Urbain de Maillé (v. 1596-1650), marquis de Brézé, est le fils de Charles de Maillé, seigneur de Brézé, et de Jeanne (ou Jacqueline) de Thévalles Capitaine de chevau-légers en 1617, il épouse, la même année, Nicole du Plessis de Richelieu (v. 1588-1635), sœur du cardinal.
Par lettres de provision données à Tours le 25 septembre 1620, il accède à la charge de capitaine de de la garde du corps de la Reine mère. Il est à noter que le 23 juin 1623, Richelieu fait l’acquisition de la châtellenie de Vaux et du château du Plessis, près du Mans, auprès de Jacqueline de Thévalles. La transaction est réalisée en son nom par Jacques Lemaire, secrétaire ordinaire de Marie de Médicis, par décret passé à cette date devant Claude de Beaumanoir, sénéchal du Maine, sur la vendeuse1.
Par lettres de provision données à Fontainebleau le 28 avril 1626, il est pourvu du gouvernement de Saumur et Pays saumurois, qu’il conserve jusqu’à sa mort.
À la mort de Louis de La Marck, marquis de Mauny, et par lettres de provision données à Paris le 20 septembre 1627, il devient capitaine de la troisième compagnie française des gardes du corps du Roi. Le même jour, il est autorisé à lever un régiment d’infanterie à son nom. Il sert à sa tête durant le siège de La Rochelle, à l’issue duquel ses contingents sont licenciés (novembre 1628).
Il combat en Piémont en 1629 et s’illustre au Pas-de-Suze. Selon M. Pinard, il est encore engagé aux sièges de Privas et d’Alès2.
En 1630, il porte secours aux troupes françaises enfermées à Casal et prend part au combat qui se livre au pont de Carignan (6 août)3.
Il se voit gratifier, le 10 octobre 1630, de la charge de maréchal de camp, immédiatement après, cependant, le marquis de Tavannes, mais il répugne à l’accepter4.
Il est envoyé quelques semaines en Allemagne, en qualité d’ambassadeur extraordinaire auprès du roi de Suède qui s’y trouve alors au début de l’année 1632, afin de seconder son parent par alliance, le baron de Charnacé : ses instructions portent les dates du 5 et du 19 janvier 16325. Il participe ensuite à la campagne du Languedoc, et est promu maréchal de France le 28 octobre en récompense de sa contribution à la victoire du Roi contre les troupes du duc d’Orléans et du duc de Montmorency lors de la bataille de Castelnaudary le 1er septembre, et après la mort du maréchal d’Effiat survenue le 27 juillet. C’est également en cette occasion qu’il serait gratifié, selon M. Pinard6 du gouvernement de Calais : un courrier du duc de Chaulnes, en date du 13 octobre 16327 indique cependant que c’est ce dernier qui en est pourvu, sur la démission du duc de Chevreuse. Au cours de l’automne 1632, Urbain de Maillé-Brézé cède sa charge de capitaine des gardes du corps du Roi au marquis de Villequier.
Puis, en 1633, il cède sa terre de Chavigny à Claude Bouthillier, qui la destine à son fils aîné, renforçant ainsi l’étroitesse des liens entretenus par la famille Bouthillier avec Richelieu. Marie de Bragelongne, épouse du surintendant des finances, se voit également confier pendant plusieurs années l’éducation de ses filles, Jeanne et Claire-Clémence, en raison de la maladie de leur mère.
Chevalier de l’ordre du Saint-Esprit le 14 mai 1633, il rétablit son régiment d’infanterie par commission du 26 septembre 1634.
Le maréchal de Brézé dirige l’armée de Louis XIII en Allemagne en 1634-1635 : par pouvoir du 12 octobre 1634, il prend la tête de l’armée d’Allemagne conjointement avec le maréchal de La Force, tous deux prennent Heidelberg le 23 décembre ; le 21 mars 1635 les deux hommes s’emparent de Spire. Il entretient alors une correspondance suivie avec Claude Bouthillier (conservée au Ministère des Affaires étrangères, coll. Correspondance Politique Allemagne, volume 12). Par pouvoir du 15 avril 1635, c’est le commandement de l’armée française employée en Flandre et en Hollande qui lui est confiée, conjointement avec le maréchal de Châtillon. Tous deux remportent la victoire à Avein le 20 mai. M. Pinard signale qu’il commande seule l’armée de Flandre au mois d’août. Il est chargé d’une brève mission diplomatique en Hollande au cours de l’hiver 1635-1636.
