Louis Chantereau-Lefebvre (v. 1588-1658) exerce d’abord les fonctions de président des trésoriers de France à Soissons. Tandis que Samuel de La Nauve est commis par le roi de France pour la saisie du Barrois mouvant au mois d’août 1633, Louis Chantereau-Lefebvre est nommé « intendant de finances et domaines, ou de tailles, gabelles, bois au duché de Bar et prévôtés de Lamarche, Châtillon-sur-Saône, Conflans-en-Bassigny [auj. Conflans-sur-Lanterne] et Gondrecourt, qui sont mouvantes de nous »¹, et installé dans ses fonctions par Samuel de La Nauve le 10 septembre 1633, en même temps qu’Antoine Barrillon de Morangis l’est en tant qu’intendant de justice et finance au duché de Bar.

Samuel de La Nauve, dans son procès-verbal de saisie du Barrois, mentionne : « et ledit jour dixième septembre, nous étant en ladite chambre des comptes assistés comme dessus et ayant avec nous le sieur Lefebvre, conseiller du Roi, président et trésorier en la généralité de Soissons, ledit sieur Lefebvre nous aurait mis en main une commission du Conseil à lui adressante pour faire audit duché de Bar la fonction d’intendant des finances qu’il nous aurait requis de faire enregistrer, tant au greffe de ladite chambre des comptes que bailliage et partout ailleurs que besoin sera »². 

Le 16 septembre 1634, Louis XIII procède à l’établissement d’un conseil souverain dans Nancy, et confie la charge d’intendant compétent pour la ville de Saint-Mihiel à Louis Chantereau-Lefebvre, précisant en outre que ce dernier « présidera audit Parlement ». Louis XIII a rédigé des lettres royales, dans le même sens, en faveur d’Antoine Barillon de Morangis. Par la suite, Chantereau-Lefebvre joue de la confusion établie entre conseil souverain de Nancy et parlement de Saint-Mihiel. Il revendique la prééminence sur les autres membres du conseil souverain, et s’attire l’hostilité de ses collègues. Il s’intitule lui-même « conseiller du Roi, président trésorier général de France au bureau des finances à Soissons, et intendant des domaines et finances ès duchés de Loraine et Barrois »³. 

Vers la même époque, Louis Chantereau-Lefebvre, à la suite de Théodore Godefroy et Pierre Dupuy, apporte une contribution déterminante à la justification des droits du roi de France sur le Barrois, justifiant l’annexion pure et simple. Chantereau-Lefebvre développe en particulier l’argument dynastique et rédige des Considérations historiques sur la généalogie de la maison de Lorraine, imprimées en 1642⁴. L’auteur y rappelle cependant « que son mémoire en deux livres sur les droits de souveraineté, mouvance et propriété du Roi sur le duché de Bar fut composé au début de 1634 et présenté à ceux qui sont sur nos têtes et auxquels les opérations de l’esprit sont aussi bien subordonnées que celles qui concernent la conduite de notre vie ». Il y montre que la principauté « barroise » est à l’origine propriété des souverains carolingiens. Il établit que l’érection du Barrois en comté par le roi de France a aussi placé la seigneurie sous la suzeraineté de la Champagne. 

Louis Chantereau-Lefebvre est fait conseiller d’État par lettres datées du 15 septembre 1635⁵. 

Les papiers de l’intendant des finances aux duchés de Lorraine et de Bar sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale de France, coll. Manuscrits français, vol. 4845 à 4873. Une partie de la correspondance entretenue par Chantereau-Lefebvre avec Léon Bouthillier de Chavigny et Sylvestre Crugy de Marcillac se trouve également au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 15, 26 et 28, mais aussi coll. Mémoires & Documents France, vol. 816.

Textes 493, 495, 729, 

1. Alphonse Schmitt, Le Barrois mouvant au XVII^e siècle (1624-1697), Bar-le-Duc, 1929, p. 84, numéro spécial des Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc et du musée de géographie, tome 47 – V^e série, tome VIII -, 1928-1929. [↩]
2. Le texte a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010,  p. 569. [↩]
3. Extrait d’un procès-verbal dressé par Louis Chantereau-Lefebvre. Nancy, 8 juillet 1634, copie conservée au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 15, f° 25. [↩]
4. Bibliothèque nationale de France, coll. Manuscrits français, vol. 4845. [↩]
5. Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 815, f° 196. [↩]

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