Claude Bouthillier à Richelieu, Saint-Germain-en-Laye, 27 décembre 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 803, f° 362. Original autographe.

À Saint-Germain-en-Laye, ce lundi matin, 27 décembre 1632.

Monseigneur,

Le Roi m’a fait l’honneur de me dire que vous lui avez mandé par Thévenin¹ que vous seriez à Rochefort le 3 ou 4 du mois prochain, de sorte que Sa Majesté fait état de partir le lendemain du premier jour de l’an, et peut-être ce jour-là même, après ses dévotions, pour aller à Dourdan, en passant à Versailles, qui est son droit chemin. Si le temps se fut adouci, Sa Majesté fut allée dès hier à Versailles pour faire plater [sic] force plan qui lui est venu de Montpellier depuis deux ou trois jours. La continuation de la gelée a rompu ce voyage, et le dégel est attendu avec impatience pour faire planter, à quoi Sa Majesté prend maintenant un fort grand plaisir. Le retour du petit courrier que je vous ai dépêché par commandement du Roi pour savoir ponctuellement le jour que vous arriverez à Rochefort en rendra Sa Majesté plus assurée. Il lui tarde que le premier jour de l’an soit venu, et je vous puis assurer, Monseigneur, que, dans l’espérance de vous revoir, Sa Majesté va de plus en plus affermissant sa santé, que vous trouverez meilleure, grâce à Dieu, que vous ne l’avez point encore vue.

M. l’abbé de Coursan ayant su que le Roi a déjà fait réponse à la lettre qu’il lui apporta l’autre jour de votre part, ne s’est pas présenté. Il vous va retrouver sur l’affaire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, qui sera une belle augmentation de revenu à votre prieuré de Cluny, sans y comprendre les louages de la maison de Paris. Ledit sieur abbé de Coursan croit que vous pourrez maintenant vendre l’hôtel de Cluny pour fournir aux charges auxquelles la réforme que vous avez commencée vous oblige. Il dit qu’il y a encore de très grandes dépenses à faire.  Je partirai la veille du premier jour de l’an, pour aller au-devant de vous, le plus loin que je pourrai, et serai toute ma vie comme je dois inviolablement, Monseigneur, votre très humble, très obéissant, très fidèle et très obligé serviteur,

Bouthillier

1. Il pourrait s’agir de François Thévenin, chirurgien oculiste du Roi, ou bien de Pierre Thévenin, conseiller au présidial de La Rochelle. On trouve en effet aux archives diplomatiques, coll. Mémoires & Documents France, vol. 803, f° 365-368, un inventaire d’archives trouvées à La Rochelle, établi à Paris, le 30 décembre 1632. [↩]

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