Le duc d’Angoulême au comte de Chavigny, Saint-Nicolas-de-Port, 17 octobre 1635.

Ministère des Affaires étrangères, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 565-566. Original, de la main d’un secrétaire. Suscription au f° 566 v° : « à Monsieur, M. Bouthillier, conseiller du Roi en ses conseils et secrétaire de ses commandements ». Pour le classement : « M. le duc d’Angoulême, Saint-Nicolas, 17 octobre 1635 ».

Monsieur,

Étant attaqué à une main, je vous demande pardon si je me sers de celle-ci pour vous assurer de la continuation de mes services, à quoi je suis si obligé par les marques que je reçois tous les jours de votre bonne volonté que s’il me restait rien à vous offrir de plus de ce qui nous est acquis par les affections à vous servir, je l’ajouterais très volontiers, et plutôt encore par effet que par parole.

Je ne réponds points à tous les blâmes que l’on donne au peu d’effets de cette armée, parce que puisque l’on les estime tels, je le crois de même. Mais la suite vous fera connaître que tout ce que je vous ai mandé a été selon la vérité des puissances et les occasions présentes qui se sont offertes, dans lesquelles j’aurais cru faillir sans remède si je n’étais mis en état d’empêcher les nécessités qui, forcément, m’eussent réduit à un état aussi déplorable qu’il eût été désavantageux à l’autorité du service du Roi.

J’étais résolu de partir aujourd’hui pour aller droit à Rambervillers, mais les affaires changeant de face, il nous a fallu changer de résolution, car M. le cardinal de La Valette et M. le duc de Weimar nous ont mandé par trois diverses courriers que l’avant-garde de l’armée de Gallas était venue prendre la poste de Delme et que le reste de l’armée la suit et défait les troupes de Mondit sieur duc de Weimar, se sont venues camper le long de la rivière de la Meurtre [sic], entre Marchéville et Nancy. Et néanmoins, je ne tiendrais pas cela trop assuré, croyant que ce qui se sont avancés jusque-là n’a été qu’à dessein de couvrir l’élèvement du camp du duc Charles, lequel partit hier avec toute son armée, composée de sept à huit mille chevaux, bons et mauvais, et quatre à cinq mille hommes de pied, <…> lesquels ont été comptés en passant à une mousquetade à Deneuvre, par le capitaine du château, et sont allés loger à Ravon [Raon-lès-Leau]. Le même avis porte que le Gallas lui doit envoyer renfort de dix mille hommes et que la munition se fait à Phalsbourg et Badonviller pour l’un et pour l’autre. Sur cela, j’ai envoyé en diligence à M. le cardinal de La Valette aux fins portées par le chiffre, et, cependant, je partirai demain pour m’avancer vers eux afin de ne perdre point l’occasion, si elle se présente, d’y faire effet. S’il vous plaît, vous nous enverrez les ordres par écrit, que doivent tenir les régiments de M. d’Enghien, et celui de M. le duc de Saint-Simon.

Je vous avoue que j’ai failli à perdre l’esprit pour les montres de l’armée, desquelles je ne suis d’accord que pour la cavalerie, avec de si grandes plaintes que je vous proteste que ce sera la dernière fois que je m’en mêlerai.

Vous aurez avis à toute heure de ce qui arrivera et des résolutions que prendront MM. de La Valette et Weimar, et cependant je vous supplierai de me tenir pour, Monsieur, votre très affectionné serviteur,

Charles de Valois

Au camp de Saint-Nicolas, le XVII^e octobre 1635.

Monsieur,

Depuis ma lettre écrite, M. le duc de Weimar m’est venu trouver. Je remets à M. de La Cour d’Argy, qui dira au Roi et à vous ce qui s’est passé en notre conférence.

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