Le marquis de Brézé à Richelieu, [Beaugency], 17 novembre 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 305. Original autographe.

Monseigneur,

Ma capacité n’allant jusques à avoir connaissance des affaires d’État, je me contenterai, en vous renouvelant les assurances de mon très humbles service, de vous dire que, si lorsque vous êtes auprès du Roi, vous avez tous les jours de nouvelles marques de son affection, il n’a pas moins de soin de vous en rendre des preuves dans votre absence, ce qu’il fait en parlant mille fois le jour de vous, et ce avec des termes si avantageux que je craindrais en vous les redisant, Monseigneur, diminuer quelque chose de leur grâce. Encore aujourd’hui m’a-t-il dit que les journées de votre éloignement étaient bien longues et ennuyeuses, et que si il se le fût pu imaginer au point qu’il le ressent, il aurait fait tous ses efforts pour vous détourner de votre voyage ou, pour le moins, vous aurait-il conjuré de revenir le plus tôt qu’il se pourrait.

Il est vrai, Monseigneur, que je crois qu’il ne se peut rien ajouter à l’estime, affection et révérence qu’il a pour vous. J’ai cru, Monseigneur, être obligé de vous dire ces choses, ou, pour le moins, d’en prendre le prétexte pour vous dire que je serai toute ma vie, autant que je dois, c’est à dire entièrement, Monseigneur, votre très humble, très obéissant, très fidèle et très obligé serviteur,

de Brézé

Monseigneur, faites-moi, s’il vous plaît, l’honneur de me mander si vous ne trouveriez pas bon que je donne la démission de ma charge à M. des Roches, afin que lui-même fasse le traité avec Messieurs de Villequier et Scarron, pour que vous disposiez de ce qui en proviendra comme il vous plaira, à votre retour, à cause que le Roi désire qu’il entre en possession dès ce quartier¹.

1. Voir aussi le courrier que le marquis de Brézé adresse à Claude Bouthillier, de Beaugency, le 17 novembre 1632, original autographe conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 306. Le signataire ayant appris la maladie de Richelieu, attend les ordres de Richelieu concernant sa charge de capitaine des gardes du corps du Roi. Il doit en effet la céder au marquis de Villequier, avec lequel il est entré en négociation, avant de pouvoir obtenir celle de maréchal de France. [↩]

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