Jean de Lauzon [ou Lauson], seigneur de Liré, est le fils de François de Lauzon, conseiller au parlement de Paris, et d’Isabelle Lotin. Conseiller au Parlement (1613), il est promu maître des requêtes en 1622, puis accède à la charge de président au Grand Conseil. En 1632, il est chargé de l’instruction du procès du sieur de Wailly et intervient également lors de celui du maréchal de Marillac.
Il est intendant de justice et finance en Provence et en Guyenne de 1641 à 1649. Il devient gouverneur de la Nouvelle-France et est désigné, comme conseiller d’État, pour préparer la réforme du Conseil en 1657. Il a épousé, en 1614, Marie Gaudart.
Voir Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, t. 2, p. 702.
Textes 335, 596, 697, 756, 858, 860, 861,
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (17 juillet 2022). Lauzon (Jean de). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 6 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tq1b
Faute de vivres, de poudres et sans renforts en vue, Champlain a dû céder Québec aux Anglais (19 juillet 1629), étant, aussi, en conflit avec les marchands colons et ne disposant pas vraiment de la faveur royale, ni de Richelieu (il a été le lieutenant de Montmorency, puis de Ventadour ; il se rapproche lui-même de plus en plus du mouvement dévot) ; il est aussi en conflit avec les colons huguenots qu’il soupçonne de faire double jeu (« cinquième colonne »), et la Compagnie du Canada, fondée en 1613, dont les associés sont réticents ; Montmorency, vice-roi avait confié le monopole du trafic des fourrures au Rouennais Guillaume de Caën, retirant ce monopole à la Compagnie du Canada (De Caën versa 33 000 livres qui permirent au duc d’acheter la vice-royauté à son détenteur antérieur, le prince de Condé -25 février 1620-). Champlain n’aura aucune confiance en Guillaume de Caën (questions de dettes, notamment, mais prosélytisme protestant, liens avec les marchands londoniens). En octobre 1624, Champlain est à Paris ; il constate les menées de Richelieu contre Montmorency, vice-roi du Canada, qui est amené à céder la vice-royauté à plus docile, Henri de Ventadour. Le 29 avril 1627, est créée la Compagnie de la Nouvelle France (CNF), destinée à remplacer la précédente, c’est une initiative du cardinal qui a obtenu la disparition de l’Amirauté de Montmorency, et qui est devenu grand maître, chef et sur-intendant général de la navigation et du commerce en France. Jean de Lauson est membre de la CNF, placé par le cardinal. Toute l’opération d’éviction de Ventadour est confiée à Jean de Lauson -mais le duc est, semble-t-il victime consentante- . Champlain a tout la confiance de la CNF (contrairement à Guillaume de Caën). Il apparait néanmoins que Québec n’aurait été ravitaillé que par Guillaume de Caën, et l’ambassadeur de France à Londres, le marquis de Châteauneuf, sera persuadé que le chute de Québec incombait à l’incurie de l’intendant Jean de Lauson : « il est vrai que si monsieur de Lauson avait eu autant d’expérience que de zèle et de dévotion, le mal qu’ils y ont reçu ne serait pas arrivé. Mais ce n’est pas son métier. » (Châteauneuf à Richelieu, 26 novembre 1629). Châteauneuf pointe ici le fait que Lauson est un dévot ; il est cousin de Pierre Acarie, mari de la bienheureuse Marie de l’Incarnation. Il côtoie, au Conseil du roi, Pierre de Bérulle et Michel de Marillac, avec lesquels il a des liens étroits. Ainsi, par contre-coup, Guillaume de Caën bénéficiera des retombées de la chasse aux dévots. Devenu Garde des Sceaux Châteauneuf aidera dans les procédures engagées par Guillaume de Caën contre la CNF. Privé de l’appui de Marillac, Jean de Lauson n’est pas en mesure de contrer De Caën qui bénéficie de la bienveillance du cardinal …mais, peu après, en 1632, Jean de Lauson saura regagner la confiance de Richelieu, comme maître des requêtes, charge qui va lui permettre de participer à l’instruction du procès du maréchal de Marillac, frère du Garde des Sceaux ; il contourne aussi les obstacles en s’appuyant sur le père Joseph.
