Charles Vialart (v. 1592-1644), en religion Charles de Saint-Paul, originaire d’Issoire, est le fils de Félix Vialart, sieur de La Forêt de Civry, conseiller du Roi en son Conseil d’État, maître des requêtes ordinaire de son Hôtel, et de Jeanne Hennequin¹. Entré dans la congrégation des feuillants, il est d’abord prieur de Tours². Il devient abbé de Notre-Dame des Feuillants, à Labastide-Clermont (diocèse de Rieux), et général de l’ordre, de 1628 à 1634, date à laquelle il est remplacé par Charles de Lauzon de Sainte-Marie, puis de 1637 à 1643³. Adversaire des dévots, il correspond régulièrement avec Richelieu qui l’emploie en missions de confiance, notamment pour des négociations avec l’entourage du duc d’Orléans, lors de l’exil de ce dernier aux Pays-Bas espagnols.

Il s’impose alors, selon Benoist Pierre comme « la figure la plus emblématique de cette orientation vers un absolutisme de droit divin »⁴. Apprécié pour son engagement spirituel et soucieux de promouvoir la religion catholique par l’art oratoire, Charles Vialart publie aussi à Paris, en 1632, un Tableau de l’éloquence française, où se voit la manière de bien écrire, après avoir fait paraître des Tableaux des qualités éminentes de saint Joseph (1629) et un traité consacré à la Sagesse, Le Temple de la félicité… (1630). Charles Vialart est nommé évêque d’Avranches en 1640, mais ne reçoit ses bulles de provision qu’en 1642.

À la mort du cardinal de Richelieu, Charles de Saint-Paul est l’un des trois érudits, avec Antoine Aubery (1616-1695)⁵ et le père Lemoine, qui reçoivent l’autorisation de la duchesse d’Aiguillon de consulter à Rueil les documents du défunt. On doit ainsi à Charles Vialart, un important ouvrage paru à titre posthume, dont la publication intervient sous couvert d’anonymat en 1649, une Histoire du ministère d’Armand-Jean du Plessis, cardinal duc de Richelieu, sous le règne de Louys le Juste, XIII^e du nom, roi de France et de Navarre, avec des réflexions politiques et diverses lettres contenant les négociations des affaires de Piémont et du Montferrat. Le parlement en ordonne la saisie en 1650 pour « propositions préjudiciables à l’Estat ». La duchesse d’Aiguillon doit même préciser que le texte n’est pas de la plume de son oncle. 

Charles Vialart décède le 15 septembre 1644.

Sur la contribution de Charles Vialart à la réflexion sur l’absolutisme de droit divin à travers son Histoire du ministère… de Richelieu, voir Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre …, ouvrage cité en note, p. 349-355.

Voir aussi Joseph Bergin, The Making of The French Episcopate (1589-1661), New-Haven & London, Yale University Press, 1996, p. 713.

Textes 374, 641, 955, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre : la congrégation des feuillants dans l’affirmation des États et des pouvoirs princiers, vers 1560-vers 1660, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006, p. 206, 213 et 350. [↩]
2. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre…, ouvrage cité, p. 330. [↩]
3. En 1643, Matthieu de Saint-Gérard prend la tête de l’abbaye, voir Gallia Christiana… édition de 1715, tome 13, col. 220. [↩]
4. Benoist Pierre, La Bure et le Sceptre…, ouvrage cité, p. 349-350. [↩]
5. Antoine Aubery peut publier deux ouvrages en 1660 : Histoire du cardinal duc de Richelieu, Paris, 1660 ; Cologne, 1666, en cinq volumes ; ainsi que des Mémoires pour l’histoire du cardinal de Richelieu, Paris, 1660, en deux vol. [↩]