Le maréchal de La Force à Richelieu, Saint-Avold, 6 mars 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 10, f^° 257-258. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 111-112.

Monseigneur,

Obéissant au commandement du Roi, je tâcherai de maintenir l’armée de Sa Majesté de deçà le plus de temps qu’il me sera possible. Mais je suis obligé de vous dire, Monseigneur, que M. le maréchal de Schomberg et moi y avons bien eu de la peine jusqu’ici, et pris tous les élargissements qu’il nous a été possible pour cet effet. Le mal va toujours croissant et parvenu à tel extrême qu’il sera très difficile à l’avenir d’y faire subsister l’armée, car s’il y a quelque logement, où il se trouve encore quelque chose, il y a vingt où il [ne] se trouve rien du tout.

Vous savez, Monseigneur, l’impatience du Français quand il a de l’incommodité et surtout demeurant oisif comme nous sommes. Il y a tantôt trois mois, je tâche de pourvoir à leurs plaintes, et de donner tout le contentement qu’il m’est possible aux chefs. Lorsque M. le maréchal de Schomberg sera de delà, il vous pourra témoigner ce qui en est.

Je vous supplie très humblement de croire que j’ai un si grand désir de me bien acquitter du service que je dois à Sa Majesté et qu’elle en ait contentement et vous, Monseigneur, qu’avec l’aide de Dieu vous connaîtrez que je n’y aurai épargné ni soin ni peine. Je suis infiniment aise de la demeure de M. du Noyer, duquel je puis être grandement assisté et qui pourra témoigner de l’état de toutes choses et de la conduite qui y aura été apportée. 

Vous me faites beaucoup d’honneur de me faire ressentir de la continuation de vos bienfaits dont je vous rends très humbles grâces. Je vous supplie honorer toujours de votre bienveillance celui qui est plus que personne du monde, Monseigneur, votre très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, 

Caumont La Force

Ce VI mars, au camp de Saint-Avaux [sic].

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