Bragelongne (Marie de, Madame Bouthillier)

Marie de Bragelongne (v. 1590-1673) est la fille et unique héritière de Léon de Bragelongne, seigneur des Caves, conseiller au parlement de Paris, et de Guyonne de La Grange-Trianon. Elle appartient à la noblesse de robe qui fait carrière au parlement de Paris. Elle épouse Claude Bouthillier en 1606, et reçoit les terres et la seigneurie des Caves et du Mesnil-les-Pars, près de Pont-sur-Seine, en 1612. Elle en transmet de fait la gestion à Claude Bouthillier, qui a déjà acquis des terres non loin de là en 1608 par des achats à Jean de Troyes. Entre 1628 et 1631, le secrétaire d’État complète ses acquisitions champenoises, mais c’est en 1632 qu’intervient la transaction la plus importante : il achète la seigneurie et la châtellenie de Pont-sur-Seine aux héritiers de la princesse de Conti (les ducs de Guise et de Chevreuse), dont il faut payer les dettes.

Suit, en 1633, l’achat, à Louise de La Rivière, de la seigneurie de Pars, et à Paul Ardier de Beauregard, secrétaire des finances et trésorier général de France, son commis, de la seigneurie de Nogent-sur-Seine. Deux autres acquisitions, de moindre ampleur, complètent en 1638 et 1640, l’ensemble foncier et seigneurial détenu par Claude Bouthillier, qui entreprend aussi, en 1638, de restaurer le château des Caves.

À la même époque, Marie de Bragelongne est chargée de l’éducation de Jeanne et de Claire-Clémence de Maillé-Brézé, filles du maréchal de Brézé et de Nicole du Plessis de Richelieu, en raison de la maladie de cette dernière, qui décède le 30 août 1635. Au mois d’octobre 1633, c’est aussi l’apparition de la peste à Milly-le-Meugon, résidence habituelle de la famille de Brézé, qui détermine l’envoi de Claire-Clémence de Maillé-Brézé à Angers, auprès de ses grand-tantes, Simone de Maillé-Brézé, abbesse de Ronceray, et Yvonne de Maillé-Brézé, religieuse dans le même établissement. Mme Bouthillier « ne venant point en ces cartiers » [Milly-le-Meugon], le maréchal de Brézé fait alors aménager pour sa fille et sa préceptrice le château de Saumur ((Urbain de Maillé-Brézé à Richelieu, Milly-le-Meugon, 6 octobre 1633, Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la LorraineCorrespondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 545.)). 

Mme Bouthillier accueille aussi Jeanne et Claire-Clémence de Maillé-Brézé chez elle, au château des Caves ((Yves Le Guillou, Les Bouthillier, de l’avocat au surintendant – ca. 1540-1650 – : histoire d’une ascension sociale et formation d’une fortune, thèse de l’école des Chartes, 1997. p. 150.)).

C’est probablement Marie de Bragelongne qui intervient encore directement auprès de Richelieu, vers 1642, afin d’obtenir le mariage de sa nièce par alliance, Charlotte Bouthillier de Rancé, fille de Denis Bouthillier, seigneur de Rancé, et de Charlotte Joly de Fleury, avec Gilbert Antoine d’Albon, comte de Chazeuil1.

Elle décède le 26 mai 1673, à 83 ans2.

Le portrait de Marie de Bragelongne, face à celui de son époux, tous deux représentés par Philippe de Champaigne, se trouve dans l’église de Pont-sur-Seine. Les deux éléments font partie d’un tableau plus vaste intitulé la Remise du Rosaire ((Voir l’article de Didier Rykner, « Le décor peint de l’église de Pont- sur-Seine, un chef d’œuvre de Philippe de Champaigne en péril », publié en ligne le 20 juin 2019, https://www.latribunedelart.com/le-decor-peint-de-l-eglise-de-pont-sur- seine-un-chef-d-oeuvre-de-philippe- de-champaigne-en-peril.)). 

Voir aussi Marie-Catherine Vignal Souleyreau, « Richelieu et les Bouthillier, seigneurs de Pont-sur-Seine », Mémoires de la Société Académique de l’Aube, tome CXLV, 2021-2022, parution 2023, p. 132-136.

Textes 438, 690, 743, 746

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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  1. Voir le courrier que Richelieu lui adressa lors probablement, translation publiée en ligne, texte 746. []
  2. Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, t. 1, p. 388. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (4 octobre 2022). Bragelongne (Marie de, Madame Bouthillier). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 12 octobre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tq6q


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