Charles de Harlay-Champvallon à Richelieu, Paris, 17 mars 1632.

Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Mémoires & Documents France, vol. 804, f^° 77-78. Le texte original a été publié dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau (éd.), La correspondance du cardinal de Richelieu : au faîte du pouvoir, l’année 1632, Paris, éditions L’Harmattan, 2007, p. 125-126.

Monseigneur,

Il ne se peut rien ajouter à la lettre que vous écrivez à M. de La Force pour les délogements de la Lorraine. Aussi Votre Éminence ne fait-elle jamais les choses à demi. Je m’assure qu’à l’avenir M. de Lorraine en sentira des effets dans le soulagement de son peuple.

Je m’étonne de la défense que l’on dit avoir été faite de délivrer des vivres à l’armée du Roi, et même les blés dont avait fait marché. C’est assez que je sache la chose, que j’apprenne les intentions de Sa Majesté, et que je reçoive l’honneur de vos commandements. J’y obéirai ponctuellement et en écrirai comme je suis obligé avec protestation à Votre Éminence que jusqu’ici je n’en ai eu aucun avis de delà. Je sais bien, Monseigneur, qu’avant mon partement¹ de Nancy, l’on se plaignait déjà que le pays était menacé de famine, et que dans une si petite étendue, il ne pouvait suffire tout ensemble à fournir l’armée du Roi et à sustenter les habitants, et de ce que Messieurs les lieutenants généraux de l’armée de Sa Majesté faisaient des défenses dans la Lorraine propre de sortir les blés des villages et bourgades, et les faisaient afficher et publier au lieu que Son Altesse estimait, qu’étant le souverain, la bienséance voulait que l’on s’adressât à lui, qui n’eut pas refuser de faire les mêmes ordonnances et d’appuyer de son autorité ce que ces messieurs-là eussent désiré pour le service du Roi.

Ce n’est pas, Monseigneur, que je cherche d’appuyer par raison les choses que Votre Éminence aura improuvées, mais je pêcherais contre mon devoir si je vous celais rien de ce qui est venu à ma connaissance. Je vous supplie très humblement de le croire, et que personne du monde ne me devancera jamais en affection et fidélité ni au service du Roi, ni au vôtre particulier, et que je veux vivre et mourir, Monseigneur, votre très humble et très obéissant et très fidèle serviteur, 

Chanvallon [sic]

De Paris, ce 17 mars 1632.

1. Départ. [↩]

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