Henri de Jaubert, comte de Barrault, à Louis XIII, Nancy, 18 octobre 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 581-582. Original autographe. Suscription au f° 582 v° : « au Roi ». Pour le classement : « M. de Barrault, Nancy, 18 octobre 1635 ».

Sire,

Je crois que Votre majesté aura su comme Messieurs les généraux des armées de Votre Majesté se donnèrent le rendez-vous ici, il y a quelques jours, pour résoudre des affaires, lesquels je reçus le mieux que je pus. Depuis, M. le Premier [le duc de Saint-Simon] a passé, et M. de La Meilleraye, avec toute la cavalerie et infanterie que Votre Majesté a envoyé dans l’armée de MM. d’Angoulême et de La Force, qui était en très bon état, ce qu’ayant su, le duc Charles a délogé de Rambervillers et s’est allé trouver Gallas, qui lui a baillé près de cinq à six mille chevaux, et avancé ces courriers vers Delme. Ce qu’ayant su, le duc de Weimar, qui était à Metz, mande au comte rhingrave de Morhange de s’en venir loger entre la rivière et cette ville, tout proche d’ici, ce qu’ils ont fait deux nuits. Soudain qu’il fut de retour de Metz, où il serait allé trouver M. le cardinal de La Valette, il fut à Saint-Nicolas résoudre avec MM. d’Angoulême et maréchal de La Force de marcher, lesquels partent à nuit pour aller loger à Eincheville, avec toute l’armée, ainsi que le sieur de La Cour d’Argy, qui s’en va trouver Votre Majesté de la part de Messieurs les généraux, lui dira, ensemble de leur résolution.

Pour Gallas, M. le duc de Weimar me mande que son avant-garde était à Viviers, commandée par le duc Charles, et que Gallas le suit avec le reste de son armée, qui font en tout près de dix-huit mille chevaux, et autant d’infanterie, et nombre d’artillerie, et la plupart de vieilles bandes.

Ledit duc de Weimar partit aujourd’hui pour <virer>¹ vers Vic[-sur-Seille], et avait envoyé cette nuit reconnaître l’ennemi avec six cents chevaux qui l’attendaient, pour en savoir des nouvelles certaines. Je l’ai reconnu si plein d’affection au service de Votre Majesté que cela m’oblige de lui faire donner cent boulets de douze de calibre et cinq quintaux de mèches qu’il m’a faits demander avec grande instance, que je n’ai pu lui refuser, le voyant partir avec une si généreuse résolution de bien servir Votre Majesté.

Je crois qu’Elle aura su le grand dégât de vivres que ces armées, logées si près de nous, ont porté, et le peu d’espérance qu’il y a à présent d’en pouvoir recouvrer à la campagne, étant toute ruinée, comme j’ai prié le sieur de La Cour d’Argy de lui représenter, et d’autres choses, auquel je me remets, attendant l’honneur de recevoir ces commandements, à l’obéissance desquels j’y apporterai toute l’affection et fidélité de celui qui veut demeurer éternellement, Sire, votre très humble et très obéissant et très fidèle sujet et serviteur,

Barrault

De Nancy, ce 18^e octobre 1635.

1. Le mot est pris dans la reliure. [↩]

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