René de Voyer (1596-1651), comte d’Argenson, est le fils de Pierre de Voyer, seigneur d’Argenson, et d’Élisabeth Hurault. En 1622, René d’Argenson épouse Hélène de La Font. D’abord avocat au parlement de Paris (1615), il accède à la charge de conseiller au Parlement après la résignation qu’en fait, en sa faveur, son oncle par alliance, Jean de Bérulle, frère du cardinal. René d’Argenson est ensuite conseiller d’État (1625), maître des requêtes (1628), commissaire du Roi pour la démolition de la citadelle et des fortifications de Bergerac (1629). Intendant de justice et finances en Dauphiné, il est chargé du ravitaillement des troupes de Piémont et Montferrat en 1630. Le 10 septembre 1631, il est nommé procureur général auprès de la chambre de l’Arsenal que le Roi vient d’établir.

Au début de l’année suivante, le comte d’Argenson est chargé d’instruire le procès de trois hommes, Doron, Barbier et Quesnel, auteurs de libelles diffamatoires visant Richelieu et son frère, l’archevêque de Lyon. En octobre 1632, c’est encore le comte d’Argenson qui procède à l’arrestation des gentilshommes qui se sont ralliés à Monsieur pendant sa chevauchée. Certains tentent de se faire reconnaître la qualité de « domestique » pour bénéficier de l’amnistie royale. Le comte d’Argenson détient également la charge d’intendant de justice dans les provinces de Touraine, Berry, Limousin, Angoumois, Marche et Auvergne. C’est dans le cadre de ces dernières fonctions que le comte d’Argenson met en œuvre la destruction de la forteresse d’Aubusson, jugée dangereuse en tant que place protestante, et dont l’importance stratégique est apparue plus vive encore lors de la révolte du duc d’Orléans pendant l’été 1632. Le 30 juin 1634, René d’Argenson est promu intendant d’Auvergne. Il dénonce, dans ce cadre, à Richelieu les exactions commises depuis de nombreuses années par des notables de la région, qui rançonnent les marchands. Il entreprend, en compagnie du vice-bailli d’Aurillac, d’assiéger le château de Merle, où les fauteurs de troubles, les sieurs de Merle et du Trioulou, ont trouvé refuge après la destruction du château du Peyrou, et obtient leur reddition. Le château de Merle fait partie des seize châteaux d’Auvergne détruits sur ordre de Richelieu à cette époque¹. En janvier 1635, le comte d’Argenson reçoit une lettre de cachet ordonnant la destruction du château de Cheylade, et la confiscation de tous les biens d’un complice des sieurs de Merle et du Trioulou, l’abbé Charles d’Estaing, condamné par contumace sur les mêmes chefs d’accusation. Intendant d’une des armées dont le Roi doit prendre la tête (mai 1635), il exerce les mêmes fonctions auprès de celle que lève le maréchal de La Force parmi les corps de métiers de Paris en septembre 1636, et prend part, dans ces circonstances au siège de Corbie. Intendant de l’armée d’Italie au printemps 1637, il devient conseiller d’État semestre l’année suivante et se défait de sa charge de maître des requêtes. En août 1640, il est capturé en Italie alors qu’il organise le ravitaillement des troupes engagées en Piémont. Libéré contre une rançon, il est envoyé en Catalogne (1641) afin de négocier au nom de Roi la cession de la principauté et de tenir la charge d’intendant des armées de terre et de mer. Il est promu conseiller d’État ordinaire en mars 1643. Sa carrière, exceptionnelle, se poursuit sous la régence d’Anne d’Autriche : intendant pour la justice, police et finances en Poitou, Saintonge et Angoumois, et dans les élections de Saintes et de Cognac ; plénipotentiaire auprès des princes italiens et surintendant de justice, police, finances et vivres en l’armée de terre engagée en Italie en 1646 ; commissaire aux États de Languedoc (1647) ; commissaire pour la pacification de la Guyenne (1649) ; enfin chargé de mission à Turin, avant de décéder à Venise le 14 juillet 1651.

Textes 35, 74, 672, 870, 899, 

Marie-Catherine Vignal Souleyreau

Docteur en Histoire, ingénieur d'études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres, Institut de Recherche sur les Civilisations de l'Occident Moderne (IRCOM - Centre Roland Mousnier)

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1. Henri IV avait déjà fait procéder, en 1603-1604, à la destruction de la forteresse de Carlat. Richelieu ordonne le démantèlement, en Haute-Auvergne, des places de Merle, de Calvinet, de Pleaux, de Charlus, et plus au nord de Murat ; en Basse-Auvergne, des châteaux de Vodable, Olloix, Buron, Ybois, Nonette, Mercurols, Vertaizon, Montpensier, Montaigut, Chantelle et de la forteresse d’Usson. Daniel Martin (dir.), L’identité de l’Auvergne : mythe ou réalité historique, Nonette, éd. Créer, 2002, p. 287-28 [↩]