Nicolas Bautru à Richelieu, 7 septembre 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 805, f° 52. Original autographe.

Monseigneur,

Je m’étais déjà donné l’honneur de vous écrire, par M. Servien, comme de vos huit barbes, il y en avait cinq qui ne valaient pas grand-chose. Mais, n’ayant point reçu de vos commandements sur ce sujet autre que celui que vous commandez de trouver moyen de se défaire de ces méchants barbes, j’avais cru que le long chemin qu’ils avaient fait les tenait en ce mauvais état, et pour ce je les avais fait mettre avec vos chevaux de carrosse, pour voir s’ils se remettraient, et cependant trouver quelqu’un à qui l’on les peut vendre. M. de Nemours¹ les a vus et les a faits voir à ses amis, qui n’en ont point voulu. Le bon homme Plessis de Juigné témoigna avoir envie du plus petit. M. le commandeur [Amador de La Porte] lui en fit présent de votre part. J’en suis bien aise, d’autant que ce ne pouvait pas être grand-chose. Enfin, lasse de voir les quatre autres manger du foin et de l’avoine sans aucune espérance d’en rien faire de bon, le plus beau étant aveugle, je suis venu dîner avec M. le commandeur, où M. le baron de Pontchâteau s’est trouvé de l’avis, desquels j’ai fait livrer les quatre barbes au commandeur de La Potinière², qui en a offert quatre cents livres, étant assuré qu’il n’y a marchand qui en eut donné davantage d’ici à trois mois, où ils eussent beaucoup plus coûté à nourrir qu’ils ne valent. J’ai reçu lesdits quatre cents livres, lesquels j’emploierai [sic] à ce que vous me ferez l’honneur de me commander, par la première commodité que vous me ferez l’honneur de me mander de vos nouvelles, lesquelles attendant, je demeurerai, Monseigneur, votre très humble, très obéissant, très fidèle et très obligé serviteur,

N. Bautru

<…>, 7 septembre 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. En référence à Henri de Savoie, duc de Nemours, qui décède à cette époque, ou en référence à son fils, Louis de Savoie, qui hérite du titre de duc de Nemours en 1632. [↩]
2. On trouve mention de Jean des Guets – ou Desguets – de La Potinière, commandeur de la commanderie de Sours et d’Arville entre 1634 et 1638, qui succède à la tête de l’établissement hospitalier à Jean François de Vion-Tissancourt, et précède Gilles Bernard de Courménil. Il est à noter qu’on trouve aussi mention de Pierre des Guets de La Potinière, reçu chevalier de l’ordre de Malte en 1610, commandeur de Chanu en 1657. [↩]