De retour en France, il est cantonné en son gouvernement de Saumur jusqu’en juillet. Par pouvoir en date du 4, il est cependant nommé à la tête de l’armée de Picardie, conjointement avec le duc de Chaulnes et sous l’autorité du comte de Soissons. Puis il est pourvu, par pouvoir en date du 1er août, du commandement de l’armée française en Hollande, conjointement, avec le maréchal de Châtillon, sans faire usage de l’autorité qui lui a été concédée. Il est pourvu du gouvernement d’Anjou et des ville et château d’Angers, sur démission du cardinal de La Valette, par provisions données à Paris le 19 septembre 1636, enregistrés au Parlement le 24 novembre.
Gédéon Tallemant des Réaux attribue à Urbain de Maillé-Brézé, veuf le 30 août 1635, une passion irrépressible pour Madame de Combalet, sa nièce par alliance. Or en 1636 Richelieu conçoit le projet maladroit, et sans suite, d’une union de Madame de Combalet avec le duc d’Orléans. Du moins, la rumeur en circule-t-elle. Le nonce Bolognetti en fait état au mois de juin8. Louis XIII s’offusque que son ministre puisse considérer comme envisageable une mésalliance fondamentale3, mais surtout puisse profiter des déchirements de la famille royale. Richelieu pense aussi marier sa nièce au comte de Soissons, troisième dans l’ordre de succession au trône de France, derrière Monsieur et derrière le prince de Condé. Dans ces circonstances et par dépit d’avoir été écarté, Urbain de Maillé-Brézé, selon Tallemant des Réaux, serait à l’origine de la rumeur, selon laquelle Madame de Combalet serait la mère de Jean Armand et de Jean-Baptiste de Vignerot du Pont-de-Courlay et Richelieu leur père. Dans l’Historiette qu’il consacre à Madame de Combalet, duchesse d’Aiguillon, Tallemant des Réaux déclare : « Il [le maréchal de Brézé] disoit toutes les circonstances de la naissance et de l’éducation de chacun des Richelieux [sic], et qu’ils estoient tous trois [Armand Jean de Vignerot (1629-1715) ; Jean-Baptiste Amador de Vignerot (1632-1662) et Emmanuel Joseph de Vignerot (1639-1665)] à Madame d’Aiguillon, et mesme qu’elle en avoit eu un quatrième »9. Or Claude Bouthillier, dans un courrier en date du 11 juillet 1636, livre un émouvant témoignage de l’intimité de la famille de Richelieu, et de la prise en charge par Madame de Combalet, dès cette date, et comme l’aurait fait une mère, de l’éducation de ses neveux, Jean Armand de Vignerot et Jean-Baptiste de Vignerot, puis d’Emmanuel Joseph de Vignerot10. C’est peut-être en prenant connaissance de ce courrier, qu’Urbain de Maillé-Brézé aurait conçu le projet de rumeur malveillante.
Tallemant des Réaux a également consacré l’une de ses Historiettes au maréchal de Brézé, en même temps qu’au fils de ce dernier et à Mademoiselle de Bussy11. Il rapporte une autre passion du maréchal de Brézé pour Honorée le Bel de Bussy, entre 1637 et 164212.
Durant l’année 1637, le marquis de Maillé-Brézé ne sert pas.
Par pouvoir du 26 avril 1638, il est doté du commandement de l’armée employées à la frontière luxembourgeoise. Mais refusant de partager ses prérogatives avec les maréchaux de La Force et de Châtillon, il se retire sur ses terres en Anjou, sans prendre congé ni du Roi, ni de Richelieu.
Un nouveau pouvoir, du 26 avril 1641, lui octroie le commandement de l’armée du Roussillon, sous les ordres du prince de Condé. Puis un pouvoir du 1er juillet lui confie celui de l’armée de Champagne, avec le maréchal de Châtillon, auquel il ne se joint qu’après la bataille de La Marfée, près de Sedan (6 juillet 1641). Selon M. Pinard, par pouvoir du 1er août, il passe à la tête de l’armée de Picardie, conjointement avec le marquis de La Meilleraye, et s’empare de la ville de Lens dans le but de mettre en difficulté les Espagnols engagés à Aire-sur-la-Lys : la chronologie des deux sièges d’Aire-sur-la-Lys en 1641 indique cependant que les événements militaires le concernant restent à vérifier par les sources. Selon M. Pinard, les marquis de Brézé et de La Meilleraye s’emparent de Bapaume le 18 septembre. Créé vice-roi de Catalogne par provisions du 17 octobre, le marquis de Brézé gagne alors le Roussillon puis la Catalogne où il passe l’hiver. Le 20 décembre, des affrontements incertains l’opposent aux Espagnols près de Collioure. Début 1642, il bat des contingents espagnols de 1500 fantassins et de 250 chevaux près de Perpignan puis repousse les attaques du marquis de Torracusa. Il reprend la place de Sainte-Marie près de Perpignan mais se démet de la vice-royauté de Catalogne en juin 1642.
