Texte 462, année 1632, 18 décembre, le père Mailland à Richelieu

Le père Charles Mailland à Richelieu, Saint-Germain-en-Laye, 18 décembre 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 805, f° 165. Original autographe.

Monseigneur,

L’honneur que me fait Votre Éminence de croire que j’ai souvenance d’elle, et faire quelque état de mes pauvres prières, me donne la hardiesse de lui écrire ces lignes, ce que je n’avais auparavant osé faire, tant pour ne croire que les lettres d’un chétif religieux dussent être en aucune considération auprès d’elle que pour douter à bonne raison que fut pour l’incommodité de sa maladie fut pour le peu de capacité que j’ai, soit à écrire, soit à dire mes lettres, lui fussent importunes, pouvant conclure de l’honneur reçu des siennes que les miennes ne lui déplairont.

Je la remercierai très humblement de la faveur qu’elle m’a fait [sic], et répondrai aux deux points des siennes en toute sincérité qu’entre mes pensées, les plus douces sont de Votre Éminence. Mes affections et prières les plus ardentes sont pour elle. Mes discours les plus affectueux et cordiaux sont d’elle. Si je porte sur le cœur chose quelconque, laquelle me gêne, ce n’est que de n’être capable de l’aimer, selon qu’elle est aimable, à lui rendre service proportionné à tel amour. J’assurerai aussi Votre Éminence de la fidèle affection et entier service de tous ceux de notre compagnie, lesquels ont le bien d’avoir la connaissance de ses mérites, c’est-à-dire d’autant que nous sommes peu si, pouvant trouver lesquels, ne sachent les obligations que la France, l’Église, et notre ordre en particulier lui ont. Béni soit Dieu, lequel vous a rendu la santé. Venez, Monseigneur, venez à bonne heure, faites voir votre face au Roi et à toute sa cour. Le Roi en recevra une joie égale à la douleur qu’il a porté à votre maladie. Elle sera extrême comme l’a été sa douleur. Toute la cour en prendra sa part et moi la même, laquelle sera des meilleures, s’il plaît à Votre Éminence me continuer l’honneur à bon heure de ses grâces, Monseigneur, le très humble, très affectionné et très obéissant serviteur de Votre Éminence,

C. Malliand [sic]

De Saint-Germain-en-Laye, ce 18 décembre 1632.

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (12 octobre 2022). Texte 462, année 1632, 18 décembre, le père Mailland à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 21 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tq7s


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