Bertrand d’Eschaux, archevêque de Tours, à Richelieu, 16 mars 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 76. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 123-124.

Monseigneur,

Si toutes les cautions du monde ne couraient en autres matières plus grande fortune que moi en celle que je vous ai cautionné à l’endroit de M. d’Hyron, grand-maître des eaux et forêts de France en la généralité de Guyenne, il n’y aurait pas personne d’interessé ni en peine. Le voyant passer par cette ville tout souple et avec un esprit de soumission, pour s’accommoder à vos volontés quant au prieuré de Vérines¹, que je vous conférai lorsque vous étiez à Metz, aussi l’ai-je assuré que vous lui conserveriez l’abbaye de la Selle [abbaye Saint-Hilaire de La Celle], qui est à Poitiers², que son fils avait permuté avec l’abbé d’icelle, ou que vous ne le troubleriez point en sondit prieuré, réduisant vos actions aux règles et aux lois d’une fort exacte justice.

Vous n’avez garde, Monseigneur, de le renvoyer que bien content, ce que vous ferez bien, Monseigneur, en retenant pour vous-même ledit prieuré et en conservant à sondit fils la pension qu’il a sur icelui et en le maintenant aussi en ladite abbaye de la Selle, où déjà il est logé avec toute sa famille.

Les affaires d’entre M de Boulogne et le sieur d’Olse seront bientôt en leur fin. Si vous jetez le moindre clin d’œil dessus pour les bien agréer, en quoi je prétends comprendre toute sorte de gratification, ainsi que faisait l’autre en disant qu’il désirait être traité royalement, il pensait avoir compris toute sorte de traitement favorable. Le ciel vous en fasse un semblable à la supplication de, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur, 

Bertrand d’Echaus [sic], archevêque de Tours

De Tours, ce 16 de mars 1632.

1. Le prieuré bénédictin Saint-Maixent de Verrines, détenu par Bertrand d’Eschaux depuis 1623, où il introduit la réforme de la congrégation de Saint-Maur en juillet 1634, et dont Richelieu devient en effet l’abbé après sa mort. Voir Denis de Sainte-Marthe, Gallia Christiana, Parisiis, ex typographia Regia, 1715-1865, en 16 volumes, au tome 2 col. 1263. [↩]
2. Sans doute par opposition à l’abbaye royale de Celles-sur-Belle [↩]

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