Le maréchal de La Force au comte de Chavigny, Saint-Nicolas-de-Port, 17 octobre 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 560-561. Original autographe. Suscription au f° 561 v° : « à Monsieur, M. de Bouthillier, conseiller du Roi en ses Conseils et secrétaire de ses commandements et finances ». Pour le classement : « M. le maréchal de La Force, Saint-Nicolas, 17 octobre 1635 ».

Monsieur,

Les commandements du Roi, avec ce que je dois à son service, ont trop de pouvoir sur moi pour être défaillant en des occasions si importantes que celles qui se présentent. Vous aurez bien pu reconnaître par mes lettres, et ce que vous en aura dit M. de Saint-Orse, que je n’avais point autre intention. Mais je vous supplie très humblement, Monsieur, que cette occasion passée, vous soyez favorable à ce que je me puisse retirer avant l’hiver, vous protestant que j’y suis forcé par les nécessités auxquelles je me trouve de pourvoir à ma santé. J’eus encore devant hier une si violente colique, avec de si grands vomissements, que je ne croyais pas m’en pouvoir remettre de longtemps, mais je pris hier une purgation qui m’a grandement profité.

J’espère à présent que MM. le Premier [écuyer de la petite écurie, Claude de Rouvroy de Saint-Simon] et Grand Maître [de l’artillerie, le marquis de La Meilleraye] vous ont joint, avec les belles forces qu’ils ont menées, que nous marcherons dès demain. Nous avions dessein de nous rapprocher vers l’armée du duc Charles, que je crois que nous pourrions fort incommoder, espérant que M. le cardinal de La Valette, avec l’armée qu’il commande, pourrait s’opposer à celle de Gallas. Mais hier au soir, Mondit sieur le Cardinal et le duc Bernard [de Saxe-Weimar] nous ont donné avis que le Gallas s’est approché jusques à Delme, et que le duc Charles y est logé avec l’avant-garde, ce qui nous obligera à autre résolution, ainsi que verrez par le mémoire auquel me remettant, je ne vous retiendrai de plus longue lettre, que pour vous confirmer les assurances de mon très fidèle service, et que je demeure comme votre très obligé à jamais, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur,

Caumont La Force

Le XVII octobre, au camp de Saint-Nicolas.

Monsieur,

Je ne doute point que tout ce qui est envoyé à Sa Majesté ne soit communiqué à Monseigneur le Cardinal, qui m’empêche de lui être importun par mes lettres. Je crains bien que l’armée de M. le cardinal de La Valette ne soit encore en état de pouvoir marcher et la diligence est très requise.

Monsieur,

Je viens d’avoir avis présentement comme le duc Charles, qui était allé vers Gallas, arriva lundi à Rambervillers, et en partit le mardi avec toute son armée, prenant son chemin vers ledit Gallas. Étant joints, j’estime que nous devons aussi joindre les armées de Sa Majesté, à quoi nous travaillons, et qu’avec cela, nous les pouvons pousser sans difficulté. Mais je crains que cela ne pourra être si tôt. L’on nous a donné avis que Gallas avait envoyé quelques troupes pour assiéger Saverne. C’est une assez mauvaise place, qui ne pourra guère tenir.

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