Jean-Louis de Nogaret de La Valette (1554-1642), duc d’Épernon, est le fils de Jean de Nogaret, lieutenant général de Guyenne, et bénéficie d’une ascension fulgurante. Surnommé le « demi-Roi » au moment de l’assassinat d’Henri III, il épouse Marguerite de Foix-Candale. Dès 1580, il est doté du gouvernement de Metz, puis de la charge de colonel général de l’infanterie française (1581). La même année, il est promu au rang de duc et pair. Mais en mai 1588, le Roi l’abandonne à la Ligue : le duc d’Épernon doit prendre la fuite, jusqu’à l’exécution des Guise.

Après la mort du dernier souverain Valois, il refuse de reconnaître Henri IV et tente d’imposer son autorité en Provence, dont il a été gouverneur. En 1595, il se compromet avec l’Espagne. Condamné et vaincu par Henri IV, il n’a plus qu’à négocier son pardon. De caractère emporté et vindicatif, le duc d’Épernon entre en conflit avec Sully et combat même en duel le maréchal d’Ornano. Ses rapports houleux avec les Grands du royaume le retiennent toujours de s’engager trop avant dans les conspirations visant l’autorité royale. Le 14 mai 1610, il se trouve aux côtés d’Henri IV, dans le carrosse où ce dernier a pris place, lorsque Ravaillac assène le coup de poignard mortel. Le gouverneur de Metz est celui qui certifie la volonté du souverain défunt : la régence est dévolue à Marie de Médicis. Durant le gouvernement de la Reine mère, le duc d’Épernon se signale par des prises d’armes illicites et ne manque aucune occasion pour déclencher de stériles querelles de préséances. En février 1619, resté fidèle à Marie de Médicis, il aide celle-ci à fuir la résidence que lui a assignée Louis XIII et n’hésite pas à prendre parti pour la mère contre le fils. Pardonné en 1622, il reçoit le gouvernement de Guyenne, où il se retire. Grâce à la faveur dont bénéficie le cardinal de La Valette auprès de Richelieu, il retrouve une faveur éphémère vers 1630, malgré les conflits qui l’opposent au parlement de Bordeaux. Au cours de l’automne 1632, il accueille Richelieu et Anne d’Autriche en son château de Cadillac à leur retour de Languedoc. Le cardinal, se sentant menacé, préfère se retirer, seul et malade, sur ses terres. En 1633, le duc d’Épernon se prend d’une violente querelle avec l’archevêque de Bordeaux, les incidents entre les deux hommes et leurs entourages respectifs se multiplient. Le mariage du duc de La Valette avec Marie de Cambout de Coislin, parente de Richelieu, n’apaise guère le conflit et le cardinal ne peut laisser de tels actes impunis. Le fautif doit formuler de contraignantes excuses. Impliqué dans de nouveaux complots, il est exilé à Loches en 1641, où il meurt le 13 janvier 1642. De son mariage avec Marguerite de Foix-Candale sont issus trois fils : Henri de Nogaret de La Valette, comte puis duc de Candale ; Bernard de Nogaret, duc de La Valette ; et Louis de Nogaret, cardinal de La Valette. Le duc d’Épernon a également trois enfants naturels : Jean-Louis de La Valette, dit « le chevalier de La Valette », qui embrasse la carrière des armes au service de la république de Venise, et épouse Gabrielle d’Aymar de Monsallier, dont il a un fils, Louis-Félix de La Valette, né en 1634 ou au tout début de l’année 1635 ; une fille morte sans alliance ; et Gabrielle-Éléonore de La Valette, qui épouse Gaspard de Fieubet, premier président au parlement de Toulouse, et décède le 2 décembre 1708.

Voir Nicolas Le Roux, La faveur du Roi : Mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Seyssel, Champ Vallon, 2000, passim.

Voir aussi Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique…, 18^e édition, tome huitième, Amsterdam, chez P. Brunel et alii, Leyde, chez S. Luchtmans et C. Haak, La Haye, chez P. Gosse et alii, Utrecht, chez E. Neaulme, 1740, p. 20 de la lettre V.

Textes 56, 140, 241, 272, 273, 384, 385, 402, 423, 503, 504, 550, 768, 769, 848, 869, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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