Nicolas Vignier († 1651), seigneur de Saint-Liébaut, baron des Riceys, et de Juilly, comte de La Chapelle-Gauthier (ou Gautier), est le fils aîné de Jacques II Vignier († 1632), baron de Juilly (ou Jully), de Villemaur (ou Villemor), de Saint-Liébaut et des Riceys. Il est le frère de Claude Vignier, marquis de Mirebeau, baron de Villemaur, Saint-Liébaut, Tanlay et Barbezieux, conseiller au parlement de Bourgogne, puis président à mortier au parlement de Metz au mois de septembre 1633, intendant en Champagne.

Nicolas Vignier est d’abord conseiller au Grand Conseil, par lettres de provisions en date de février 1623. En 1633, Jean de Rechignevoisin, seigneur de Guron, envisage de lui céder sa charge d’introducteur des ambassadeurs, avant qu’elle ne soit attribuée en 1634 à Anne de Brûlon¹.

Nicolas Vignier devient maître des requêtes en mai 1635, puis conseiller d’État ordinaire le 1^er janvier 1636. À la même époque, alors que Louis Chantereau Lefebvre devient intendant de justice, police et finances en Lorraine et Barrois, Louis XIII gratifie Anne Mangot de Villarceaux, intendant de justice, police et finances dans les Trois-Évêchés, de l’office de président au conseil souverain de Nancy (septembre 1635). En 1639, Nicolas Vignier accompagne le chancelier Pierre Séguier, « qui est le patron des Vignier » » à Rouen pour y rétablir l’ordre, et le bureau des gabelles². Anne Mangot de Villarceaux résignant sa charge d’intendant le 4 décembre 1640, il est remplacé par Nicolas Vignier, avec un ressort étendu à la Lorraine et au Barrois, et avec des compétences envisagées, par Richelieu, comme celles d’intendant d’armées tendant vers celles d’intendant de province.

La commission accordée à Nicolas Vignier est élaborée en décembre 1640, par Richelieu lui-même. Il en subsiste le projet (minute), de la main de Pierre Cherré, secrétaire du cardinal-ministre, conservée au Service Historique de la Défense, série A¹, volume 62, pièce 258³. Le document est de lecture particulièrement difficile, mais on y remarque, au premier folio, que la mention « intendant de justice, police et finances et vivres en nos provinces de Lorraine et Barrois, et évêchés de Metz, Toul et Verdun » a été corrigée par la mention « intendant… en nos armées… ».

C’est à la même époque que Charles de Machault devient le premier intendant de la province de Bourgogne et de Bresse⁴. 

Les termes du serment de fidélité à Louis XIII que Nicolas Vignier fait prêter aux habitants de Bar-le-Duc, le 21 août 1641, en prenant ses fonctions d’intendant à Bar sont, par ailleurs, conservés au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 32, f° 303-304⁵. Ils constituent aussi, dans leurs premières lignes, si ce n’est un serment formel, pour le moins un témoignage nécessaire de la fidélité de l’intendant aux intérêts du roi de France en territoire frontière dont la souveraineté est disputée.

La commission d’intendant dévolue à Nicolas Vignier, d’une durée de trois ans, à l’instar de celle de Charles de Machault, est renouvelée jusqu’au mois de décembre 1646, même si le récipiendaire, en désaccord avec les gouverneurs militaires, reçoit son congé dès le début de l’année 1646. En 1642, le différend opposant Nicolas Vignier au baron de Chamblay est arbitré par un autre intendant, Nicolas Rigault. Un plaidoyer que Nicolas Vignier adresse alors à Richelieu décrit l’esprit dans lequel les intendants exercent leurs fonctions en Lorraine, en même temps que les difficultés auxquelles l’autorité judiciaire dont ils sont récipiendaires doit faire face⁶.

Selon Michel Popoff, Nicolas Vignier aurait épousé, le 5 octobre1634, Anne de Flesselles (ou Flécelles), qui avait contracté une première union, en 1624, avec un conseiller au parlement de Paris, Michel Larcher, marquis d’Esternay, avant que l’union ne soit dissoute en 1630 « pour cause impuissance »⁷. Louis-Pierre d’Hozier indique quant à lui un mariage d’Anne de Flécelles et de Nicolas Vignier le 30 septembre 1624⁸. Tous deux sont les commanditaires, en 1636, d’un tableau intitulé L’Adoration des Mages, attribué à Jean Senelle en 1997, pour la paroisse de La Chapelle-Vauthier, aujourd’hui conservé en la cathédrale de Meaux.

Voir aussi Roland Mousnier (éd.), Lettres et mémoires adressés au chancelier Séguier (1633-1649), Paris, Presses Universitaires de France, 1964, 2 volumes, t. 1, p. 135 et suivantes. 

Texte 585,

1. Voir Jean de Rechignevoisin, seigneur de Guron, à Léon Bouthillier, 9 décembre 1633, dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 674. [↩]
2. Yannick Nexon, Le chancelier Séguier (1588-1672) : ministre, dévot et mécène au Grand Siècle. Ceyzérieu : Champ Vallon, 2015, p. 89 et p. 153. [↩]
3. Le texte nous en a été communiqué par Quentin Muller, qu’il en soit ici remercié. [↩]
4. Les lettres de cachet annonçant sa nomination au parlement de Dijon portent la date du 22 mars 1635, et indique l’entrée en fonction d’un «  intendant de justice, police et finances en Bourgogne et Bresse (…) pour demeurer en cette qualité proche la personne de Monseigneur le Prince », cité par Heide Gronau-Chemillet, « Le parlement de Bourgogne et l’intendant sous les ministères de Richelieu et de Mazarin : du clientélisme Condéen vers la fidélité au roi », dans Jacques Poumarède et Jack Thomas (dir.), Les Parlements de province : pouvoirs, justice et société au XVII^e siècle, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, 1996, p. 443-452, voir p. 443. Il s’agit sans doute alors, autant de faire part à la clientèle du prince de Condé, gouverneur de Bourgogne, que de mettre en place les conditions nécessaires aux bonnes relations entre pouvoir judiciaire et pouvoir militaire. [↩]
5. Voir texte 584. [↩]
6. Voir Marie-Catherine Vignal Souleyreau, « Nicolas Rigault, figure du pouvoir royal à Metz et dans les Trois-Évêchés au début du XVII^ème siècle », dans Catherine Bourdieu-Weiss  – dir.-, Les pouvoirs et leurs représentations dans les Trois-Évêchés [actes de la 9^e journée d’études du groupe de recherche les Trois-Évêchés organisée le 8 juin 2019, par le Centre de Recherche Universitaire Lorrain d’Histoire – Université de Lorraine], Metz, Publications historiques de l’Est / CRULH / Université de Lorraine, 2021, p. 37-58. [↩]
7. Michel Popoff (pub.), Prosopographie des gens du parlement de Paris (1266-1753) : d’après les ms. Fr. 7553, 7554, 7555, 7555 bis conservés au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, Paris, le Léopard d’Or, 2003, 2 volumes, t. 1, p. 560 et t. 2 p. 694. [↩]
8. Louis-Pierre d’Hozier, Armorial général ou registre de la noblesse de France, registre cinquième, Paris, imprimerie de Prault, 1764, famille Flécelles p. 4. [↩]

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