Les trois ordres de la ville de Metz à Richelieu, 10 mars 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, supplément, vol. 7, f^° 287. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 118-120.

Monseigneur,

Les assurances qu’il vous a plu nous donner étant ici de l’honneur de votre bienveillance en la conservation de nos droits et privilèges nous font prendre la hardiesse, aujourd’hui qu’ils semblent être menacés d’un grand orage, de chercher notre abri sous la favorable protection que nous implorons de Votre Éminence, à laquelle, comme à un asile sûr, nous osons recourir, puisqu’elle fait gloire d’embrasser par sa grande bonté et équité les causes justes de ceux qui, dans leur faiblesse, la viennent rechercher, comme nous.

Monseigneur le garde des sceaux nous informa, à votre départ de Metz, que le Roi avait intenter d’établir ici une chambre souveraine pour les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun¹, sans qu’il nous ait fait aucune distinction de leurs ressorts d’avec celui de la ville de Metz et Pays Messin, qui a toujours été séparé de leurs droits et intérêts, comme si Sa Majesté voulait attribuer à cette chambre la connaissance des appellations dont le magistrats ordre de la ville juge souverainement sous l’autorité et protection de Sadite Majesté. Mais d’autant, Monseigneur, que cela ne pourrait être sans une entière subversion de nos libertés et privilèges, dont nos prédécesseurs ont joui paisiblement depuis plusieurs siècles, et qui nous ont été tant de fois et si solennellement confirmés, depuis que Metz a l’honneur d’être protégé de la France, par nombre infini de lettres patentes, réponses à nos cahiers et arrêts du Conseil, même par la propre bouche de Sa Majesté, nous espérons tous, si Votre Éminence daigne, suivant nos très humbles supplications, favoriser notre bon droit, et les justes remontrances dont nous avons chargé nos députés vers Sa Majesté, que le Roi ne nous fera point comprendre en ce nouvel établissement, ainsi plutôt que nous serons maintenus et conservés en nos anciens droits, usages et libertés, et que, comme il est jusqu’ici demeurés satisfait de notre affection, fidélité et obéissance, il voudra nous donner nouveau sujet et matière de redoubler notre zèle à son service, avec nos prières à Dieu pour sa santé et prospérité, et continuer de répandre de plus en plus nos vœux pour combler Votre Éminence de bonheur et de gloire immortelle, étant, Monseigneur, vos très humbles et très obéissants serviteurs,

les gens des trois ordres de la ville et cité de Metz.

[Suivent 18 signatures]

A Metz, ce X^ème mars 1632.

1. Le parlement de Metz voit le jour le 15 janvier 1633. [↩]

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