Jean de Nettancourt, seigneur puis comte de Vaubecourt, à Richelieu, [Verdun], 11 mars 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 70. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 120-121.

Monseigneur,

Vous aurez vu depuis six jours un témoignage de mon obéissance par l’envoi que j’ai fait des lettres de l’ordinaire de Bruxelles à Nancy. Vous en verrez par le paquet ci-joint la continuation. Il y a des lettres de M^me de Fargis et une de M. de Boulay écrit à M. de Bellegarde, qui font assez voir que si les Espagnols avaient autant de puissance que de mauvaise volonté, le Roi serait aux mains avec eux. Vous n’en devez pas moins croire de nos voisins, et vous assure, Monseigneur, qu’on a besoin de veiller leurs actions, car je suis certain qu’ils travaillent en Espagne pour faire voir que la nécessité les a forcés de s’accommoder avec le Roi et que leur volonté est toujours en même état qu’elle était auparavant.

Je n’ai ici que cinq compagnies des dix que le Roi avait ordonnées pour la garnison de la ville. Celles de la citadelle sont mauvaises. M. le comte de Charau [Louis de Béthune, comte de Charost] s’en est nommé aujourd’hui de bonne sorte. Mais les vieux régiments ne s’étonnent pas du bruit. Je fis attacher des passe-volants à l’estrapade et me suis résolu de tenir rigueur au capitaine. 

M. le maréchal de Schomberg arrive aujourd’hui. Je lui ferai voir comme le bastion d’Angoulême se va ruiner, si on ne le fait revêtir. Un des flans est tombé tout à fait. Il y a des deniers revenant bons pour y travailler. Le marché se fait aujourd’hui. Demain on commencera la besogne. Si on avait employé quarante mille écus à la fortification de la citadelle et que cela fut ménagé fidèlement, la place serait en état de soutenir l’assaut de quelque armée qui pourrait venir de toute la maison d’Autriche.

Assurez-vous de ma fidélité à votre service, puisque je suis, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

de Nettancourt Vaubecourt

Onzième mars

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