Léon Bouthillier, comte de Chavigny, à Henri de Jaubert, comte de Barrault, Nancy, 15 novembre 1635.

Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 27, f° 76-77. Minute. Pour le classement : « Nancy, à M. le comte de Barrault, 15 novembre 1635 ».

Monsieur,

J’ai reçu vos lettres des 25^e du mois passé, 2 et 7^e du présent¹. Je vous dirais sur la première que le Roi ayant approuvé le soin que vous avez pris de parler fermement aux maîtres de camp et officiers de votre garnison pour les faire tenir en leur devoir, que les avis que vous me donnez sur les autres choses de delà ont été bien reçues, et Sa Majesté trouve bon que les trois régiments, qui sont dans la ville neuve, soient cantonnés suivant votre proposition, ainsi que vous verrez par l’ordre particulier qu’elle vous donne sur ce sujet. 

Je trouve bien étrange ce que vous m’écrivez par la seconde du procédé du sieur de Miremont, capitaine au régiment de Saint-Étienne. Son action est de très mauvaise conséquence, et serait bien à propos de le faire châtier, s’il y avait moyen.

Le Roi a été très aise d’apprendre par votre dernière la défaite des Cravates qui étaient allés piller Saint-Nicolas. Vos service et vigilance sont estimés : si on faisait souvent de semblables actions, ces gens-là n’entreprendraient pas si hardiment comme ils font.

Lorsque Madame de Remauville [née Henriette de Tornielle, marquise de Rémoville] sera en état de pouvoir sortir, il faudra exécuter ce qui vous a été mandé, tant sur son sujet, que sur celui du comte de Tournelle [Joachim Charles-Emmanuel de Tornielle], son père, étant certain que vous devez être toujours en jalousie de ces gens-là, qui ont des intelligences et des amis dans la Lorraine, et qui jusqu’à présent ont témoigné avoir beaucoup d’inclination pour le duc Charles.

Au reste, je vous dirais en confiance que le Roi m’a mandé M. de Chamblay que, parce qu’il a eu avis qu’il ne marchait pas de bon pied, nous voyons bien par votre lettre qu’il devait partir bientôt après, mais cela n’empêche pas les soupçons qu’on a de lui. C’est pourquoi Sa Majesté a jugé à propos de vous donner ordre de lui dire encore une fois qu’il la vienne trouver, et, en cas qu’il diffère son voyage, de le faire arrêter. S’il se conformait à ce que l’on désire, vous ne lui ferez, s’il vous plaît, rien connaître de cette résolution. Au contraire, il sera bien à propos que vous traitiez avec lui comme par le passé, sinon il faudra exécuter la volonté du Roi le plus civilement et doucement que vous pourrez. Si je croyais que vous eussiez le chiffre qui était entre vous et moi lorsque vous étiez en Espagne, je m’en servirais pour vous faire savoir tout ce qui est sur le sujet dudit sieur de Chamblay, d’autant qu’il faut tenir cette affaire secrète. Je vous supplie de me mander si vous l’avez, afin qu’aux occasions, nous nous en puissions servir, comme aussi de me croire toujours.

[Projet de dépêche au nom de Richelieu] M. le comte de Barrault, croyant que les soldats des trois régiments qui sont dans la ville neuve de Nancy se porteraient mieux s’ils étaient cantonnés, et qu’ils seraient plus prompts pour aller aux alarmes qu’ils ne font, je vous écris cette lettre pour vous dire que vous fassiez cantonner lesdits trois régiments qui sont dans ladite ville neuve, à quoi m’assurant que vous satisferez. 

[Projet de dépêche au nom de Louis XIII] M. le comte de Barrault, ayant eu avis que le sieur de Chamblay entretient quelques pratiques qui pourraient préjudicier à la sureté de la ville de Nancy, je désire que vous lui disiez, conformément à la lettre que je vous écrivais dernièrement sur son sujet, et en cas qu’il me vienne trouver pour m’informer des affaires de delà, et en cas qu’il ne parte point incontinent après, je vous ordonne de le faire mettre dans la citadelle de Nancy et de l’y tenir sous bonne et sûre garde jusqu’à ce que vous receviez autre ordre de ma part sur ce sujet. Priant Dieu qu’il ***.

1. Henri de Jaubert, comte de Barrault, à Claude Bouthillier et à Léon Bouthillier, comte de Chavigny, Nancy, 25 octobre 1635, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 26, f° 636-637 ; Henri de Jaubert, comte de Barrault, à Chavigny, de Nancy, le 2 novembre 1635, original conservé au Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 27, f° 5-6 ; le comte de Barrault au comte de Chavigny, Nancy, 7 novembre 1635, original conservé Ministère des Affaires étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 27, f° 30-31, voir texte 483. [↩]

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