Le maréchal de La Force au comte Chavigny, Saint-Nicolas-de-Port, 10 octobre 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 469-470. Original, de la main du secrétaire du maréchal, sauf la signature, la formule finale et le post-scriptum autographes. Suscription au f° 470 v° : « à Monsieur, M. de Bouthillier, conseiller du Roi en ses conseils, et secrétaire de ses commandements et finances ». Pour le classement : « M. le maréchal de La Force, 10 octobre 1635 ».

Monsieur,

Vous aurez été si particulièrement informé de l’état de cette armée par ceux qui sont allés vers Sa Majesté que n’étant rien survenu depuis, je n’y saurais rien ajouter. Aussi, M. d’Angoulême m’a dit qu’il vous écrivait bien au long. Celle-ci ne sera donc que pour vous supplier très humblement, Monsieur, me départir votre favorable assistance à ce que le congé qu’il a plu à Sa Majesté m’accorder il y a déjà plus de deux mois, il lui plaise maintenant agréer que j’en puisse jouir. Je vous assure que je ne suis nullement en état de servir comme je désirerais, ayant une extrême appréhension que l’hiver me trouve à la campagne.

Je dépêche exprès M. de Saint-Orse vers Sa Majesté et vers Son Éminence, auquel je me remets aussi pour ce qui regarde l’état des affaires de-deçà. Si j’ai ce bonheur d’avoir un peu de relâche, même pour guérir d’un fâcheux mal qui m’est survenu à une jambe, et que l’on juge que je puisse servir, je tiendrai toujours à beaucoup de bonheur de témoigner que je n’ai point manqué d’affection. Je suis obligé de rendre ce témoignage à M. d’Angoulême qu’il sert avec tant de soin et d’adresse que je n’y puis rien ajouter. C’est avec beaucoup de regret et de déplaisir, qu’en ses occasions, je sois contraint de demander quelque repos. Mais je vous assure que je me trouve si accablé de corps et d’esprit et ai tous mes petits affaires [sic] en si mauvais état, toutes choses me nécessitent à en venir là, et vous supplie encore un coup qu’en me continuant vos bons offices, m’y veuillez être aidant, et vous assure que n’obligerez jamais personne qui vous soit plus acquise et sur laquelle ayez plus de pouvoir et commandement. Vous baisant très humblement les mains, je suis, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur,

Caumont La Force

Ce X octobre, au camp de Saint-Nicolas.

Monsieur,

Mes indispositions et incommodités m’affligent, et mon affliction redouble, me voyant contraint, en l’état où je vois les affaires, de demander permission d’aller prendre du repos, ne pouvant aussi supporter de ne me voir en état de servir ainsi que je désirerais. J’ai prié M. de Saint-Orse de vous représenter le tout. Il a aussi tant de connaissance de tout l’état des affaires de deçà que je m’en remets à lui.

Monsieur,

Je vous conjure sur l’amitié que m’avez fait l’honneur de me promettre de m’être favorable en ma poursuite, vous assurant encore que je ne la <démens> pas sans grande nécessité, mais surtout que ce soit avec l’agréation de Sa Majesté et de Son Éminence, car j’aimerais autant mourir autrement.

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