Charles Gigault de Bellefonds, seigneur de Merlus, est le fils de Jean III Gigault, seigneur de Bellefonds et de Marennes, et de Marie Mautrot, sa troisième épouse. Il est le grand-oncle de Bernardin Gigault de Bellefonds, maréchal de France en 1668. Il est d’abord capitaine au régiment de Normandie en 1616. Lieutenant-colonel en 1627, il participe au siège de La Mothe, au cours duquel il est blessé (1634). Au printemps 1635, le comte de Chavigny s’adresse à lui en qualité de « commissaire des vivres, qui est avec M. d’Andilly [Robert Arnauld d’Andilly] »¹. À la même époque, il lève six régiments pour le service du Roi dans la région de Langres².

Malgré les accords de neutralité souscrits par les Comtois avec le roi de France, en raison de leur particulière vulnérabilité vis-à-vis des Habsbourg et de leur possible collusion avec Charles IV, il menace alors les villes de Gray et de Ray-sur-Saône. En mai, Bellefonds contribue àimposer l’autorité militaire française dans la zone de surséance. Il prend le contrôle de Darney, Fontenoy-le-Château, Deuilly, Monthureux, Lamarche et Châtenois, avant que l’ennemi ne reprenne les deux premières places début août³. Puis il opère sa jonction avec le maréchal de La Force à Lure (juillet 1635).  

En août, il est envoyé en renfort au cardinal de La Valette, avec ordre d’attaquer la place de Sierck, pour sécuriser le ravitaillement des troupes françaises⁴. Alors que Richelieu envisage de l’envoyer à Metz, il en est temporairement empêché par l’investissement de Sarrebruck par les troupes de don Gonzalès de Cordoue, qui, cependant, se retirent peu après⁵. À Metz le 25 septembre, il entre en conflit avec le cardinal de La Valette qui écrit moins d’un mois plus tard : « M. Servien m’a fait un très grand tort de donner lettre de cachet au sieur de Bellefonds pour commander dans la ville et citadelle de Metz. C’est une chose qui me peut porter un grand préjudice. J’en écris à M. le cardinal pour le supplier de la faire révoquer. Je crois bien que ma présence fait pour sa commission, mais je ne laisse pas de souhaiter une révocation ».⁶. Tout au long de l’automne, Bellefonds, avec la cavalerie qu’il a levée, prête son concours au maréchal de La Force. En novembre 1635, peut-être en raison de la plainte du cardinal de La Valette, Louis XIII le choisit pour commander la place de Verdun, en l’absence de Gabriel de La Vallée-Fossez, et en qualité de maréchal de camp⁷.

Il obtient le gouvernement militaire du Catelet en 1638, mais il est capturé par Ottavio Piccolomini et détenu à Valenciennes. Richelieu tente alors d’obtenir sa libération⁸.

Il décède en 1644. 

Voir aussi Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), L’œil et la plume de Richelieu : correspondances croisées, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, p. 505 ;

Henri de Campion, Mémoires…, Paris et Strasbourg, chez Treuttel et Würtz, 1807, p. 46, note ; 

François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, seconde édition, tome VII, p. 208.

Textes 467, 668, 711, 720, 

1. Le comte de Chavigny à Monsieur de Bellefonds, Château-Thierry, 25 mai 1635, minute conservée au Ministère des Affaires étrangères, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 25, f° 223. [↩]
2. Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre” : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2016, p. 224. [↩]
3. Abel Servien à Richelieu, 8 août 1635, “La raison de guerre”…, ouvrage cité, p. 364. [↩]
4. Mémoire de Chavigny destiné au cardinal de La Valette, Chantilly, 15 août 1635, mise-au-net devenue minuteconservée auMinistère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 25, f° 372-375. [↩]
5. Charles Gigault de Bellefonds à Louis XIII, Metz, 21 septembre 1635, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 145-146 ; Chavigny à Richelieu, 22 et 25 septembre 1635, Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre”…, ouvrage cité, p. 420-422 et p. 426. [↩]
6. Le cardinal de La Valette au comte de Chavigny, Metz, 17 octobre 1635, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 569-570. [↩]
7. Instructions de Richelieu à Chavigny, 23 novembre 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, “La raison de guerre”…, ouvrage cité, p. 549. [↩]
8. Voir le courrier que Richelieu adresse à Ottavio Piccolomini, le 30 août 1638, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, tome VIII, p. 340-341. [↩]

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