Michel Le Masle (1588-1662), dit le « prieur des Roches », est le fils de Gengon Le Masle et de Geneviève Picot. Il étudie d’abord la rhétorique (v. 1601), puis entre au service de Richelieu vers 1608-1609, en tant que secrétaire. Il porte d’ailleurs durant toute son existence le titre de « premier secrétaire » du cardinal-ministre, avec Denis Charpentier, même si les fonctions qui lui sont confiées évoluent. 

Michel Le Masle et Denis Charpentier, secrétaire de la main, entrent en fonction sensiblement à la même époque que François Citoys, secrétaire de nuit et médecin. À la fin des années 1610, tandis que Vincent Langlois est en charge des affaires privées de Richelieu, Michel Le Masle supervise la gestion des bénéfices ecclésiastiques détenus par ce dernier, en particulier l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, l’abbaye Saint-Sauveur de Redon et l’abbaye de Montleroy. Il agit également en qualité de procureur à partir de 1616. Puis à partir de 1627, et de la disgrâce de Vincent Langlois, Michel Le Masle, devenu homme de confiance de Richelieu, se voit confier l’administration de sa Maison et la gestion de sa fortune personnelle. Il exerce alors les fonctions officielles de maître d’hôtel et d’argentier du cardinal-ministre. 

En remerciement de son dévouement, Richelieu lui confère les revenus du prieuré des Roches-Saint-Paul (situé à Ligré, en Touraine, et dépendant de l’abbaye bénédictine de Cormery) vers 1622. Il ne tarde pas à cumuler les bénéfices, le prieuré de Saint-Pierre et Saint-Benoît de Perrecy-les-Forges, le prieuré de Brézolles (diocèse de Chartres), le prieuré Notre-Dame-des-Champs, le prieuré des Roches Saint-Paul, celui de Juvisy, celui de Notre-Dame de Longpont (en 1639) et le prieuré Notre-Dame de Montdidier. Il est, en outre, promu chanoine de Notre-Dame de Paris en 1629 et chantre de l’Église de Paris en 1633, et porte le titre de conseiller du Roi en ses conseils d’État et privé. 

Michel Le Masle exerce aussi les fonctions de grand vicaire d’Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon. Tous deux sont les témoins du mariage de Léonor de Rémefort de La Grelière et de Jeanne du Pont d’Aubevoye le 28 août 1629¹. 

Au cours du printemps 1634, le prieur des Roches tombe gravement malade. Richelieu lui témoigne toute sa sollicitude : « Je croyais que vous fussiez guéri, mais ayant appris par [Jules de] Loynes la continuation de votre mal, je vous fais ces trois mots pour vous témoigner le plaisir que vous me ferez d’avoir soin de votre santé. Je vous conseille de vous faire voir par quelques bons médecins de Paris, conjointement avec [Théophraste] Renaudot, et de prendre l’air à Rueil, ou autre lieu qui vous agréera. En un mot, ayant soin de vous, et ayez recours aux remèdes autrement que vous n’avez fait jusqu’à présent, vous ne me sauriez faire un plus grand plaisir. Le cardinal de Richelieu. De Fleury[-en-Bière], ce 10 mai 1634 »². 

En qualité d’intendant, et à la demande du cardinal-ministre, Michel Le Masle intervient dans le financement de la guerre et la rétribution des troupes en 1635³.

En 1637, Michel Le Masle, ami du conseiller au parlement de Paris François Saunier, dénonce la liaison nouée par Madame Saunier, née Antoinette Allemant, avec le prince éthiopien Zaga Christ, arrivé à Paris deux ans plus tôt et que Richelieu soupçonne à tort d’espionnage et d’imposture⁴.

En 1638, Michel Le Masle et Denis Charpentier s’associent afin de faire exécuter les deux premières tapisseries d’un important ensemble de tentures destinées au chœur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, d’après les cartons de Philippe de Champaigne. Ces deux tapisseries sont livrées en 1640. La première, la Naissance de la Vierge, est réalisée aux frais de Michel Le Masle, la seconde, la Présentation au Temple, est payée par Denis Charpentier. Douze tapisseries sont réalisées par la suite, entre 1650 et 1657, à partir d’un carton de Jacques Stalle pour l’une d’entre elles, et de Charles Poerson pour les autres⁵. La fortune acquise par le prieur des Roches est considérable. 

Vers la même époque, il introduit également au sein de la Maison de Richelieu l’un de ses proches, Jacques Gaudin, comme lecteur de nuit. Jacques Gaudin ne demeure en fonction que quelques mois, jusqu’en mai 1640 et devient, grâce à Michel Le Masle, bibliothécaire de la Sorbonne en 1652.

Michel Le Masle lègue sa bibliothèque, le 16 mars 1646, à l’établissement dont Richelieu était le proviseur. L’inventaire de cet ensemble, Bibliothèque de M. des Roches [Michel le Masle], chanoine de Notre-Dame de Paris et secrétaire de Richelieu, donnée par lui à la Sorbonne le 16 mars 1646,  est consultable en ligne. 

Voir Gérard Jubert, « Michel Le Masle, chanoine de Notre-Dame de Paris et secrétaire de Richelieu », Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1991, tome 118, p. 103-140 ; 

Maxim Boyko, Denis Charpentier, premier secrétaire et fidèle du cardinal de Richelieu, mémoire de master IIsoutenu en juin 2018 à Sorbonne-Université, dir. Pr. Denis Crouzet et Marie-Catherine Vignal Souleyreau, p. 22, 91, 96, 225-227.

Textes 43, 153, 285, 318, 324, 360, 368, 396, 433, 438, 535, 539, 609, 756, 761, 857, 858, 860, 

1. Le contrat de mariage est conservé aux Minutier central des Archives nationales sous la cote MC/ET/98. [↩]
2. Denis-Louis-Martial Avenel (éd.), Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. IV, p. 550. [↩]
3. Richelieu à Abel Servien, 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, p. 541-542 [↩]
4. Voir Nicolas Bautru au cardinal de La Valette, 11 novembre 1637, translation publiée en ligne, texte 650 ; et l’Historiette que Tallemant des Réaux consacre à Madame Saulnier, dans Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 2, p. 256-258. [↩]
5. Voir Maxim Boyko, Denis Charpentier…, mémoire de master II cité, p. 91. [↩]

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