Pioche (Marc, seigneur de La Vergne)

Marc Pioche de La Vergne (ou Lavergne) est le fils de Jeanne Miron (proche parente de Marc Miron, 1er médecin d’Henri III), et de Jean Pioche de La Vergne, qui, selon le père Anselme, aurait été le précepteur de César, duc de Vendôme1. Il est également par sa mère le neveu de l’évêque d’Angers puis archevêque de Lyon, Charles Miron († 1628). Écuyer, il sert d’abord au régiment de Picardie en qualité de « lieutenant maître de la montre de camp »2.

Il est placé sous les ordres de Jean Zamet, colonel du régiment de Picardie, fils aîné du financier Sébastien Zamet et de Madeleine Leclerc du Tremblay, cousin du père Joseph. Jean Zamet le présente au Roi vers 1616, Louis XIII notant alors le goût de Marc Pioche de La Vergne pour l’architecture3.

Marc Pioche de La Vergne participe ensuite dans les rangs du régiment de Picardie aux campagnes de Louis XIII, et prend part notamment au siège de Rethel. La proximité de Marc Pioche de La Vergne et de Jean Zamet est confirmée par le prêt de 17 000 livres que le premier consent au second le 31 mars 16224.

Après le décès de Jean Zamet, Marc Pioche de La Vergne reçoit la lieutenance de la compagnie de carabins du Roi5, puis, grâce à l’appui de Louis Lefèvre de Caumartin (1552-1623), chancelier de France, époux de Marie Miron (fille du médecin Marc Miron), la charge de capitaine au régiment de Picardie. Il vend cependant cette charge le 14 février 1630 à Louis de Montdoucet, qui éprouve des difficultés à honorer ses dettes6.

Devenu gentilhomme entretenu de la maison de Richelieu, il se voit sans doute confier par Richelieu en septembre 1632 l’éducation militaire de Jean Armand de Maillé, fils aîné du marquis Urbain de Maillé-Brézé, filleul du cardinal-ministre7. À la même époque, Urbain de Maillé-Brézé est pourvu du gouvernement de Calais. C’est M. de La Vergne qui lui transmet, début mai 1633, et alors que le maréchal vient de perdre sa mère, Jeanne de Thévalles, un courrier de Claude Bouthillier8.

Il représente aussi sur le terrain le gouverneur du Havre, le marquis du Pont-de-Courlay, qui tient lui-même ses fonctions d’une délégation concédée par le cardinal-ministre. Au cours de l’été 1633, les compétences en architecture de Marc Pioche de La Vergne l’amènent à critiquer les travaux entrepris au fort de Nieulay par Pierre de Conty d’Argencourt9.

À la mi-août 1636, Richelieu le charge de la surveillance de Pontoise, il y emmène Jean Armand de Maillé10. Il est à noter qu’en mars 1639, le filleul de Richelieu remplace son cousin, François de Vignerot, marquis de Pont-du-Courlay, à la charge de général des galères. Marc Pioche de La Vergne continue à le suivre dans les responsabilités confiées au jeune homme par Richelieu. Selon le père Anselme et François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Aymar (ou Aimar, et non Marc) Pioche de La Vergne accède au grade de maréchal de camp et est pourvu du gouvernement du Havre-de-Grâce. L’élément est corroboré par A. Chazaud, Inventaire sommaire des archives départementales… Allier ((Au tome premier : archives civiles séries A et B, Moulins, imprimerie de C. Desrosiers, 1883, p. 166.)). En 1641, tous deux sont d’ailleurs envoyé en mission au Portugal puis en Catalogne11.

Marc Pioche de La Vergne a épousé en premières noces, en 1619, Claude Bérard, orpheline de père recueillie par Marie Miron, comtesse de Caravas, puis en secondes noces, le 5 février 1633, une autre orpheline, Isabelle Pena, fille de François Pena († 1626), médecin du Roi, placée sous la tutelle de son oncle, Lazare Pena, également médecin du Roi. Le contrat de mariage est conservé aux Archives Nationales, cote Y173, f° 406. Il y apparaît qu’assistent à la cérémonie la princesse de Condé, Mme de Combalet, la duchesse de La Rocheguyon (née Catherine de Goyon de Matignon), Charlotte de Beauclerc (épouse de Louis Miron, fils aîné du médecin Marc Miron), Julie d’Angennes (fille de la marquise de Rambouillet), Gratienne du Perron, épouse de l’écuyer de Richelieu, Marc-Antoine de Grave, ou encore Jean du Tillet, maître des requêtes, époux de Marie de La Vergne. Isabelle Pena devenue « Mademoiselle de La Vergne » entre au service de Madame de Combalet. De ce mariage naît en 1634 Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, future comtesse de La Fayette, par son mariage, en février 1655, avec le comte François Motier de La Fayette, auteure de La Princesse de Clèves. Marc Pioche de La Vergne consent encore tardivement un prêt de 800 livres à la veuve de Jean Zamet, Jeanne de Goth, nièce, par sa mère, Hélène de Nogaret, du duc d’Épernon. Il décède le 20 décembre 1649. Isabelle Pena convole en secondes noces, dès mars 1650, avec Renaud René de Sévigné, baron de Champiré.

Voir aussi Antoine Adam (éd.), – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 1016 et t. 2, p. 382, 1000, 1235, 1444 et 1537 ;

Cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des Lettres françaises : le XVIIe siècle, Paris, Fayard, 1996, coll. Pochothèque, p. 660.

Texte 370,

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Père Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, troisième édition, tome septième, Paris, par la Compagnie des Libraires associés, 1733, p. 62 note marginale reprenant Louis-Pierre d’Hozier. []
  2. Émile Magne, Madame de La Fayette en ménage : d’après des documents inédits, Paris, éditions Émile-Paul frères, 1926, p. 2. []
  3. « Le fils de Sébastien Zamet, qui mourut maréchal de camp à Montauban [en réalité à Montpellier le 8 septembre 1622], avait avec lui la Vergne, depuis gouverneur du duc de Brézé, qui était curieux d’architecture et y entendait un peu. » Antoine Adam – éd. -, Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. 1, p. 339, voir aussi p. 1016. []
  4. Émile Magne, Madame de La Fayette…, ouvrage cité, p. 4 note 2. []
  5. Jacques de Chastenet, marquis de Puységur, Mémoires…, édition de 1747, tome 1, p. 44. []
  6. Émile Magne, Madame de La Fayette…, ouvrage cité, p. 5 note. []
  7. Voir la lettre de remerciement que Marc Pioche de La Vergne adresse au cardinal-ministre, de Paris, le 19 septembre 1632, ci-dessus lien vers le texte 370. []
  8. Le marquis de Brézé à Claude Bouthillier, 8 mai 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la LorraineCorrespondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 237. []
  9. Voir le mémoire que ce dernier rédige à Calais, le 8 août 1633, à l’attention de Richelieu, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine…, ouvrage cité, p. 364-365. []
  10. Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France,tome V, p. 544. []
  11. Émile Magne, Madame de La Fayette…, ouvrage cité, p. 26-27, cite à ce propos un courrier que le gouverneur adresse au père de son élève, le 25 septembre 1641, conservé à la Bibliothèque Nationale de France, coll. Nouvelles Acquisitions françaises, volume 3161, f° 224. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (27 août 2022). Pioche (Marc, seigneur de La Vergne). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tq3d


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