Melchior Mitte (1586-1649), comte de Miolans et d’Anjou, marquis de Saint-Chamond (ou Saint-Chamont), seigneur de Chevrières, est le fils de Jacques Mitte de Chevrières (1549-1606), seigneur et baron de Miolans, Saint-Chamond, Septème, Chevrières, Souzy, Grézieux et Viricelles, marquis de Saint-Chamond1, capitaine de cinquante hommes d’armes, lieutenant général pour le Roi au gouvernement du Lyonnais, et de sa première épouse, Gabrielle d’Urgel de Saint-Priest, dame de Saint-Chamond.
Il est aussi le frère de Gasparde Mitte de Chevrières, qui épouse, en 1596, Jean-Timoléon de Beaufort-Montboissier, marquis de Canilhac, puis, en secondes noces, Claude de L’Aubespine, baron de Châteuneuf. Leur père, devenu, veuf, a épousé en secondes noces, Gabrielle de Gadagne.
Melchior Mitte de Miolans de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, sert d’abord au régiment de Picardie. Selon M. Pinard, il est nommé lieutenant général en Lyonnais, Forez et Beaujolais, sur la démission de Charles de Neufville, marquis d’Alincourt, et par lettres de commissions données à Paris le 4 mai 1612.
De nouvelles lettres de commission en date du 23 février 1617 lui permettent de lever un régiment à son nom, qui sert en Bourbonnais, sous les ordres du maréchal de Montigny, avant d’être licencié le 1er mai de la même année.
En mai 1619, le marquis de Saint-Chamond se démet de la lieutenance générale en Lyonnais. Il est fait chevalier des ordres du Roi le 31 décembre suivant.
Il est créé maréchal de camp le 17 novembre 1621, et sert, en cette qualité, dans l’armée royale du Dauphiné, sous le commandement du maréchal de Lesdiguières.
Le 3 mars 1622, de nouvelles lettres de commission rétablissent son régiment. Il sert alors encore en Dauphiné avant d’être licencié le 14 février 1623.
Le marquis de Saint-Chamond cumule bientôt les charges militaires et d’importantes missions diplomatiques. En 1627, Louis XIII lui confie une ambassade extraordinaire auprès du duc Vincent II de Mantoue. Le marquis de Saint-Chamond obtient de son interlocuteur la reconnaissance, comme héritier du duché, de Charles Ier de Gonzague (1580-1637), duc de Nevers et de Rethel, prince d’Arches. Le diplomate obtient aussi que la nièce du duc de Mantoue, héritière du Montferrat, Marie de Gonzague, fille du duc François IV de Mantoue (1586-1612), soit promise à Charles de Gonzague (1602-1631), duc de Mayenne en 1621 puis duc de Rethel en 1622, fils du duc de Nevers. Le marquis de Saint-Chamond est aussi brièvement envoyé à Turin.
En 1628, il prend part au siège de La Rochelle, et y est blessé le 22 septembre, au retour d’une mission de reconnaissance du fort de Tadon. Après la capitulation de la place de sûreté huguenote, il en obtient le commandement, ainsi que sur l’île de Ré, conjointement avec Bertrand de La Hire de Vignolles.
Un pouvoir en date du 4 décembre 1630 lui accorde la lieutenance générale des armées du Roi en Provence, sous l’autorité du duc de Guise.
Il est dépêché auprès de la Reine mère en 1631, afin de négocier, et, à la fin de la même année, commande en Champagne et sur la frontière lorraine.
En mai 1632, Louis XIII lui confie le gouvernement de Calais, ôté au commandeur de Valençay. La même année, il se rend à Londres, à l’époque de l’ambassade ordinaire de François de Fontenay-Mareuil, alors que le commandeur de Valençay trouve refuge dans la capitale anglaise en juillet. Le Roi octroie à nouveau au marquis de Saint-Chamond la lieutenance générale en Provence, charge dont il se démet en 1635. En novembre 1632, il sert encore comme maréchal de camp à l’armée de Champagne.
