Christine (ou Chrétienne) de France (1606-1663) est la seconde fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, et la sœur cadette de Louis XIII. Un mariage avec le prince de Galles en 1614-1615 est d’abord envisagé pour renforcer les liens entre les couronnes de France et d’Angleterre, mais les négociations entamées par James Hay, comte de Carlisle, n’aboutissent pas. Christine de France épouse, en 1619, Victor-Amédée de Savoie (1587-1637), duc de Savoie et prince de Piémont,  fils du duc Charles-Emmanuel I^er de Savoie, auquel il succède à la fin du mois de juillet 1630, et de Catherine Michelle de Habsbourg (elle-même fille du roi d’Espagne Philippe II et d’Élisabeth de France). Les traités de Cherasco (6 avril et 19 juin 1630 puis 31 mars 1631) permettent un règlement provisoire des différends italiens opposant l’Espagne, l’Empire et la Savoie, la France conservant Pignerol, « porte » vers l’Italie.

Le 10 avril 1632, Louis XIII, de retour de la campagne de Lorraine, au cours de laquelle il impose le traité de Vic au duc Charles IV (6 janvier), adresse une lettre de courtoisie¹ à sa sœur : il est possible que celle-ci soit intervenue dans les négociations ouvertes par Mazarin pour obtenir un accord secret avec la Savoie, qui réserverait la vente définitive de Pignerol à la France. Le traité est signé à Turin, le 5 juillet. Le Mercure français publie alors, probablement à la demande de Richelieu, les lignes suivantes : « ainsi s’est dissipé ce grand orage qui semblait menacer toute la terre et faisait mine d’enlever à la France ses lys, à Mantoue ses forteresses, à l’Italie ses franchises, à la noblesse française sa gloire, à toute l’Europe sa liberté. Ainsi sont venus et sortis les Allemands et les Espagnols de l’Italie, avec plus de honte que de profit »².

Puis le 11 juillet 1635, alors que la France est entrée en guerre ouverte contre l’Espagne et a vaincu l’armée ennemie, emmenée par le prince Thomas de Savoie, frère du duc Victor-Amédée, à Avein, le traité de Rivoli officialise une alliance entre le roi de France, le duc de Savoie, son beau-frère, et le duc de Parme.

C’est dans ce contexte que Christine de France, veuve le 7 octobre 1637, endosse la régence du duché de Savoie, avec l’aide de son confesseur, le père Monod, de la Compagnie de Jésus, et de son confident, Philippe d’Agliè.

La duchesse de Savoie a eu sept enfants : Louis Amédée (1622-1628) ; Louise Christine (1629-1692) ; François Hyacinthe (1632-1638) ; Charles-Emmanuel (1634-1675) ; Marguerite Yolande (1635-1663) ; Henriette Adélaïde (1636-1676) et Catherine Béatrice (1636-1637). Elle doit immédiatement s’imposer face à ses beaux-frères, le prince de Carignan, Thomas de Savoie, et le cardinal Maurice de Savoie passés tous deux au service des Habsbourg. Or le 4 octobre 1638, le petit duc de Savoie, François Hyacinthe, décède accidentellement. Son frère cadet lui succède, sous le nom de Charles-Emmanuel II. Christine tente de gouverner au nom de son fils mais le cardinal Maurice et le prince Thomas revenu des Pays-Bas, s’allient à l’Espagne contre la Régente et contre les Français. En avril 1639, le prince de Carignan assiège Christine de France à Turin. En mai, Louis XIII envoie sur place le comte de Chavigny pour travailler à la réconciliation des protagonistes. Puis le 14 août, une suspension d’armes est signée grâce à l’intervention du cardinal de La Valette. L’année suivante, Mazarin est de retour en Savoie et négocie à son tour. 

Ainsi soutenue par Louis XIII, la duchesse de Savoie obtient gain de cause : le prince Thomas se rallie à sa cause et à la France, et obtient la lieutenance générale en Ivrée et en Aoste. Le cardinal Maurice, quant à lui, obtient la lieutenance générale du comté de Nice, abandonne l’état ecclésiastique et se voit proposer la main de sa nièce, Louise Christine, malgré leur proche parenté.

Charles-Emmanuel II de Savoie épouse, en 1663, Françoise Madeleine d’Orléans, fille du duc Gaston d’Orléans et de sa seconde épouse, née Marguerite de Lorraine. Marguerite Yolande convole en 1660 avec Ranuce (ou Ranuccio) II Farnèse, duc de Parme. Henriette Adélaïde, enfin, épouse en 1652 Ferdinand Marie de Bavière.

Voir Anna Blum, La diplomatie de la France en Italie du Nord au temps de Richelieu et de Mazarin, Paris, éditions Classique Garnier, 2014 ;

Giuliano Ferretti (dir.), Christine de France et son temps, numéro spécial de la revue XVII^e siècle, janvier-mars 2014 ;

Giuliano Ferretti, « La politique italienne de la France et le duché de Savoie au temps de Richelieu », dans Giuliano Ferretti (dir.), Christine de France et son temps, numéro spécial de la revue XVII^e siècle, janvier-mars 2014, p. 7-20 ;

Carlo Bitossi, « Guerre et Paix. La République de Gênes et le Duché de Savoie, 1625-1663 », dans Giuliano Ferretti (dir.), Christine de France et son temps, numéro spécial de la revue XVII^e siècle, janvier-mars 2014, p. 43-51 ;

Giuliano Ferretti (dir.), De Paris à Turin, Christine de France, duchesse de Savoie, Paris, éditions L’Harmattan, 2014 ;

Sven Externbrink, « L’Espagne, le duc de Savoie et les “Portes” : la politique italienne de Richelieu et de Louis XIII », dans Giuliano Ferretti (dir.), De Paris à Turin, Christine de France, duchesse de Savoie, Paris, éditions L’Harmattan, 2014, p. 15-33 ;

Sven Externbrink, « Conserver la souveraineté. Le duché et l’alliance française pendant la guerre de Trente Ans, 1635-1659 », dans Giuliano Ferretti (dir.), L’État, la cour et la ville. Le duché de Savoie au temps de Christine de France (1619-1663), Paris, Classiques Garnier, 2017, p. 145-166.

Textes 566, 567, 688, 

1. Voir le texte 566. [↩]
2. Cité par Joël Cornette, Les années cardinales : chronique de la France, 1599-1652, Paris, A. Colin-SEDES, 2000, p. 232. [↩]

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