Charles de Blanchefort (v. 1574-1638), seigneur de Créqui, est le fils d’Antoine de Blanchefort de Créqui et de Chrétienne d’Aguerre. Il est titré prince de Poix, seigneur de Créquy [ou Créqui], de Fressin et de Canaples, puis duc de Lesdiguières en 1626 (à la suite de ses deux mariages successifs avec les filles du connétable, Madeleine de Bonne de Lesdiguières, puis Françoise, fille légitimée de Lesdiguières et de Marie Vignon, épousée en secondes noces en 1623). Il est également pair de France, marquis de Vizille et de Treffort, comte de Sault, baron de Vienne-le-Chastel et de La Tour d’Aigues¹. Il embrasse la carrière des armes et se distingue pour la première fois au siège de Laon, en 1594.

En 1597, il est blessé au cours de la guerre de Savoie, à la journée des Molettes. Peu de temps après survient la querelle de l’écharpe qui l’oppose, dans la région de Montmélian (dont il reçoit le gouvernement en 1600), à Don Philippin, bâtard de Savoie. En 1601, il se trouve aux côtés du maréchal de Biron en ambassade en Angleterre. Le 6 février 1604, il est nommé lieutenant général au gouvernement du pays de Santerre, et gouverneur des places de Péronne, Roye et Montdidier. Maître de camp du régiment des gardes françaises en 1606, il est aussi pourvu de la charge de lieutenant général au gouvernement du Dauphiné en survivance de son père. Maréchal des camps et armées du Roi en mars 1619, il est promu chevalier des ordres du Roi la même année. Il conduit victorieusement, l’année suivante, avec François de Bassompierre, l’attaque contre les Ponts-de-Cé. Il se distingue encore lors du siège de Montpellier, et, en récompense, devient maréchal de France. En 1625, Louis XIII l’envoie en Piémont où il bat le duc de Feria. En 1629, le maréchal de Créqui force le Pas-de-Suze et contraint Ambroise Spinola à lever le siège de Casal. L’année suivante, il participe à la prise de Pignerol. Au printemps 1632, s’oppose efficacement à l’entrée du duc d’Orléans dans la province dont il a la charge. Puis au mois de décembre suivant, à la demande du cardinal Bichi, nonce apostolique en France, il est envoyé en ambassade extraordinaire à Rome. Premier gentilhomme de la Chambre du Roi en mars 1633, il arrive à la cour pontificale au mois de juin, alors que s’achève l’ambassade ordinaire confiée au comte de Brassac. Il est chargé de négocier la comprotection de la France, puis, dès le mois de janvier suivant, de justifier la procédure judiciaire entamée devant le parlement de Paris à l’encontre de la famille ducale de Lorraine pour le rapt du duc d’Orléans. Il doit également tenter d’obtenir l’invalidation du mariage de Monsieur. Il quitte Rome au mois de juillet 1634. Le comte de Noailles a remplacé le comte de Brassac au mois d’avril et poursuit les négociations entreprises par Créqui, envoyé quant à lui à Venise. Le maréchal, qui est également chevalier de l’ordre du Saint-Esprit depuis 1619, dirige en vain le siège de Valence-le-Pô en 1635, et s’attire l’inimitié de la cour de Savoie par ses maladresses répétées. Richelieu le maintient cependant en Italie, et en juin 1636, aux côtés des troupes savoyardes, il remporte la bataille de Tornavento sur l’armée espagnole. Célèbre pour son goût du jeu, il est tué devant Brème, en Lombardie, le 17 mars 1638. Pour une généalogie commode de la famille de Créqui, voir Gaspard Thaumas de La Thaumassière, Histoire du Berry…, Bourges, chez F. Toubeau [Paris, chez Jacques Morel], 1689, p. 840-841.

Textes 59, 159, 222, 278, 411, 448, 798, 838, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 713. [↩]