Michel de Marillac (1560 ou 1563 – 1632), seigneur de La Fayet, est le troisième fils de Guillaume de Marillac (†1573), seigneur de Ferrière, intendant et contrôleur général des finances, et de sa première épouse, Marie Aligret († 1568)1. Il est le demi-frère de Louis de Marillac, maréchal de France, condamné à mort et exécuté le 10 mai 1632. Reçu conseiller au parlement de Paris le 3 septembre 1586, maître des requêtes le 25 janvier 1595, il entre au Conseil du Roi en novembre 1613. Surintendant des finances le 27 août 1624, conseiller d’État au conseil des finances en 1625, il devient surtout garde des sceaux le 1er juin 1626, et abandonne alors les finances au maréchal d’Effiat.
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, il prononce le discours d’ouverture d’une assemblée de 55 notables, prélats, membre de la haute noblesse ou officiers des cours souveraines, réunis au cours de la même année pour envisager divers projets de réformes, réformes fiscale et militaire, en particulier. Il s’agit de remédier à la charge à laquelle le logement des troupes soumet la population du royaume, et de trouver de nouvelles ressources financières pour soutenir l’effort de guerre en période de conflit civil et religieux. Marillac y prononce également un second discours, « apologie du mercantilisme »2. L’ordonnance qu’il promulgue en janvier 1629, dite « Code Michau » par ses détracteurs est, en partie, destiné à répondre aux doléances de ces notables.
L’ordonnance élaborée par le garde des sceaux, en 461 articles, entend établir une centralisation des affaires publiques au sens large, avec renforcement de l’autorité monarchique, et apporter une réponse aux doléances formulées non seulement par l’assemblée des notables réunie à Paris en 1626, mais également à celles des États généraux de 1614 et de l’assemblée des notables de Rouen en 16173. Comme l’a relevé Abel Poitrineau, elle porte le titre complet d’Ordonnance du roi Louis XIII, roi de France et de Navarre, sur les plaintes et doléances faites par les députés des États de son Royaume, convoqués et assemblés en la ville de Paris l’an 1614 et 1615, et sur les avis donnés à Sa Majesté par les assemblées des notables tenues à Rouen en l’an 1617 et à Paris l’an 1626 publiée en Parlement le 15 janvier 1629 ((Le texte paraît aussitôt, sous forme d’opuscule imprimé à Paris, par A. Estienne, P. Mettayer et C. Prévost, imprimeurs ordinaires du Roi. Il est consultable sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9740132x.)).
Michel de Marillac y prévoit d’importantes réformes économiques, dans la continuité du second discours de 1626, afin d’encourager et de faciliter les échanges commerciaux : les gentilshommes se voient accorder l’autorisation de commercer sans déroger ; les marchands sont autorisés à exporter des grains et des vins à l’Étranger, sauf en cas de disette ; des mesures protectionnistes sont prises comme l’interdiction d’exporter les laines et les matières premières, et symétriquement l’interdiction de matériaux importés ; interdiction est faite aux Français de pratiquer le commerce maritime sous un autre pavillon que le leur4.
Le garde des sceaux souhaite aussi réformer le régime féodal séculaire pesant sur les terres du royaume. À l’article 383, il plaçant celles-ci « sous la directe universelle du Roi »5, il met en cause l’assise foncière des droits seigneuriaux et déclenche une levée de boucliers.
Une autre mesure restreint le droit de remontrance dont dispose le Parlement.
L’élaboration du « Code Michau » se situe dans le contexte de la fin des guerres de Religion et du siège de La Rochelle. Elle précède de quelques mois l’édit de Grâce d’Alès, dont la signature intervient le 28 juin 1629, scellant la paix entre le Roi, son principal ministre d’une part, et les protestants de l’autre. Sa promulgation est particulièrement difficile. Certains parlementaires, considérant le texte comme une atteinte à leur autorité, s’opposent à son enregistrement, un lit de justice est nécessaire à Paris, le 15 janvier. Nicolas Lejay désigne encore Michel de Marillac comme son « ennemi » en 16336.
Le « Code Michau » devient cependant rapidement, et de fait, inapplicable. La guerre couverte, puis surtout la guerre ouverte en 1635, rendent l’approvisionnement des troupes par les munitionnaires particulièrement difficile et contraignant, à la fois pour les populations, privées de ressources alimentaires, et pour le gouvernement dirigé par Richelieu, qui doit en superviser la logistique.
Par ailleurs, après les règlements de Montpellier (octobre 1622), de Compiègne (juin 1624), de Châteaubriand (août 1626) et de La Rochelle (janvier 1628), Michel de Marillac élabore aussi un nouveau texte, en date du 18 janvier 1630, dont la portée est, quant à elle, plus durable. Le règlement de 18 janvier 1630 modifie les dispositions en vigueur en matière gouvernementale. Il fixe l’organisation du Conseil du Roi et définit les attributions de chacune de ses composantes. Le Conseil est ainsi divisé en quatre entités distinctes, le Conseil privé (ou des partis), le Conseil des Affaires et des dépêches, le Conseil d’État et des finances, le Conseil des Finances, l’ensemble étant supervisé par le Conseil d’en haut ou Conseil étroit, où se discutent, en particulier, les Affaires étrangères.
Or Michel de Marillac, chef de file du parti dévot, est hostile à la politique extérieure de Richelieu, et très attaché au service de Marie de Médicis. Il est écarté, au lendemain même de la journée des Dupes, le 12 novembre 1630. Arrêté à Glatigny, non loin de Versailles, il est détenu au château de Caen, puis à Châteaudun, où il meurt le 7 août 1632.
Il a épousé, en 1587, Nicole (ou Marguerite) Barbe de La Forterie, décédée en 1600, puis, en secondes noces, Marie de Saint-Germain, veuve de Jean Amelot.
Voiraussi Caroline Maillet, Mathieu de Morgues (1582-1670) et Michel de Marillac (1563-1632) : les dévots devant l’histoire, thèse de doctorat de droit, dir. Pr Jean-Pierre Brancourt, soutenue à l’université François Rabelais (Tours), 2004 ;
Seung-Hwi Lim, La pensée politique des « Bons Catholiques » en France dans la première moitié du XVIIe siècle, thèse de doctorat d’histoire, université de Paris-Sorbonne, soutenue en 1998, dir. Pr Yves Durand ;
Stéphane-Marie Morgain, « La disgrâce de Michel de Marillac… », Histoire et Archives, n° 7, janvier-juin 2000, p. 49-79 ;
Georges Pagès, « Autour du “Grand Orage”, Richelieu et Marillac, deux politiques », Revue historique, 1937, p. 63-97 ;
Louis Moréri, Le grand dictionnaire historique…, édition de 1759, tome septième, p. 252-254.
- Voir Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, t. 2, p. 751-752. [↩]
- Joël Cornette, Les années cardinales : chronique de la France, 1599-1652, Paris, A. Colin-SEDES, 2000, p. 196. [↩]
- Voir Abel Poitrineau, article « Code Michau », dans François Bluche – dir. -, Dictionnaire du Grand Siècle, Paris, Fayard, 1990, p. 340. [↩]
- Joël Cornette, Les années cardinales…, ouvrage cité, p. 196. [↩]
- Abel Poitrineau, article « Code Michau », cité plus haut. [↩]
- Nicolas Lejay à Richelieu, 10 août 1633, Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 369. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (24 septembre 2022). Marillac (Michel de). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 12 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tq5t