Le colonel Josias de Rantzau (v. 1610-1650) appartient à la maison des comtes de Rantzau, originaire du Holstein, en Allemagne. Il embrasse très jeune la carrière des armes et se met d’abord au service de la Suède. Il s’illustre aussitôt par sa bravoure. Sa participation déterminante à la bataille de Pfaffenhofen témoigne de sa valeur et de son sens stratégique¹.

En 1635, il arrive à la cour de France parmi la suite du chancelier Oxenstern. Cultivé et polyglotte, il se laisse convaincre de passer au service du Roi très chrétien. Louis XIII le nomme alors maréchal de camp et colonel de deux régiments. Rantzau rejoint ensuite en Bourgogne l’armée destinée à envahir la Franche-Comté.

Au tout début de l’année 1636, il sert dans les rangs de l’armée du cardinal de La Valette, chargée de ravitailler les places de Sélestat et de Colmar, menacées par les troupes de Matthias Gallas. Pour assurer la réussite de l’opération, le prélat lui confie la mission d’attaquer les Impériaux stationnés à Benfeld, tandis que Monsieur de Manicamp doit attaquer la place de Guémar, dont il s’empare, Monsieur d’Hocquincourt attaquer celle d’Aubure². Durant le siège de Dole, au printemps, un coup de mousquet lui enlève un œil. Malgré la blessure, il assure la retraite des Français poursuivis par les Impériaux. Il défend ensuite Saint-Jean-de-Losne contre Gallas, qu’il contraint à lever le siège.

Au cours des mois suivants, il participe aux campagnes de Flandre et d’Allemagne, sous les ordres du duc d’Orléans et du duc d’Enghien. En 1640, il perd une jambe au siège d’Arras et est gravement blessé à la main. L’année suivante, il prend part à l’attaque d’Aire. Mais en 1642, Rantzau est capturé à Honnecourt. Libéré, il se rend en Bade-Wurtemberg, où il perd la bataille de Tuttlingen face au duc de Lorraine, au colonel Mercy et à Jean de Werth.

En 1645, il assiège Gravelines dont il est nommé gouverneur. La même année, il est fait maréchal de France, en échange de sa conversion au catholicisme. Pourvu du gouvernement de Dunkerque en 1646, il achève la conquête des villes maritimes de la Flandre.

Cependant, devenu suspect aux yeux de Mazarin en raison de ses contacts avec les Frondeurs, il est arrêté et emprisonné pendant près d’une année. Innocenté, il est relâché et retrouve ses charges. Mais, malade, le maréchal de Rantzau décède en 1650. Il était si mutilé que son épitaphe porte en dernière ligne : « Mars ne lui laissa rien d’autre que le cœur ».

Textes 589, 590, 678, 798, 

1. La bataille se déroule le 10 août 1633. Un plan en est conservé au Ministère des Affaires Étrangères, archives diplomatiques, centre de La Courneuve, coll. Correspondance Politique Lorraine, vol. 13, f° 258. Voir aussi Jean-Charles Fulaine, Le duc Charles IV de Lorraine et son armée, Metz, Éditions Serpenoise, 1997, p. 82-88. [↩]
2. Mémoire du cardinal de La Valette destiné au comte de Chavigny, de Sélestat, le 4 février 1636, translation publiée en ligne, texte 678. [↩]

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