Un pouvoir du 6 janvier 1633 le promeut lieutenant général des armées du Roi pour commander les contingents de Champagne. Parti de Mézières, il se dirige alors vers Revin et Fumay, places prises par les Espagnols alors qu’elles appartenaient à l’archevêque-électeur de Trèves, placé sous la protection de Louis XIII. Fin janvier, le marquis de Saint-Chamond est en mesure d’y installer des garnisons françaises. Le 10 février, il est fait ministre d’État, puis prend le commandement de l’armée de Champagne par pouvoir en date du 3 avril. Fin mai 1633, il parvient à chasser d’autres troupes espagnoles installées dans l’électorat de Trèves. Le 21 juin, il investit la place de Freudenburg, ville dissidente de l’électorat et y fait son entrée le 26. Le marquis de Saint-Chamond gagne ensuite le pays messin. Il commande le corps de troupes destiné au blocus de Nancy au mois d’août 1633. En cas de prise de la ville, le commandement de la garnison de Nancy lui était destiné. Mais au cours du siège, son fils, Louis, se querelle avec le marquis de La Meilleraye. Saint-Chamond fils tient tête au grand maître de l’artillerie, et subit une relative disgrâce.
Au mois d’octobre 1634, Louis XIII envoie Saint-Chamond père en Provence afin de seconder le maréchal de Vitry. Dès le mois de septembre, Louis XIII et Richelieu ont convoqué ce dernier, gouverneur de Provence, à la cour, et l’ont informé de l’envoi, sur place, de contingents de renfort menés par le marquis de Saint-Chamond, en raison non seulement d’une attaque espagnole imminente sur les côtes méditerranéennes, mais aussi des difficultés de terrain auxquelles se heurte le maréchal de Vitry, en particulier avec le parlement d’Aix, pour l’établissement et la perception de la gabelle. Un violent conflit d’autorité oppose les deux hommes de guerre.
En 1635, il est ambassadeur extraordinaire en Suède afin de renouveler avec le chancelier Oxenstern à l’alliance franco-suédoise contre l’empereur Ferdinand II2. Dans la droite ligne des accords d’Heilbronn, il est alors également accrédité en Allemagne, auprès de l’électeur de Basse-Saxe d’abord, puis en février 1636, auprès de l’électeur de Brandebourg et du landgrave de Hesse-Cassel.
En 1638, Richelieu et Louis XIII le désignent, en même temps que Mazarin, pour représenter la France au congrès de paix prévu à Cologne.
Il a épousé, le 30 janvier 1610, Isabeau de Tournon, dont il a : Louis Mitte de Miolans, marquis de Saint-Chamond, déjà évoqué, qui meurt sans alliance, à Grenoble, en 1639 ; Lyon-François, Mitte de Miolans de Saint-Chamond, abbé de Sorèze ; Just Henri Mitte (1615-1663), marquis de Saint-Chamond, comte de Miolans et d’Anjou, qui épouse Suzanne-Charlotte de Gramont, décédée le 31 juillet 1688 sans lui avoir donné d’héritier ; François Mitte de Miolans de Saint-Chamond, chanoine et comte de Lyon ; Armand-Jean Mitte († 18 juillet 1665), comte de Miolans et d’Anjou, seigneur de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, qui épouse Gasparde de La Porte-d’Ossun ; Françoise Mitte de Miolans de Saint-Chamond, religieuse aux Filles de Sainte-Marie, à Lyon ; Marie-Isabeau Mitte de Miolans de Saint-Chamond, qui épouse Louis de Cardaillac, comte de Bioule, lieutenant général pour le Roi au gouvernement de Languedoc. Melchior Mitte de Miolans décède à Paris le 10 septembre 1649, à l’âge de 63 ans.
Voir Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 225-226, p. 258 et p. 267 ;
François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse…, troisième édition, tome treizième, Paris, chez Schlesinger frères, 1868, col. 891-892 ;
M. Pinard, Chronologie historique-militaire…, Paris, chez Claude Hérissant, 1760-1778, 8 volumes, tome I, p. 428-431.
Textes 73, 132, 159, 176, 177, 354, 548, 562, 582, 584, 683, 730, 809, 873, 906, 927, 932,
- La titulature complète de Jacques Mitte de Chevrières, dit également Jacques Mitte de Miolans, est donnée par Éric Moulin-Zinutti, La Farine, le Pain, l’Argent, le Pouvoir et la Gloire. Une balade au pays des meuniers de la Coise, [Saint-Étienne], Éric Moulin-Zinutti ; Toulouse, imprimerie Coollibri, 2021, p. 211, aimable communication de l’auteur. [↩]
- Les pourparlers débouchent, au printemps 1636, sur la signature du traité de Wismar. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Marie-Catherine Vignal Souleyreau (28 mars 2022). Mitte de Miolans (Melchior, marquis de Saint-Chamond). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 9 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpjm