Jacques Turgot à Richelieu, 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires et Documents France, vol. 805, f° 245. Original autographe.
Monseigneur,
Sans abuser du temps que vous employez si utilement au bien et avantage de l’État, permettez-moi, Monseigneur, pour satisfaire au respect qui vous est dû, et au devoir de ma charge, de vous rendre raison du commencement, progrès et fin d’une sédition qui, dans peu de jours, eut ruiné la ville de Caen, et dont l’exemple commençait à porter la contagion dans le plat pays. Elle s’est élevée sous couleur de la disette des blés, menacée par le fréquent transport qui s’en est fait ès pays étrangers, quoique le voisine semble être fournie avec abondance. Elle s’est fomentée par la connivence de quelques officiers et notables bourgeois, et enfin étouffée par la sévérité où j’ai porté les résolutions, et de M. [Charles Goyon] de Matignon et des magistrats. Mondit sieur de Matignon a grandissime part à l’honneur du succès.
Si j’eusse au commencement été mieux soutenu des forces de la ville, j’aurais empêché la rupture des prisons, et retenu les séditieux par la perte de leur vie. On attend de vous, Monseigneur, en raison convenable des remèdes pour satisfaire à l’injure publique. Et moi je serai toujours prêt de vous rendre témoignage d’une très fidèle et très humble servitude, puisque, par le consentement de vos bontés, vous avez rappelé en cour mes esprits mouvants pour leur redonner lettre, ouvrage digne de vos pouvoirs, et en quoi votre bonté me laisse si étroitement obligé que je renonce désormais à vivre sinon pour la seule gloire de votre nom et en la qualité de, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très acquis serviteur,
Turgot, maître des requêtes
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (6 décembre 2022). Texte 530, année 1632, quantième indéterminé, Jacques Turgot à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 21 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqbg