Le père Jacques d’Apchon († 1641), seigneur de de Chanteloube (aujourd’hui commune de Valprivas, département de Haute-Loire), dit aussi « Chantelouve », est originaire des confins du Forrez et de l’Auvergne. Il est difficile de reconstituer son ascendance et sa parentèle tant les ouvrages le mentionnant sont équivoques. Il semble cependant être le fils cadet d’Antoine de Saint-Germain d’Apchon (1533-1586), seigneur de Serezat (Sérézat, Cérézat, Cérézac) et de Chanteloube, abbé de Serizy (Cerisy, Cerizy) et de Ferrière, pourvu de l’évêché de Périgueux avant de retourner à l’état laïc, et de Chrétienne d’Albin (ou Christine d’Aboin). Il serait ainsi le frère de Jean de Saint-Germain d’Apchon, qui épouse Jeanne de Saint-Paul.  

Après des études de théologie et une formation militaire, et son cousin, Emmanuel d’Apchon, ayant épousé Faustine Ricassoli, il est admis dans l’entourage de Marie de Médicis, qu’il suit à Blois en 1618¹.

Sous l’influence de Pierre de Bérulle, il devient prêtre de l’Oratoire en 1621.

Il se lie aussi avec Mathieu de Morgues et acquiert ainsi les rudiments de l’écriture pamphlétaire qui lui permettent de s’affirmer par la suite comme libelliste.

« La déclaration du 31 mars 1631 mentionne son nom parmi ceux dont les mauvais conseils ont conduit Gaston d’Orléans à la révolte »². Exilé avec le frère du Roi, il est alors condamné par contumace, pour crime de lèse-majesté, par le parlement de Dijon, en même temps que le comte de Moret, le duc d’Elbeuf, le duc de Bellegarde, le duc de Roannais, Antoine de Laage, seigneur de Puylaurens, et Louis de Monsigot³.

Il rejoint bientôt la Reine mère à Avesnes, et envisage, avec son neveu, Jacques Artaud d’Apchon, d’enlever la nièce de Richelieu, M^me de Combalet.

Le 25 octobre 1632, il est à nouveau cité par le parlement de Dijon dans le cadre de l’instruction visant à condamner les proches du duc d’Orléans pour crime de lèse-majesté⁴.  

Le 18 mars 1634, par lettres patentes, Louis XIII attribue au parlement de Metz la connaissance du procès de Blaise Rouffet, prétendu baron de Chavaignac, accusé d’assassinat et de conspiration contre Richelieu. Rouffet, convaincu des charges qui lui ont été imputées, est condamné à mort le 10 mai et exécuté le lendemain. Or l’instruction, mené par Pierre Séguier lui-même, met en évidence la collusion de Blaise Rouffet et du père Chanteloube, les pièces des procès intentés aux deux personnages sont d’ailleurs réunies. Le 7 juillet suivant, le Parlement condamne le père Chanteloube, ainsi que son domestique, La Roche, à mort, « si pris et appréhendés pouvaient être, sinon par effigie en un tableau qui serait mis et attaché à une potence »⁵, en même temps que le secrétaire du maréchal de Marillac, Garnier.

À la même époque, le père Chanteloube souligne quant à lui, sans doute à juste titre, la propension de Richelieu à se comporter en courtisan du Roi tout autant qu’en principal ministre : il publie une Lettre du père Chantelouve au cardinal de Richelieu, imprimé en 1634⁶.

Le père Chanteloube perd la faveur de Marie de Médicis en 1636, à la suite des intrigues du vicomte Lucas Fabroni⁷. La Reine-mère le fait emprisonner à Tamise, près d’Anvers, avant qu’il se soit libéré, sans-doute à la faveur des mesures d’éloignement des Français prises par le Cardinal-infant à l’encontre de Marie de Médicis et de son entourage en 1638.

Le père Chanteloube meurt à Bruxelles en février 1641. 

La notice d’autorité établie par la Bibliothèque nationale de France le concernant lui attribue Le Comtadin provençal, paru à Paris en 1620, puis sans lieu en 1622 ; La Sibille françoise parlant au roy, également paru sans lieu en 1620 ; laLettre du père de Chantelouve, prestre de l’Oratoire de Jésus, au cardinal de Richelieu, paru à Nancy, chez H. Vilor, en 1631 ; la Lettre du père de Chantelouve, prestre de l’Oratoire de Jésus, au roy, paru sans lieu en 1631 ; la Lettre escrite au Roy par la reyne mère de Sa Majesté, paru sans lieu en 1631 ou 1632 ; l’Extraict d’une lettre du XII. Mars 1632 escrite par un gentilhomme de la cour de Monsieur, paru sans lieu en 1632 ; des Questions d’Estat et une Lettre de la Reyne mère du roy à messieurs du parlement de Pais, parus sans lieu en 1632 ; une Lettre d’un vieux conseiller d’Estat à la reyne mère du roy très chrestien, paru sans lieu en 1635 puis en 1637 ; et une Lettre du père de Chantelouve aux nouvelles Chambres de justice, paru sans lieu en 1637.

Voir aussi Pierre Grillon – éd. -, Les papiers de Richelieu, section politique intérieure, correspondance et papiers d’État. Tome II : 1627, Paris, éditions A. Pédone, 1977, p. 141 ;

François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, troisième édition, tome premier, Paris, chez Schlesinger frères, 1863, col. 631-632 ;

Jean-François Dubost, Marie de Médicis : la reine dévoilée, Paris, Payot, 2009, p. 258, 618, 834 ;

M. A. Vachez, Le château de Montrond en Forez, Lyon, imprimerie d’Aimé Vingtrinier, 1869, p. 18-31.

Textes 413, 619, 628, 683, 686, 688, 692, 698, 731, 743, 799, 831, 839, 

1. Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information et la circulation des nouvelles autour de l’exil de Marie de Médicis (1631-1642), thèse de doctorat d’histoire, soutenue à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV), dir. L. Bély, 2011, p. 314-315. [↩]
2. Pierre Grillon, Les papiers de Richelieu… index des tomes I, II et III… Paris, éditions A. Pédone, 1980, p. 31. [↩]
3. Michel Le Vassor, Histoire du règne de Louis XIII…, Amsterdam, chez Pierre Brunel, 1700-1717, 10 tomes et 19 volumes, tome troisième, p. 627. [↩]
4. Voir le discours du président Le Goux de La Berchère prononcé devant le parlement de Bourgogne, ci-dessus lien vers le texte 413 et l’extrait des registres du parlement de Dijon conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 201-202. [↩]
5. Arrêt du parlement de Metz contre le père Chanteloube, Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 15, f° 20. Un autre texte, au f° 581-582 du même volume manuscrit invoque encore la responsabilité du père Chanteloube dans l’action d’un troisième complotiste, François d’Alpheston, qui a servi au corps des gardes du maréchal de Marillac et a été nourri à Bruxelles par Marie de Médicis elle-même, ou par le père Chanteloube. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, t. 2, p. 2023. [↩]
6. Le document est conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 811, f° 228-237, et reproduit  dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, ouvrage cité, tome 2, p. 468-474. [↩]
7. Sophie Guérinot-Nawrocki, Les réseaux d’information…, thèse citée, p. 166. [↩]

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