Pierre Séguier (1588-1672) est le fils de Jean Séguier, seigneur d’Autry, maître des requêtes, lieutenant civil de la prévôté de Paris et du Châtelet, et de Marie Tudert. Il bénéficie d’abord de la protection de son oncle, Antoine Séguier, qui obtient pour lui une charge de conseiller au parlement de Paris, puis, en 1618, celle de maître des requêtes de l’hôtel du Roi. Au mois d’avril 1621, il est promu intendant de justice en Auvergne. C’est encore grâce à son oncle qu’il passe au service du duc d’Épernon, en qualité d’intendant de l’armée de Guyenne, en juillet de la même année. 

En 1624, Pierre Séguier dévoile son habileté dans le conflit qui oppose son protecteur à Richelieu, à propos du maire de Libourne emprisonné par le gouverneur de la province. Séguier parvient à trouver un terrain d’entente avec le jeune ministre. De retour à Paris à la fin de l’année 1624, il recueille la survivance de la charge de président à mortier de son oncle, qu’il exerce jusqu’en 1633. 

En septembre 1631, Louis XIII décide d’établir la chambre de l’Arsenal, chargée de juger les faux-monnayeurs et les criminels de lèse-majesté. Le Parlement y voit une atteinte à ses prérogatives et met tout en œuvre pour s’opposer à l’enregistrement des édits portant création des commissions extraordinaires. Pierre Séguier prend parti pour l’assemblée à laquelle il appartient et participe aux délibérations du Parlement malgré l’interdiction faite par le Roi, qui apprécie peu la résistance opposée à son autorité. Pierre Séguier prend alors toute la mesure de l’imprudence du président Lejay et de ses pairs. Déjà il prépare sa soumission. La querelle est d’autant plus importante pour Richelieu que la résistance opposée par les parlementaires met non seulement en cause le système de justice d’État voulu par Richelieu, mais retarde également l’instruction du procès du maréchal de Marillac, que le cardinal-ministre souhaite voir aboutir le plus rapidement possible. Le 2 mars 1632, les parlementaires se voient confirmer leur retour en charge et Pierre Séguier commence à s’imposer comme fidèle parmi les fidèles à la cause de Richelieu. 

Il ne tarde pas à être récompensé de son engagement : il devient garde des Sceaux à la fin du mois de février 1633, à la suite de la disgrâce du marquis de Châteauneuf. Si le choix du nouveau garde des Sceaux est directement lié à la faveur acquise auprès du principal ministre, il est sans doute autant déterminé par les liens entretenus par le parlementaire avec ses pairs, par l’habileté dont il a su faire preuve pour imposer l’autorité judiciaire au gouvernement, autorité dont Richelieu entend bien, désormais, faire profiter, en sens inverse, l’exécutif. Pierre Séguier joue un rôle déterminant pour la mise en place des intendants dans les provinces du royaume. Il réprime également, de la manière la plus ferme, toute forme de contestation ultérieure du parlement de Paris, mettant ainsi un terme à des années d’opposition au pouvoir royal et ministériel. 

Le 5 février 1634, sa fille aînée, Marie (1618-1710), née de son union avec Madeleine Fabry, épouse Pierre-César du Cambout, marquis de Coislin (1613-1641), fils de Charles du Cambout de Coislin, baron de Pontchâteau, et de Philippe de Beurges. 

Séguier est promu chancelier de France en 1635, à la mort d’Étienne d’Aligre qui détenait la charge. 

En 1639, sa seconde fille, Charlotte, épouse Maximilien de Béthune, duc de Sully, pair de France, puis en secondes noces, en 1668, Henri de Bourbon-Verneuil. 

En 1650, contre tous les usages, et bien qu’issu de la Robe, il est fait duc et pair de France¹. Une partie de sa correspondance passive a été publiée par Roland Mousnier². 

Une importante collection de lettres du chancelier Séguier, aujourd’hui conservée à la bibliothèque nationale de Saint-Pétersbourg, reste inexploitée.

Voir également Yannick Nexon, Le chancelier Séguier (1588-1672) : ministre, dévot et mécène au Grand Siècle, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2015. 

Textes 37, 60, 285, 335, 621, 682, 683, 798, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Jean-Pierre Labatut, Les ducs et pairs de France au XVII^e siècle, Paris, PUF, 1972, p. 96 [↩]
2. Lettres et mémoires adressés au chancelier Séguier (1633-1649), Paris, Presses Universitaires de France, 1964, 2 volumes [↩]