Laisné (Élie)

Élie Laisné, seigneur de La Marguerie, est le fils de Cibard Laisné, seigneur de La Marguerie et de La Dourville, receveur des tailles à Angoulême, et de Berthomée de La Coste1. Élie Laisné est successivement pourvu des charges de conseiller au parlement de Paris (1610), de maître des requêtes (1617), d’intendant en Poitou, Touraine et Dauphiné, et de président el la chambre des Comptes. Proche de Richelieu, il est nommé premier président au parlement de Provence le 9 mars 1631, mais il ne se rend à Aix-en-Provence qu’au début de l’année 1632, et n’est reçu que le 17 février 1632 dans sa nouvelle charge.

Fort d’une solide culture classique, il se lie avec Peiresc, avec qui il entretient une correspondance. Dans le cadre de ses fonctions, il transmet bientôt à Richelieu les récriminations de l’assemblée qu’il préside, se plaignant d’un arrêt du Roi qui la privait de l’exercice de la justice2. Tout en défendant les particularismes des pays d’États contre les progrès de l’absolutisme et de la centralisation des pouvoirs, il réclame le paiement de gages dus aux magistrats. Élie Laisné entre en conflit avec l’autorité militaire de la province, en la personne du maréchal de Vitry qui remplace le duc de Guise, inquiété pour sa fidélité à Marie de Médicis et exilé en 1632. En mai 1633, le magistrat écrit à Pierre Séguier à propos du maréchal de Vitry, un « homme qui n’est que feu et ne plie jamais aux affaires qu’il entend »3. Le 10 juin de la même année, Élie Laisné et les membres de la Grand-Chambre du parlement de Provence refusent d’aller saluer le gouverneur, qui, en revanche, bénéficie de l’hommage des membres de la Tournelle4. Au cours de l’automne, les magistrats accusent le maréchal de Vitry d’avoir fomenté des émeutes à Tarascon et obtiennent son rappel temporaire, puis, le 10 décembre, un arrêt réglant ses prérogatives. Le marquis de Saint-Chamond est dépêché sur place pour apaiser les tensions et rétablir l’autorité royale. Le 10 juillet 1633, Laisné, craignant peut-être de voir l’autorité judiciaire subordonnée à l’autorité militaire, a demandé son congé et regagné Paris. Il ne revient plus en Provence. Le conflit ouvert entre les deux factions parlementaires aixoises se poursuit quant à lui, et trouve un écho au parlement de Paris deux ans plus tard. Élie Laisné, dans le cadre de sa charge de conseiller en l’assemblée parisienne, devient l’un des principaux acteurs de l’opposition parlementaire aux créations d’offices qui s’exprime en 1635, prenant cette fois fait et cause pour les revendications de la chambre des Enquêtes, contre la Grand-chambre représentée par Nicolas Lejay5. Le 5 janvier 1636, Louis XIII déclare devant les représentants des magistrats : « on m’a dit qu’il y a un insolent [impudent selon Omer Talon] qui vous prend à partie ; je serai votre second. En un mot, je veux être obéi. »6. L’insolent est peut-être Élie Laisné, qui est, en tout cas, arrêté le lendemain et emprisonné au château d’Angers le 8, en compagnie de Claude Foucault7. Il est libéré quelques semaines plus tard. Michel Popoff date son décès du 3 octobre 1656.

Élie Laisné a épousé, en 1612, Anne Camus, fille de Geoffroy Camus, seigneur de Pontcarré, premier président au parlement d’Aix.

Élie Laisné est père de plusieurs enfants. Son fils aîné, Louis Laisné, seigneur de La Marguerie, bénéfice d’une carrière très similaire à celle de son père, qui lui fait épouser Anne Marcel, fille de Claude Marcel, seigneur de Villeneuve, et de Marie Lhuillier d’Interville, fondatrice de la Société de La Croix. L’historien Pierre Pascal8 établit qu’Élie Laisné est un proche de saint Vincent de Paul. Il reçoit le sacrement de la Mission, après le décès de son épouse, en février 1640, et pourrait aussi être l’un des membres fondateurs de la Société de Montréal.

Textes 58, 69, 123, 290, 311, 830

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, tome 2, p. 683. []
  2. Élie Laisné à Richelieu, Aix-en-Provence, 19 juin 1632, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 282. []
  3. Cité par Mathieu Servanton, Factions et robes rouges : parlements et politique provinciale de Richelieu à la Fronde (1624-1654), thèse de doctorat d’Histoire, soutenue à l’université Bordeaux Montaigne, le 7 juin 2017, sous la direction de Michel Figeac, consultée en ligne le 27/03/2022 httpps://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01601589, p. 182 []
  4. Mathieu Servanton, Factions et robes rouges…, thèse citée, p. 215 []
  5. MM. Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils (éd.), Mémoires d’Omer Talon, Paris, chez l’éditeur du Commentaire analytique du Code Civil, 1838, Nouvelle collection des Mémoires pour servir à l’histoire de France, tome sixième, p. 48 []
  6. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome V, p. 392-393 []
  7. MM. Champollion-Figeac et Aimé Champollion fils (éd.), Mémoires d’Omer Talon…, ouvrage cité, p. 49 []
  8. Pierre Pascal, « La Compagnie du Saint-Sacrement et les missions de Grèce », Revue d’histoire de l’Église de France, année 1948, n° 124, p. 15-32. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (21 mars 2022). Laisné (Élie). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 26 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpj3


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