Le marquis de Brézé à Claude Bouthillier, Paris, 22 novembre 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 312. Original autographe.

Monsieur,

Il a été fort à propos que la mauvaise nouvelle de la mort de feu M. le maréchal de Schomberg ait été accompagnée de la très bonne qui nous a appris l’entière guérison de Monseigneur le Cardinal, car il est vrai qu’elle nous a servi d’adoucissement au déplaisir extrême que nous causait la perte d’un homme tel qu’était celui-là. Le Roi l’a beaucoup ressentie, mais il a encore témoigné plus de crainte que l’affliction que Mondit seigneur le Cardinal en recevrait ne préjudiciât à sa santé. Il en a en une telle inquiétude, qu’il a, sur ce sujet, dépêché le sieur du Filiart [François du Filiard] exprès, pour lui en rapporter de certaines nouvelles. Elles seront excellentes, s’il plaît à Dieu nous les donner telles que nous les souhaitons. 

M. de Villequier a, ce matin, prêté le serment, après que M. des Roches a mis, avec lui et M. Scarron, l’affaire à un point qu’on peut dire qu’elle est bien. 

Pour moi, je m’en suis revenu ici pour m’y faire purger et saigner, à cause que j’ai sentiment de ma goutte, qui aussi bien me rendrait inutile auprès du Roi pour quelques jours, puisque je ne puis me tenir debout. Je retournerai trouver Sa Majesté dès que je pourrai marcher, que je crois qui sera bientôt, ma douleur étant médiocre. Le Roi s’en va demain à Saint-Germain. 

M^me votre belle-fille [née Anne Phélypeaux de Villesavin] est arrivée aujourd’hui en cette ville en parfaite santé. M^mevotre femme [née Marie de Bragelongne] se porte aussi, grâce à Dieu, très bien. Pour moi, je suis et serai toujours, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur,

Brézé

À Paris, ce lundi au soir, 22 novembre 1632.

Monsieur le Premier [écuyer de la petite écurie du Roi, Claude de Rouvroy de Saint-Simon] m’a prié que je vous écrivisse en faveur de son frère [Charles de Rouvroy de Saint-Simon] pour l’ordre du Saint-Esprit, ce que je fais plus pour m’acquitter de la promesse que je lui en ai faite que par espérance que cette affaire lui réussisse, je lui ai conseillé de ne pas trop s’y opiniâ   trer, en cas qu’il y trouvât grande difficulté¹.

1. M. le Premier et son frère aîné sont tous deux promus dans l’ordre du Saint-Esprit en 1633. [↩]

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