Mathieu Molé à Richelieu, 13 février 1632.

Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne, coll. Richelieu, vol. 18, f^° 109-110. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 95-96.

Monseigneur,

Ce jourd’hui ayant reçu lettre par le messager ordinaire de Bruxelles, j’ai cru être obligé de ne perdre point de temps, et aussitôt en ayant conféré avec M. des Roches, il a été trouvé à propos d’envoyer homme exprès sur le lieu. Et encore qu’il puisse rester quelque soupçon de cet avis, néanmoins, cet homme n’ayant fait difficulté de mettre son nom, sa qualité et sa demeure, on a fait partir aussitôt un des hommes du chevalier du guet [Louis Testu], afin de reconnaître la vérité du contenu en la lettre. 

Les petits ressorts ne laissent pas d’aider à la conduite des plus grandes machines, et les moindres choses peuvent bien servir à découvrir de grands desseins. Il n’y a rien à négliger en ce qui regarde l’État, et principalement au moment de nos affaires publics. 

Je ne manquerai, Monseigneur, de vous rendre compte de ce qui se passera, non seulement en ce rencontre, mais en toute autre chose qui méritera d’être su de vous, m’estimant assez heureux qu’il se présente occasion pour vous faire ressouvenir que personne n’honore votre vertu et votre courage plus que moi, qui serai toute ma vie, Monseigneur, votre très humble et très fidèle serviteur, 

Molé

13° février 1632

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