Pierre de Baudan à Richelieu, Montpellier, 3 février 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 39. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 87-88.

Monseigneur,

La perte des biens est toujours fâcheuse, celle des hommes et des dignités est insupportable, et l’une et l’autre est beaucoup plus grave lorsqu’elle nous arrive, non par infortune ou par notre défaut, mais par la pratique de nos ennemis. L’affaire qui me donne sujet à vous importuner, Monseigneur, est de cette nature, car ayant tâché de servir le Roi aux nouveaux établissements pour le soulagement du peuple, j’ai suscité contre moi tant d’ennemis secrets que, si par votre protection je ne suis soutenu, je me trouve à la veille d’être destitué de mes biens et de ma charge. 

Ceux qui ont vu à contre cœur l’union des deux compagnies, désirant de renverser tout le travail que j’avais fait, ont donné les mains aux demandes de MM. des États, moyennant que la cour des officiers qu’on établit en notre compagnie soit révoquée. Et pour y parvenir, ils avaient proposé à M. de Moricq des moyens qui n’étaient point dans la justice. Mais par sa prudence il les a mis en état d’obéir aux commandements de Sa Majesté, et faisant vérifier quelque traite qui a été fait au cas que la comptabilité n’aie lieu [sic], Sa Majesté augmentera d’une somme de deniers son revenu, et ils auront leur indemnité. Et par ce moyen, Monseigneur, votre très humble serviteur sera maintenu en sa charge et les autres qui ont été créés par mêmes crédits, et MM. de la Religion Prétendue Réformée qui avaient en cet objet de se maintenir les plus forts dans notre compagnie, étant presque égaux en nombre, en seront privés, et la malice qu’ils ont conçue contre moi en aîné de ma conversion n’aura pas d’effet, étant conservé en ma charge, je servirai Sa Majesté sous vous ordres, et continuerai le très humble service que j’ai voué à Votre Grandeur, en qualité, Monseigneur, de votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, 

Baudan

À Montpellier, le III° février XVI^C XXXII.

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