Le marquis de Saint-Chamond à Richelieu, Corbie, 17 mars 1632.
Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 1675, f° 190-191. Original autographe. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 125.
Monseigneur,
Tous les gouverneurs des places où j’ai passé, sachant que j’y allais de la part du Roi, et que vous me faites l’honneur de me tenir pour votre serviteur, m’ont très bien reçu dans leurs gouvernements, hors M. le vicomte d’Auchy, qui m’a voulu faire quitter les armes à l’entrée de Saint-Quentin, ne m’a point vu, et voulait m’empêcher d’y exécuter une commission, déclarant hautement que ce n’était pas à ma personne, mais bien à mon emploi à qui il en voulait. Il a ensuite sollicité plusieurs autres gouverneurs d’en faire de même, et celui de cette ville particulièrement1, afin qu’il ne me restât aucun lieu pour demeurer dans cette province et y servir le Roi. Le lieutenant de M. de Blérancourt, dans Péronne, m’a aussi disputé le mot.
Ce gentilhomme vous dira, Monseigneur, avec quelle retenue j’ai usé envers l’un et l’autre pour n’altérer en rien le repos public et ne faire éclater dans les Pays-Bas aucune division parmi ceux qui servent Sa Majesté, mais je vous supplie très humblement de considérer que, comme l’emploi qu’il vous a plu me donner en ce pays y apporte de la jalousie à beaucoup de gens, aussi ai-je besoin d’être puissamment protégé pour le rendre utile. Pour moi, Monseigneur, je n’ai ni ne veux jamais avoir de volonté que la vôtre, et suis prêt à y continuer ma demeure où à m’en retourner selon qu’il vous plaira de m’ordonner, et, pourvu que je sois en lieu où je vous puisse servir, je serai heureux.
J’ai reçu quelques avis de Flandres, que j’ai jugés dignes de vous être mandés. J’ai toujours des gens en ce pays-là pour m’avertir de ce qui s’y passe, et ne manquerai non plus de vigilance à ce qui regarde le service du Roi que d’obéissance à vos commandements, vous protestant d’être toute ma vie sans exception, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur,
À Corbie, le 17° mars 1632.
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Marie-Catherine Vignal Souleyreau (31 janvier 2023). Texte 582, année 1632, 17 mars, Saint-Chamond à Richelieu. Correspondance et papiers d'État du cardinal de Richelieu. Consulté le 14 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/tqf4