De même, fin 1630, début 1631, Champlain, réformé converti, (et qui connait Marillac, au moins depuis 1617) subira le contre-coup de la défaite du parti dévot (arrêt du paiement de sa pension royale). Lauson et Champlain agissent de concert.
Il me semble qu’à présent, sur la question, l’ouvrage de référence est : Samuel de Champlain, Au secours de l’Amérique française, 1632, édité par Éric Thierry, Éditions du Septentrion, 2011 ; on y trouve une magistrale introduction qui nous éclaire sur les enjeux.
Il semble qu’il s’agisse du même Jean de Lauson/Lauzon qui eut à négocier la mainmise sur les revenus du Canada au profit direct du roi et de Richelieu. Car dans des conditions très obscures, le 29 juin 1627, le vice-roi, successeur d’Henri II de Montmorency, aussi Amiral de France, Henri de Ventadour, vendait cette charge de vice-roi du Canada à Jean de Lauson, tout juste nommé intendant de la Compagnie de la Nouvelle France, et de la Nouvelle-France elle-même (BAC, MC, v.L, étude LI, n°86, « vente par le duc de Ventadour à Jean de Lauson de la charge de vice-roi au Canada », 29 juin 1627). Il s’agit de la vice-royauté et des actions de celle-ci dans la Compagnie de Montmorency devenue caduque. Le paiement à Ventadour se fit sous forme de trois charges officielles, le tout pour 72 000 livres. Richelieu semble officiellement en retrait, mais le lendemain, le 30 juin 1627, M. de Lauson, de Paris, écrit au cardinal de Richelieu : « j’exécutais hier votre commandement, ayant par devers moi, la démission de vice-roi de la Nouvelle France, laquelle je me propose de vous mettre en mains propres. »
M. de Lauson devint l’un des membres de la nouvelle compagnie, la Compagnie de la Nouvelle France et le duc de Richelieu était alors Grand-Maître, Chef et Surintendant Général de la Navigation et Commerce de France, depuis octobre 1626 (les lettres patentes qui créaient cette charge en faveur de Richelieu, supprimait les charges d’amiral et de vice-amiral, mais laissait subsister celle de vice-roi).
Jean de Lauson s’occupa particulièrement des affaires du Canada, outre cette opération de parvenir à démettre le duc de Ventadour de sa charge de vice-roi de la Nouvelle-France, il présidait comme intendant les réunions de la Compagnie de la Nouvelle France. Le 16 avril 1631, il recevait l’ordre de préparer des vaisseaux pour Québec et il est probable que c’est lui qui organisa l’expédition navale menée par Émery de Caen pour reprendre Québec (13 juillet 1632). Il semble avoir été un homme clé, au service de Richelieu, dans les opérations «économiques» en Nouvelle France.
Cher Monsieur,
Merci beaucoup pour cet apport. Il serait sans doute intéressant de connaître les relations entretenues par Jean de Lauzon avec Samuel Champlain.
La notice biographique que Michel Vergé-Franceschi consacre à ce dernier dans son Dictionnaire d’histoire maritime (Paris, 2002, 2 volumes, collection Bouquin, voir au tome 1 p. 326) indique que Québec est prise par les frères Kirke le 19 juillet 1629, “mais qu’ils lui rendirent le 29 mars 1632 au traité de Saint-Germain-en-Laye” i.e. Québec rendue à Samuel Champlain, nommé “lieutenant du roi en toute l’étendue du fleuve Saint-Laurent” en 1633.
Avec mes cordiales salutations,
Marie-Catherine Vignal Souleyreau