Philippe de La Mothe-Houdancourt (1605-1657), comte de de La Mothe, comte de Beaumont-sur-Oise puis duc de Cardone en 1642, est l’un des plus brillants hommes de guerre de son temps. Troisième fils de Philippe de La Mothe-Houdancourt (1558-1652), seigneur de La Mothe-Houdancourt, de Sacy et de Rucourt, et de sa troisième épouse, Louise Charles du Plessis-Picquet (cousine du commandeur Amador de La Porte), il est donc apparenté à Richelieu et est aussi le demi-frère du marquis Antoine de La Mothe-Houdancourt (1592-1672). Philippe de La Mothe-Houdancourt embrasse très jeune la carrière des armes.

Dès l’âge de 17 ans, il s’engage contre les protestants parmi les chevau-légers du duc de Mayenne et prend part aux sièges de Nègrepelisse, puis de Saint-Antonin, de Sommières, de Lunel et de Montpellier. Au mois de septembre 1626, il combat aux côtés du duc Henri II de Montmorency contre les Rochelais et contribue à chasser les Anglais de l’île de Ré l’année suivante. En 1629, il participe encore aux sièges de Soyon, Pamiers, Réalmont, Saint-Sever, Castelnau et Privas. En 1630, il prend part à l’expédition de Pignerol. Le 6 août de la même année, il est blessé au pont de Carignan.

En 1632, fidèle au Roi, il combat auprès du maréchal de Schomberg lors de la bataille de Castelnaudary, et obtient, en récompense des services rendus, le gouvernement de Bellegarde, tandis que son frère Antoine reçoit le gouvernement de la place de Marsal. En 1633, il est promu maître de camp du régiment d’infanterie qu’il lève.

En 1634, la place de Clermont-en-Argonne, cédée en toute propriété au roi de France par le duc Charles IV de Lorraine aux termes du traité de Liverdun (26 juin 1632), devient le siège d’une prévôté française, en remplacement de l’ancien bailliage lorrain. Le commandement militaire en est confié à Monsieur de Beaumont¹. 

Après l’entrée de la France en guerre ouverte, Philippe de La Mothe-Houdancourt confirme ses talents militaires. Il est présent à Avein le 20 mai 1635, puis participe au siège de Louvain et à l’investissement du fort de Schenk. On le retrouve en 1636 avec le grade de sergent de bataille dans l’armée de Bourgogne. C’est à ce titre qu’il repousse le duc de Lorraine et le général Gallas à Saint-Jean-de-Losne. Maréchal de camp en 1637, il prend la tête d’une partie de l’armée française envoyée en Allemagne, et combat à la tête de l’infanterie à Kintzingen. En 1638, il retrouve l’armée de Bourgogne, sous les ordres du duc de Longueville, et se distingue à Poligny. En 1639, il s’empare du château de Blâmont. Au mois de mai, il est fait lieutenant général en Bresse et capitaine d’une compagnie de gendarmes, puis il passe en Piémont où il assure l’intérim du commandement des troupes, après le décès du cardinal de La Valette et avant l’arrivée du comte d’Arcourt. Si Philippe de La Mothe-Houdancourt parvient encore à s’emparer de Quies au mois d’octobre 1639, il ne peut empêcher la retraite d’Arcourt. En 1640, le comte d’Houdancourt participe à la bataille de Casal et au siège de Turin.

Il accède à la lieutenance générale des armées du Roi le 17 janvier 1641 et est envoyé en Catalogne sous les ordres du prince de Condé. Il s’empare de Valls, de Lescouvette, des forts de Salou et de Constanti, puis assiège Tarragone, d’ailleurs en vain. Au mois de septembre, grâce à un habile subterfuge, il s’empare du camp espagnol installé devant Almenas. En 1642, La Mothe-Houdancourt se distingue encore en Catalogne. Il bat notamment une armée espagnole dépêchée au secours de la ville de Collioure assiégée par Louis XIII. Le 2 avril, le roi de France, en remerciement, lui confère la dignité de maréchal de France. Quelques semaines plus tard, après la démission du maréchal de Brézé, il accède à la vice-royauté de Catalogne. En octobre, il sauve la place de Lérida face à un contingent espagnol bien supérieur au sien, mené par Leganez. Le maréchal Houdancourt est à nouveau récompensé par une vice-royauté, celle de Barcelone.

Il peut s’y maintenir en 1643, mais il est battu par Philippe de Silvas l’année suivante (août 1644). En décembre, la vice-royauté de Catalogne lui est retirée. Malgré d’exceptionnels états de service, il est arrêté et emprisonné au château de Pierre-Encise. Les raisons de la disgrâce qui le frappe restent obscures. Après quatre années de détentions, le parlement de Grenoble le dégage de toute responsabilité dans la défaite française en Espagne. La Mothe-Houdancourt se retire alors sur ses terres, et se range aux côtés des frondeurs.

En février 1649, ses régiments lui sont retirés. Mais rentré dans le rang, la vice-royauté de Catalogne lui est restituée, à la suite de la démission du duc de Mercœur (novembre 1651). En avril 1652, son duché de Cardone est érigé en pairie… avant de lui être ôté, les Espagnols ayant réussi à s’emparer de Barcelone. En compensation, sa terre de Fayel est à son tour érigée en duché-pairie (1653). Il se démet alors de la vice-royauté de Catalogne et regagne la cour du roi de France.

Du mariage de Philippe de La Mothe-Houdancourt, avec Louise de Prie, marquise de Toucy, naissent trois filles : Françoise Angélique de La Mothe-Houdancourt († 1711) épouse Louis Marie Victor d’Aumont de Rochebaron, duc d’Aumont ; Charlotte de La Mothe-Houdancourt (1654-1744), épouse, en 1671, le troisième duc de Ventadour, Louis-Charles de Lévis (1647-1717), gouverneur du Limousin ; Marie Isabelle Gabrielle Angélique de La Mothe-Houdancourt († 1726) épouse, en 1675, Henri François de Saint-Nectaire, marquis puis duc de La Ferté-Senneterre.

Voir Christophe Levantal, Ducs et pairs et duchés-pairies laïques à l’époque moderne (1519-1790), Paris, éditions Maisonneuve & Larose, 1996, p. 497-498.

Textes 542, 589, 590, 

1. Voir la lettre du maréchal de Châtillon à Abel Servien, du 19 avril 1635, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, L’œil et la plume de Richelieu : correspondance, année 1635, Paris, éditions L’Harmattan, 2020, p. 175-179. [↩]

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