Jean V d’Aussy, seigneur de Passavant (Passavant-La Rochère) et de Chamoi, dit « le sieur Descoutures » (ou « des Coutures »), est le fils cadet de François d’Aussy, seigneur de la terre des Coutures, capitaine des gardes de Catherine de Bourbon, et de Marie de La Taille, et appartient à une lignée protestante originaire d’Orléanais. Il est aussi le frère cadet de Jacques d’Aussy († août 1631), seigneur des Coutures et de Blancheface, gentilhomme ordinaire d’Henri de Bourbon, prince de Condé, commandant, sous l’autorité de celui-ci, la garnison de Saint-Jean-de-Losne. La fratrie compte en outre Charles d’Aussy, seigneur des Coutures, qui épouse Esther d’Hanus¹.

Jean V d’Aussy est pourvu de la charge d’écuyer de la grande écurie du Roi en 1619, avant d’être fait Grand écuyer de France. Il exerce les fonctions d’aide de camp des armées du Roi en 1624, puis de lieutenant d’artillerie dans les Trois-Évêchés (1628). 

Parallèlement, résidant à Badonviller, il se met au service du rhingrave Frédéric I^er, puis de son fils, Philippe-Othon (1575-1634), en qualité de gouverneur du comté de Salm.

En octobre 1629, il représente Louis XIII en Allemagne auprès des princes protestants, et entre autres, du prince Philippe-Othon de Salm, du margrave Frédéric V de Bade-Durlach, et du comte Guillaume-Louis de Nassau-Sarrebruck, pour tenter de les persuader de se rapprocher du roi de France et de se détacher des intérêts de l’Empereur. Philippe-Othon de Salm se convertit néanmoins au catholicisme et accède à la dignité de prince d’Empire en 1623.

En 1632, Jean V d’Aussy est chargé de négociations avec les Suédois, en Lorraine, et obtient en avril 1633 des lettres de naturalité pour ses enfants, baptisés au temple protestant de Badonviller. Au mois d’août suivant, le marquis de Saint-Chamond le dépêche auprès des rhingraves pour s’opposer à leur intercession dans les négociations ouvertes par le duc Charles IV de Lorraine avec les Suédois².

En janvier 1634, Jean V d’Aussy est contraint de quitter brusquement le Palatinat³. Le 28 juin 1634, des lettres de surannation complètent les lettres de naturalité accordées par le roi de France aux enfants de Jean V d’Aussy.

Gouverneur de Monthureux-sur-Saône au mois de février 1635, il accède au grade de sergent de bataille des camps et armée du Roi par brevet du  15 avril, il est grièvement blessé peu de temps après, lors de la bataille de Mélisey⁴. En mai 1636, le « sieur Descoutures » participe au siège de Dôle au sein de l’armée du prince de Condé. Au mois de novembre suivant, il est envoyé, à la tête de six compagnies du régiment de Conti, par le même Condé, secourir la place de Saint-Jean-de-Losne assiégée par les troupes ennemies, et permet leur départ⁵.

Le 1^er janvier 1637, à la suite au décès d’Henri de Batilly, Jean V des Coutures devient colonel du régiment de chevaux légers du défunt et accède au grade de maréchal de bataille. Son fils, Jean VI, accède quant à lui aux fonctions de lieutenant-colonel au même régiment. Il est ainsi placé à la tête d’un régiment de mille chevau-légers, formant dix compagnies.

Il est à noter qu’en juillet 1638, Richelieu fait part au cardinal de La Valette de sa satisfaction de la venue, à la cour, du « sieur d’Aussy »⁶. La mention laisse planer un doute sur l’identité du personnage, car la mention du « sieur Descoutures » est par ailleurs systématique.

Jean V d’Aussy contribue à la défaite des armées lorraines à Poligny au mois d’août 1638. La même année, il est envoyé en mission diplomatique auprès des princes allemands. En 1641, Richelieu le dépêche à Ratisbonne, en compagnie de Stella de Morimont⁷. Le duc Charles de Lorraine le charge aussi de présenter à la diète de Ratisbonne les termes du traité de Saint-Germain, signé le 29 mars 1641, et d’assurer les princes allemands que l’accord est intervenu sans contrainte⁸. 

