Marie (ou Charlotte-Marie ?) de Lévis-Ventadour est la fille d’Anne de Lévis (1569-1622), comte de La Voulte puis duc de Ventadour, et de Marguerite de Montmorency (1572-1660), demi-sœur du duc Henri II. Elle est la sœur de Charles de Lévis (1600-1649), marquis d’Annonay puis duc de Ventadour, après l’entrée dans les ordres de leur frère aîné, Henri de Lévis (1596-1680), fondateur de la Compagnie du Saint-Sacrement, la sœur de François-Christophe de Lévis-Ventadour (1603-1661), comte de Brion, d’Anne de Lévis-Ventadour (1605-1662), nommé archevêque de Bourges en 1649, et de Louis-Hercule de Lévis-Ventadour (1613-1679), nommé évêque de Mirepoix en 1655. Selon François-Alexandre de La Chesnaye-Desbois, elle pourrait être la dernière des huit enfants qui composent la fratrie¹.

Religieuse à Chelles, abbesse d’Avenay en Champagne entre 1608 et 1610 (à la suite de sa tante maternelle Françoise de La Marck), puis abbesse de Saint-Pierre-les-Nonnains, à Lyon, de 1610 à 1632². L. Paris, dans son « Histoire de l’abbaye d’Avenaye… » évoque cependant pour Avenay « Marie-Françoise » de Lévis de Ventadour³, tandis que Denis de Sainte-Marthe mentionne « Carlota-Maria de Levis de Ventadour » pour le monastère de Prouilhe. « Charlotte-Marie » de Lévis de Ventadour est nommée, par le Roi, prieure du monastère dominicain Sainte-Marie de Prouilhe, berceau de l’ordre, en 1623, alors qu’elle disposerait déjà des revenus de l’abbaye Saint-Pierre de Lyon. Tandis que le monastère vit dans le plus profond dénuement, les dominicaines contestent son autorité en 1629 et désignent, par élection, une nouvelle prieure, Élisabeth de Roquetaillade⁴. Les événements qui se déroulent en 1632 sont complexes : Marie de Lévis-Ventadour est remplacée à l’abbaye Saint-Pierre de Lyon par Charlotte de Lorraine-Guise, l’autorité sur l’établissement passant parallèlement à l’archevêque de Lyon, Alphonse de Richelieu.  À l’inverse de ses frères restés à l’état laïc, Marie de Lévis-Ventadour, décide de soutenir son oncle, le duc de Montmorency, entré en dissidence aux côtés du duc d’Orléans et du comte de Moret, Au cours de l’année, la direction du monastère de Prouilhe est confiée temporairement à Delphine de Mortier (ou de Mortié). L’établissement accueille peut-être le comte de Moret, mourant, après qu’il a été blessé à la bataille de Castelnaudary le 1^er septembre. À la suite du choix des religieuses de confier leur direction à Delphine de Mortier, un bras de fer s’engage avec la prieure en titre. Les dominicaines entendent faire valoir leur droit d’élection, tandis que Marie de Lévis réside régulièrement, dans les mois qui suivent, au château de l’évêque de Carcassonne, et semble, en dépit de la tradition familiale, peu préoccupée de discipline et d’ascèse⁵. Renseignés sur la situation de Prouilhe par Jean-Baptiste Carré, Richelieu et Louis XIII envoient sur place Louis Lemaistre-Beljambe et son épouse au cours du premier semestre 1633⁶. Ceux-ci permettent aux dominicaines d’élire une nouvelle prieure, Anne de Villelisses, que ne mentionne pas Denis de Sainte-Marthe. Un bras de fer s’engage alors avec Marie de Lévis-Ventadour, qui conteste la procédure au parlement de Toulouse et obtient gain de cause. La cour dépêche elle-aussi un commissaire, écarté par l’intendant⁷. Le conflit se poursuit en 1634, les archives départementales de l’Aude conservent de nombreux documents à ce sujet, en particulier une bulle d’Urbain VIII prononçant la déchéance de Marie de Lévis-Ventadour et confirmant l’élection d’Anne de Villelisses le 27 mars 1634⁸. Marie de Lévis-Ventadour conteste non seulement la légitimité d’Anne de Villelisses, mais aussi celle de Delphine de Mortier, puis celle de Jeanne-Antoinette d’Albret nommé prieure par le Roi en 1639. Elle décède en 1649 ou 1650.

Textes 335, 336, 337, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Voir François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse… seconde édition, tome VIII, Paris, chez Antoine Boudet, 1774, p. 677. [↩]
2. Voir Denis de Sainte-Marthe, Gallia Christiana…, Parissiis, ex typographia Regia, 1715-1865, 16 volumes, au tome IX, col. 282 et au tome IV col. 288-289, qui évoque « Maria III de Levis de Ventadour ». [↩]
3. L. Paris, « Histoire de l’abbaye d’Avenay, XXXVII^e abbesse, Madame Marie-Françoise de Lévis-Ventadour (de 1608 à 1610) », Travaux de l’Académie nationale de Reims, volume 62, n° 3-4, 1876-1877, disponible sur Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5726200s/f7.item.r=gallia.zoom. [↩]
4. Voir Denis de Sainte-Marthe, Gallia Christiana…, ouvrage cité, au tome XIII, col. 317-318. [↩]
5. Jean-Baptiste Carré à Richelieu, 23 juin 1633, voir ici. [↩]
6. Jean-Baptiste Carré à Richelieu, 30 juin 1633, voir ici. [↩]
7. Ibidem. [↩]
8. Voir chanoine A. Sabarthès et Joseph Poux, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, tome IV, Aude, archives ecclésiastiques, séries G et H additions, Carcassonne, imprimerie de Roudière, 1925, p. 95-97. [↩]