Claude de Bullion à Richelieu, Saint-Germain-en-Laye, 13 décembre 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 341. Original autographe.

Monseigneur,

J’ai reçu la lettre qu’il vous a plu m’écrire au VI de ce mois. Je loue Dieu de tout mon cœur de la bonne nouvelle de votre santé, tant désirée par le Roi et tous ses bons serviteurs. Aussi est-elle très nécessaire en toutes façons, et [il] faut avouer que le Roi a de très grandes inquiétudes de votre absence. Et lorsqu’il a de vos nouvelles et de l’état de votre santé, il est tellement réjoui qu’il s’en porte beaucoup mieux.

Il se porte bien, Dieu merci. M. Bouvard continue toujours ses remèdes. Cela n’empêche pas Sa Majesté d’aller à la chasse et de passer son temps, mais il est très vrai qu’il parle incessamment de vous. Je n’ai manqué de lui dire ce que m’avez commandé, dont il a été très satisfait, et m’a témoigné tant d’affection et bonne volonté pour vous qu’il ne s’y peut rien ajouter.

M. le garde des sceaux [le marquis de Châteauneuf] est arrivé. M. [Claude] Bouthillier et moi travaillons avec lui pour exécuter vos commandements, et faisons ce que nous pouvons pour servir le Roi suivant vos intentions. Le Roi a toujours quelque chose dans l’esprit contre celui dont je vous ai écrit¹. Néanmoins, ce qu’il vous a plu m’écrire a beaucoup adouci cette mauvaise humeur. 

Sa Majesté a pourvu au fait des monnaies, continuant la déclaration pour trois mois qui a été faite à Lyon, et par ce moyen la pistole s’exposera à huit livres six sols, avec défense à peine de la vie de l’exposer plus haut, pendant lequel temps on avisera avec les compagnies souveraines de l’édit qu’il faudra donner pour l’avenir. Je ne vous importune point du reste des affaires, M. [Claude] Bouthillier vous donnant avis de tout ce qu’il se passe. Je tâcherai d’obéir ponctuellement à tous vos commandements, et demeurerai, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très obligé serviteur,

Bullion

De Saint-Germain, ce XIII décembre.

1. Il s’agit toujours du marquis de Châteauneuf, à qui le Roi reproche d’avoir abandonné Richelieu, malade, voir la lettre que Claude de Bullion a adressé à Richelieu, de Paris, le 29 novembre, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 479-480. [↩]

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