Antoine Coëffier de Ruzé (1581-1632), marquis d’Effiat et de Chilly, baron de Massy et de Longjumeau, est le fils de Gilbert Coëffier, chevalier, seigneur d’Effiat, de La Bussière et de Chezelles, lieutenant pour le Roi au gouvernement de Basse-Auvergne, et de Charlotte Gaultier. Il est aussi l’un des plus fidèles serviteurs de Richelieu et doit autant sa carrière à d’habiles choix politiques, évitant de se compromettre dans les cabales de Cour, qu’à l’influence de son grand-oncle, Martin de Ruzé († 1613), seigneur de Beaulieu, Chilly et Longjumeau, secrétaire d’État de 1588 à 1613, qui en fait son héritier à condition de prendre son nom et ses armes.
Grand-maître, surintendant et général réformateur des mines et minières en 1613, sur la démission de Monsieur de Beaulieu, premier écuyer de la grande écurie par lettres du 7 août 1616, capitaine de chevau-légers en 1617, il exerce les fonctions d’ambassadeur de France à Bruxelles pendant quelques semaines en 1619 et est envoyé en ambassade extraordinaire en Angleterre, en 1624, en compagnie de Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, pour négocier le mariage d’Henriette-Marie de France, sœur de Louis XIII, avec le prince de Galles, futur roi Charles Ier.
Ce dernier lui permet d’obtenir l’ordre du Saint-Esprit en 1625.
En 1626, il est pourvu de la prestigieuse charge de surintendant des finances, qu’il assume avec courage et dévouement, alors que la gestion des finances royales est rendue plus difficile par le coût des campagnes militaires contre les protestants et de la guerre en Italie. La même année, il est l’un des fondateurs de la Compagnie des îles de l’Amérique, puis de la Compagnie de La Nouvelle-France en 1627.
Conseiller d’honneur au parlement de Paris le 24 mars 1627, il exerce encore par commission, la charge de grand-maître de l’artillerie.
En 1630, sa fille, Marie de Ruzé, épouse un parent de Richelieu, Charles de La Porte, marquis de La Meilleraye. L’union confirme les liens qui existent déjà entre les deux hommes, et qui ne se démentent jamais. L’influence du marquis d’Effiat ne fait que croître après la journée des Dupes. Il reçoit d’ailleurs pour prix de son engagement aux côtés du cardinal de prestigieux gouvernements : en Anjou, Bourbonnais et Auvergne, dont il est originaire. Administrateur consciencieux, il se révèle aussi homme de guerre de grande valeur.
En juillet 1630, il est envoyé en Piémont comme lieutenant général, en compagnie du maréchal de La Force. Il prend part à la bataille de Veillane (Avigliana), à celles de Carignan et de Saluces, et aux négociations avec Mazarin qui aboutissent à la signature du traité de Cherasco. Le marquis d’Effiat est récompensé de ses services par le bâton de maréchal de France le 1er janvier 1631.
En mai 1632, c’est lui qui conduit en Alsace, toujours avec le maréchal de La Force, l’armée de Louis XIII chargée de protéger l’électeur de Trèves contre les incursions à la fois des Suédois et des Impériaux. Il a alors le grade de lieutenant général des armées du Roi en Allemagne « avec également la qualité d’ambassadeur extraordinaire »1.
Atteint de « fièvre double tierce »2, qui paraît, selon le tableau qu’on donne François Sublet de Noyers, la rougeole ou la rubéole3, il décède prématurément le 27 juillet, en Alsace : le capitaine Pradines a fait un récit des circonstances qui conduisent à sa mort4.
De son mariage avec Marie de Fourcy, le maréchal d’Effiat a trois fils et deux filles : Martin Coëffier de Ruzé, marquis d’Effiat, baptisé le 24 juin 1612, lieutenant pour le Roi en Basse-Auvergne, qui épouse, en 1637, Isabelle d’Escoubleau, fille du marquis de Sourdis, et décède fou, à un âge encore assez jeune ; Henri Coëffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars, né en 1620 et exécuté en 1642 pour conspiration ; Jean Coëffier de Ruzé d’Effiat (1622-1698), destiné à l’état ecclésiastique, abbé de Saint-Sernin à Toulouse et de Trois-Fontaines, prieur de Saint-Éloi de Longjumeau ; Marie Coëffier de Ruzé d’Effiat, évoquée plus haut, baptisée le 23 février 1614, qui a d’abord épousé Gaspard d’Alègre, seigneur de Beauvoir, dont elle est séparée lorsqu’elle épouse Charles de La Porte de La Meilleraye ; Charlotte-Marie Coëffier de Ruzé d’Effiat, religieuse, fondatrice du monastère de la Croix, au faubourg Saint-Antoine, à Paris, décédée le 15 août 1692 à 78 ans.
Voir aussi Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 24, 98, 206, 221-222 ;
A. Adam (éd.), Tallemant des Réaux : Historiettes, Paris, Gallimard, 1960, 2 volumes, coll. Bibliothèque de la Pléiade, t. II, p. 1047 ; père Anselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France…, troisième édition, tome huitième, Paris, par la Compagnie des libraires associés, 1733, p. 492 et p. 494.
Textes 36, 46, 61, 110, 113, 117, 121, 122, 126, 129, 130, 131, 133, 139, 148, 154, 155, 156, 159, 162, 164, 165, 182, 186, 187, 191, 196, 202, 220, 275, 287, 313, 320, 324, 334, 392, 465, 466, 527, 528, 538, 547, 581, 596, 624, 673, 706, 738, 756, 758, 759, 761, 767, 770, 772, 777, 780, 790, 805, 807, 808, 809, 811, 812, 815, 828, 830, 834, 844, 856, 877, 885, 888, 897, 907, 910, 911, 913, 915, 917, 918, 921, 926, 927, 933, 934, 938, 941, 942,
- Madeleine Haehl, Les Affaires étrangères au temps de Richelieu : le secrétariat d’État, les agents diplomatiques (1624-1642), Bruxelles, Bern, Berlin…, P.I.E. Peter Lang, 2006, p. 258. [↩]
- Voir le courrier que le capitaine Pradines adresse à Richelieu, de La Petite-Pierre, le 24 juillet 1632, translation publiée en ligne, texte 913. [↩]
- Voir François Sublet de Noyers à Richelieu, de La Petite-Pierre, le 26 juillet 1632, translation à venir en ligne, texte 915. [↩]
- Voir le courrier que le capitaine Pradines adresse à Richelieu, de La Petite-Pierre, le 24 juillet 1632, translation publiée en ligne, texte 913. [↩]
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (4 avril 2022). Coëffier de Ruzé (Antoine, marquis d’Effiat). Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 21 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tpkb