir de 1618, il met sa plume au service de Richelieu (Manifeste de la Royne Mère envoyé au Roy ; Véritez chrestiennes au Roy très chrestien). 

Prédicateur de la Reine mère en 1620, il rédige, pour répondre à ceux qui attaquent la politique de Richelieu, l’Advis d’un théologien sans passion (1626). Il défend « les intentions de Sa Majesté et les actions de M. le cardinal » dans un autre mémoire (1630), qui justifie les mesures militaires prises contre le duc de Savoie. Mais ayant rejoint la Reine mère aux Pays-Bas, il entreprend une campagne de pamphlets contre Richelieu, qui dure douze ans. En mai 1631, dans la droite ligne de la journée des Dupes, Mathieu de Morgues a fait paraître La Très humble, très véritable et très importante remontrance au Roi et La Charitable Remontrance de Caton chrétien au cardinal de Richelieu, deux pamphlets particulièrement hostiles à la politique du cardinal. Richelieu charge alors Jean Sirmond d’assurer sa défense. Sous le pseudonyme « des Montagnes », le littérateur publie à son tour La Défense du Roy et de ses ministres contre le Manifeste que sous le nom de Monsieur on fait courre parmi les peuples. Mais l’abbé de Saint-Germain ne se déclare pas vaincu : il persiste dans la voie de l’opposition systématique parLes Vrais et bons advis du François fidèle sur les calomnies et blasphèmes du sieur des Montagnes. Ses libelles sont solennellement condamnés à être brûlés en place de Grève en février 1632, sur décision de la Chambre du Conseil du Châtelet de Paris. Concernant les événements qui se jouent en 1635, « Mathieu de Morgues a dû avoir, il a eu certainement des intelligences et des correspondances en France, mais elles n’ont eu pour but que d’y ménager l’introduction de ses pamphlets »². La plupart de ses textes ont été réunis dans le Recueil des pièces pour la défense de la R.M. (Anvers, 1637, 2 vol. in-f°, et 1643, in-4°). Rentré en France en 1643, il reprend la plume, à l’époque de la Fronde, contre Mazarin. 

Voir Caroline Maillet, Mathieu de Morgues (1582-1670) et Michel de Marillac (1563-1632) : les dévots devant l’histoire, thèse de doctorat de droit, dir. P^r Jean-Pierre Brancourt, soutenue à l’université François Rabelais (Tours), 2004 ; 

Seung-Hwi Lim, La pensée politique des « Bons Catholiques » en France dans la première moitié du XVII^e siècle, thèse de doctorat d’histoire, université de Paris-Sorbonne, soutenue en 1998, dir. P^r Yves Durand ; 

Seung-Hwi Lim, « Mathieu de Morgues, Bon Français ou Bon Catholique ? », XVII^e siècle, oct.-déc. 2001, n° 213, p. 655-672. 

Textes 315, 498, 538, 619, 686, 743, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Auj. commune de Saint-Germain-Laprade, dép. Haute-Loire. [↩]
2. Gustave Fagniez, « Mathieu de Morgues et le procès de Richelieu », Revue des Deux Mondes, 4^ème période, 1900, tome 162, p. 550-586, citation p. 567. [↩]