François-Auguste de Thou (1604-1642), seigneur de Bonneval, baron de Meslay, est le fils aîné de Jacques-Auguste de Thou (1533-1617), baron de Meslay, président à mortier au parlement de Paris, grand maître de la bibliothèque du Roi, et de sa seconde épouse, Gasparde de La Châtre (ou La Chastre).  Il est pourvu en commende, dès 1612, de l’abbaye de Bonneval, cédée cependant à son frère, Jacques-Auguste II de Thou, trois ans plus tard. Il prend alors le titre de sieur de Bonneval, puis devient baron de Meslay à la mort de leur père¹. Il obtient aussi en survivance la charge de grand maître de la bibliothèque du Roi, dont le réel exercice est assuré par Nicolas Rigault, garde des mêmes collections, désigné, avec Pierre Dupuy, responsable de l’éducation de François-Auguste, Achille-Auguste et Jacques-Auguste II de Thou par leur père avant son décès².

Il est reçu conseiller au parlement de Paris le 8 mars 1624. Il entreprend, au cours des mois suivants, une série de voyages qui le conduisent d’Angleterre en Turquie, durant lesquels il entretient une correspondance suivie avec Pierre Dupuy, dont Giuliano Ferretti signale qu’il s’agit de « l’un des chefs d’œuvre épistolaires de cette période »³. Conseiller d’État, puis maître des requêtes le 26 août 1631, il exerce les fonctions d’intendant en Bourgogne et en Bresse en 1633.

En 1635, il est envoyé à Constantinople dans le cadre d’une mission diplomatique extraordinaire puis rejoint, en qualité d’intendant d’armée, les contingents commandés par le cardinal de La Valette en Lorraine, à la demande de celui-ci. Le 13 septembre, il est blessé au bras⁴. Trois jours plus tard, le prélat déclare : « Si M. d’Andilly quitte cette armée, comme il témoigne de le vouloir faire sur les mécontentements qu’il a de M. de Bullion, je souhaiterais bien que M. de Thou fût employé en sa place si la chose se pouvait ».⁵. Le 8 octobre, le cardinal de La Valette ajoute à l’attention de Richelieu : « Vous verrez aussi bientôt M. d’Andilly qui s’en est voulu retourner malade. Et il ne veut plus servir dans les armées, quoiqu’il en soit fort capable. Il m’a prié de parler au Roi et à M. le garde des sceaux en faveur de M. de Thou, qui est dans cette armée, et afin qu’il lui succédât. »⁶. 

En 1642, François-Auguste de Thou est mis en cause lors de l’enquête ouverte à propos de la conjuration du marquis de Cinq-Mars. Il est accusé d’avoir eu connaissance, sans le dénoncer, du traité d’alliance conclu secrètement avec l’Espagne par le duc de Bouillon et Cinq-Mars. Il est exécuté, en même temps que ce dernier, à Lyon, le 12 septembre. Pierre Dupuy tente de la réhabiliter en publiant des ” Mémoires et instructions pour justifier l’innocence de Messire François-Auguste de Thou, conseiller du Roi en son Conseil d’État ”⁷.

Voir aussi Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, t. I, p. 205-206 et t. II, p. 967.

Textes 413, 636, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Voir Giuliano Ferretti – éd. -, Philippe Fortin de La Hoguette. Lettres aux frères Dupuy et à leur entourage (1623-1662), Florence, Leo S. Olschki, 1997, 2 vol., voir tome 2, p. 929. [↩]
2. Voir Louis Moréri, Supplément au grand dictionnaire historique…, tome second, Paris, chez la veuve Lemercier et alii, 1735, p. 208-209 ; voir aussi Suzanne Solente, « Les manuscrits des Dupuy à la Bibliothèque nationale », Bibliothèque de l’École des Chartes, année 1927, n° 88, p. 177-250, voir p. 183 ; Jérôme Delatour, « Pierre et Jacques Dupuy, gardes de la Bibliothèque de 1645 à 1656 », Revue de la Bibliothèque nationale de France, 2009/1, n° 31, p. 66-73. [↩]
3. Giuliano Ferretti – éd. -, Philippe Fortin de La Hoguette. Lettres aux frères Dupuy et à leur entourage (1623-1662), ouvrage cité, tome 2, p. 929. [↩]
4. Relation de la campagne d’Allemagne, rédigée par le cardinal de La Valette, 7 juillet – 28 septembre 1635, classés avec les documents de 1636, copie conservée auministère des Affaires étrangères, Correspondance politique Allemagne, volume 14, fol. 130-146. [↩]
5. Mémoire du cardinal de La Valette destiné au comte de Chavigny, Mayence, 15 septembre 1635, original chiffré et déchiffré, en partie autographe, conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 64-65. [↩]
6. Le cardinal de La Valette à Richelieu, 8 octobre 1635, original conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Allemagne, vol. 12, f° 332. [↩]
7. Le document, à l’état manuscrit, est conservé à la Bibliothèque nationale de France, coll. Manuscrits français, volume 4908 consultable sur Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059485z.image. Il a été publié dans l’Histoire universelle de Jacques-Auguste de Thou, au tome 15 de l’édition parue en 1734 en 16 volumes [↩]