Jean V d’Aussy a épousé, en 1601, à Badonviller, Anne Jacob dite de Bruneau († 3 août 1641). De leur mariage sont issus : Anne, née en avril 1606 ; Jean VI , né en octobre 1607 ; Marguerite, née en février 1611, qui épouse, le 1^er février 1634, Henri Le Bey de Batilly⁹, puis convole en secondes noces avec Guillaume de Tolosany, seigneur de La Cassaigne ; Charles, né en septembre 1612 ; Marie, née en février 1614, qui épouse en premières noces  Jacques Guéribalde, seigneur de Boisgarnier, puis convole en secondes noces, le 23 février 1636, à Metz, avec Pierre de Vivans, seigneur de Noaillac ; Philippine, en janvier 1615 ; Jacob en juillet 1616 ; Anne, née en juillet 1617, qui épouse Jacques de Guéribalde, seigneur de Bondaroy, près de Pithiviers ; et Samuel, né en mai 1620¹⁰. 

Il peut être difficile de distinguer Jean V et Jean VI d’Aussy de leur homonyme (neveu et cousin germain), fils cadet de Jacques I^er d’Aussy, chargé de lever, par commission en date du 27 janvier 1628, cent hommes en pays de Bassigny pour servir au siège de La Rochelle, alors que Jacques II d’Aussy, son frère aîné, reçoit une commission pour lever une compagnie de cent hommes d’armes le 15 janvier 1629. De même le frère cadet de Jean V d’Aussy, Charles, écuyer, porte-t-il le titre de seigneur des Coutures¹¹.

Textes 120, 588, 589, 590, 591, 592, 713, 715, 738, 

1. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, 3^e édition, tome deuxième, Paris, chez Schlesinger frères, 1863, col. 61-63. [↩]
2. Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Richelieu à la conquête de la Lorraine. Correspondance : 1633, Paris, éditions L’Harmattan, 2010, p. 402. [↩]
3. Lettre de M. de Guron au maréchal de La Force le 18 janvier1634, dans marquis deLa Grange – éd. -, Mémoires authentiques de Jacques Nompar de Caumont, duc de La Force, et de ses deux fils, les marquis de Montpouillan et de Castelnau…, Paris, Charpentier, 1843, 4 volumes, vol. III, p. 392 ; lettre du vicomte d’Arpajon à Richelieu, de Saint-Avold, le 22 janvier 1634, conservée au MAE, coll. MD France, vol. 811, f° 244 , publiée dans Marie-Catherine Vignal Souleyreau – éd. -, Le trésor pillé du Roi : correspondance du cardinal de Richelieu, année 1634, Paris, éditions L’Harmattan, 2013, 2 volumes, tome 1, p. 215. [↩]
4. Voir le récit de la bataille de Mélisey, par le maréchal de La Force, 25 mai 1635, texte 713. [↩]
5. Le prince de Condé à Richelieu, 6 novembre 1636, original conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Lorraine, volume 29, fol. 545-546 ; mémoire relatant la bataille de Saint-Jean-de-Losne, 1626, sans quantième précis, original conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance politique Allemagne, vol. 14, f° 198-203. [↩]
6. Richelieu au cardinal de La Valette, 7 juillet 1638, dans Denis-Louis-Martial Avenel – éd. -, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, Paris, Imprimerie Nationale, 1853-1877, en 8 volumes, Collection des documents inédits de l’histoire de France, t. VI, p. 57. [↩]
7. Instructions de Richelieu au comte de Chavigny, résumée par Denis-Louis Martial Avenel, dans Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, ouvrage cité, t. VII, p. 283. [↩]
8. « Instruction destinée aux plénipotentiaires du roi de France dépêchés au congrès de Münster », Paris, 30 septembre 1643, minute publiée dans les Acta pacis Westphalicae. Série I : Instruktionen. Band I : Frankreich, Schweden, Kaiser, F. Dickmann, K. Goronzy ; E. Schieche, H. Wagner et E. M. Wermter  – éd. -, Münster, Aschendorffsche Verlagsbuchhandlund, 1962, p. 58 et suivantes, coll. dirigée par Max Braubah et Konrad Repgen. [↩]
9. Fils aîné de Denis Le Bey de Batilly, lieutenant de Jacques Viart, président royal de Metz, Henri Le Bay de Batilly crée un régiment étranger de chevaux légers, le régiment de Batilly, et confie à son beau-frère, Jean VI d’Aussy des Coutures, devenu capitaine, une des cinq compagnies du régiment. Le régiment de Batilly infanterie est quant à lui commandé par son frère Antoine Le Bey de Batilly, et levé le 16 février 1635 avec huit compagnies. [↩]
10. Voir le registre des baptêmes du temple de Badonviller disponible en ligne au lien suivant http://badonpierre.free.fr/cd/cddef.htm  [↩]
11. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse…, Paris, chez Schlesinger frères, col. 62-63. [↩]

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