Il se démet de son régiment en novembre 1645 et de son gouvernement d’Anjou en septembre 1649.
Il décède le 13 février 1650, à l’âge de 53 ans.
Du mariage d’Urbain de Maillé-Brézé et de Nicole du Plessis de Richelieu, naissent Jean Armand de Maillé-Brézé (1619-1646), et deux ou trois filles, Claire-Clémence, qui épouse le duc d’Enghien, bientôt Grand Condé, Jeanne ou Marie-Françoise. La thèse pour le diplôme d’archiviste-paléographe d’Yves Le Guillou, Les Bouthillier, de l’avocat au surintendant (ca 1540-1652) : histoire d’une ascension sociale et formation d’une fortune (1997), mentionne les prénoms de Jeanne et de Claire-Clémence de Maillé-Brézé, au chapitre VII, “L’entourage de Claude Bouthillier”, paragraphe “Claude Bouthillier, sa femme et Richelieu”. Yves Le Guillou s’appuie sur les publications de Denis-Martial-Avenel, Lettres-instructions… de Richelieu ((T. VI, p. 698 et t. VII, p. 196 et 225.)). Ces derniers documents ne donnent cependant à aucun moment les prénoms des nièces de Richelieu. De même, une lettre du marquis de Brézé à Richelieu, écrite de Milly-le-Meugon, le 6 octobre 1633 ((Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd-, Richelieu à la conquête de la Lorraine : correspondance, année 1633, Paris, éditions L’Harmattan, p. 545.)) ne mentionne à cette date que “mon fils” et “ma fille”. Des extraits mortuaires conservés aux Archives nationales, mentionnent Marie-Françoise de Maillé-Brézé décédée le 6 février 1645 ((Cote AN K//540 n° 13.)). La correspondance du maréchal de Brézé, publiée en 1895, mentionne, quant à elle, p. 347, trois enfants, Armand Jean, Claire-Clémence et Marie-Françoise.
Textes 57, 196, 399, 433, 438, 442, 456, 464, 465, 466, 515, 568, 569, 580, 622, 648, 661, 798, 856, 858, 927, 942, 971,
- L’acte de vente est conservé aux Archives départementales de la Sarthe, avec l’aveu rendu au Roi pour la terre de Vaux. Voir Henri Chardon, « La vie de Rotrou mieux connue (suite) », Revue historique et archéologique du Maine, tome quatorzième, année 1883 second semestre, p. 25 note, article consulté en ligne le 20/08/2023. [↩]
- Voir la notice biographique que M. Pinard consacre à Urbain de Maillé-Brézé, dans Chronologie historique-militaire…, Paris, chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome II, p. 498-502. [↩]
- Ibidem. [↩] [↩]
- Claude Bouthillier au maréchal de Brézé, 29 septembre, 2 et 7 octobre 1630, voir respectivement les textes 464, 465 et 466. [↩]
- Comte F.-U. Wrangel, Liste des diplomates français en Suède (1541-1891), Stockholm, imprimerie royale, 1891, p. 13-14. [↩]
- M. Pinard, Chronologie historique-militaire…, ouvrage cité, tome II, p. 498-502. [↩]
- Translation publiée en ligne, texte 408. [↩]
- Georges Dethan, La vie de Gaston d’Orléans, Paris, éditions de Fallois, 1992, p. 186. [↩]
- Antoine Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, voir l’Historiette de la duchesse d’Aiguillon tome 1, p. 304-311, citation p. 307-308. [↩]
- Claude Bouthillier au marquis du Pont-de-Courlay, 11 juillet 1636, translation publiée en ligne, texte 661. [↩]
- Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, t. 1, p. 316-322. [↩]
- Antoine Adam (éd.), ouvrage cité, t. 1, p. 994. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (21 mars 2022). Maillé (Urbain de, marquis de Brézé). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpj1